Culture TARIK AÏT MENGUELLET, ÉCRIVAIN, MUSICIEN ET INTERPRÈTE

“Il est important de tenir à ses racines”

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Farid BELGACEM Publié 04 Décembre 2021 à 18:53

© D. R.
© D. R.

Original est l’album que vient d’éditer Tarik Aït Menguellet. Chansons à texte, terminologie et musique très recherchée, l’interprète et musicien est allé piocher des sujets captivants les uns que les autres pour offrir un vrai plaisir pour un public assoiffé de thèmes engagés en cette période de vaches maigres où rares sont ceux qui s’aventurent à éditer un album. Dans cet entretien, le digne fils de Lounis Aït Menguellet revient sur cet album intitulé Tutlayin (les langues), les thématiques abordées, notamment le combat de la femme, mais aussi ses projets tant dans la chanson que dans l’écriture.

Liberté : Vous venez d’éditer un nouvel album intitulé Tutlayin (les langues) dans lequel vous avez développé des thématiques d’actualité. Pourriez-vous nous dire un peu plus ?
Tarik Aït Menguellet : Je ne sais pas si les thèmes sont d’actualité ou s’ils ont toujours été d’actualité. Que ce soient la langue maternelle, les problèmes conjugaux, les soucis spirituels, l’exil, ils ne quittent jamais notre esprit. J’ai essayé de traiter de divers sujets, je ne sais s’ils sont originaux, mais du moins, j’ai tenté de nouvelles approches. Il y a des sujets que beaucoup considèrent comme tabous, comme le divorce, les violences conjugales ou l’appartenance ou non à une religion, et qu’il faut mettre en lumière pour mieux les appréhender.

La quête de l’identité, les langues maternelles et les relations sociétales occupent une bonne partie de votre album. Quel est le message phare que vous voudriez véhiculer ?
En deux mots, le principal message que j’ai voulu transmettre à travers tout cela est l’importance de tenir à ses racines. Il appartient à tous de voyager, vivre ailleurs, adopter d’autres langues et cultures, mais rien ne nous empêche de garder notre identité, c’est ce qui nous rend intéressant. D’autant plus que notre langue maternelle est malmenée, à l’école comme ailleurs.

Néanmoins, peut-être que tout n’est pas bon à prendre dans ce que nous considérons comme traditions. Nous sommes dotés d’un cerveau pour réfléchir et nous faire notre propre opinion surtout. La place de la femme dans la société, par exemple, a évolué, et cela pas grâce à nous (je veux dire nous les hommes) mais grâce à des femmes de caractère qui ont su égratigner un machisme plusieurs fois millénaire. 

Vous avez intégré une voix féminine qui nous rappelle celle de la diva de la chanson kabyle Nouara. Est-ce la thématique qui l’imposait ou un choix délibéré de votre part ?
C’est ma femme qui chante avec moi et je vous remercie de la comparaison avec la diva Nouara. En général, les thèmes viennent d’eux mêmes et s’imposent en s’imprégnant de l’air du temps. Ce n’est donc pas un choix, mais une nécessité de traiter de tels sujets. Et lorsque cela requiert un duo, ça n’en est que plus plaisant, à l’écriture et à l’interprétation.

Vous avez évolué dans un milieu propice à la créativité et à l’innovation. Vous arrive-t-il de solliciter le talent de votre père Lounis ?
Sans doute le milieu a joué un rôle en ce qui me concerne, mais ça n’est pas une règle établie. Ceci dit, l’environnement familial m’a aidé à aimer l’art en général, et la musique en particulier. Partant de là, rien ne laisse sous-entendre qu’on devienne forcément créateur plutôt que simple consommateur et critique. Ce qui m’a amené tardivement à écrire des chansons est parti d’un déclic que je ne m’explique toujours pas, mais c’est un exercice que j’affectionne. Mais pour répondre à votre question, ça n’est qu’après avoir terminé l’écriture de mes chansons que je sollicite les oreilles “compatissantes” du cercle familial et celui de mes amis pour une première écoute et avoir un avis sincère, quitte à leur écorcher les tympans.

La chanson à texte est menacée par les reprises intempestives, alors qu’il existe de grands paroliers. Comment analysez-vous ce “fléau artistique” qui se généralise ?
En fait, la réponse est dans votre question. Il y a tant d’excellents paroliers autour de nous que je me suis toujours demandé pourquoi ils ne sont pas sollicités. 
À la place, beaucoup préfèrent nous pondre des choses souvent inécoutables, et je ne parle pas des compositions et de l’interprétation ! Encore faut-il avoir des personnes assez honnêtes autour de soi pour nous avertir lorsque nous sommes dans l’erreur de nous prendre pour des génies de l’écriture et de la composition. Ceci dit, reprendre des chansons de grands artistes sur scène est une bénédiction. En faire des reprises pour tout un album, des remakes frauduleux, est le plus souvent une malédiction.

Vous alternez excellemment entre la musique et l’écriture. Des projets en vue ?
Côté musique, j’espère ne pas trop tarder avant le prochain album puisque des chansons sont déjà en route. Côté écriture, j’ai déjà publié un premier roman, mais cela prend énormément de temps et j’essaie, avec plus ou moins de bonheur, à grappiller du temps entre le travail, la famille etc... pour écrire. J’ai deux projets en chantier, un roman et un recueil de chroniques, qui vont bientôt prendre forme.
 

Entretien réalisé par  Farid BELGACEM

 

 

 

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