
Redevable, depuis toujours, à sa ville natale et passionné par son histoire, l’auteur a bousculé les codes pour révéler de la plus belle manière les richesses historiques et civilisationnelles de la capitale des Hammadites.
Béjaïa, passé, présent, voilà un livre qui, dès l’entame de sa lecture, accroche le lecteur jusqu’au bout de son épilogue. Irrésistible récit d’une ville, de l’histoire d’une perle de la Numidie, de l’Algérie, de la Méditerranée, des personnages, femmes et hommes, résistants et martyrs, citoyens, artistes et sportifs, qui l’ont façonnée pour léguer un héritage civilisationnel inépuisable.
L’auteur voudrait tant aller plus loin, mais il exige cette recherche des spécialistes. Car Béjaïa, passé, présent de Karim Younès, récemment paru aux éditions Dalimen, constitue un outil de référence même si l’auteur, humilité oblige, n’a jamais revendiqué le statut d’historien.
“Je ne suis pas historien. Je ne suis pas doté de ces instruments d’investigation appropriés, qui permettent de fouiller dans le passé, de dépoussiérer des siècles et des siècles d’évènements, enfouis dans la mémoire de l’humanité”, écrit l’auteur, avouant que cet ouvrage se veut “une incursion” dans l’histoire antique de sa ville natale, “Bgayet pour les Berbères, Saldae pour les Romains, Béjaïa pour les Arabes et Bougie pour les Français”.
Redevable, depuis toujours, à Yemma Gouraya et passionné par son histoire, Karim Younès a bousculé les codes pour révéler de la plus belle manière au monde entier les richesses que recèle cette coquette région du littoral algérien.
“Je ne suis guidé que par mes propres outils, mes sens personnels, mon intime intuition, puisés dans les profonds sentiments d’attachement à la culture et à la civilisation de cette ville et de sa région. En tant que tel, je ne retiens que ce qui conforte pour donner à ces découvertes, patronnées par la raison, la marque des certitudes inaliénables”, écrit l’auteur comme pour avertir le lecteur des récits et des anecdotes aussi croustillants les uns que les autres.
Karim Younès, fin écrivain, chercheur militant par excellence, et érudit des grandes gloires de l’histoire antique et contemporaine, n’a négligé aucun aspect pour laisser le lecteur se délecter sur son livre de 350 pages.
En témoignent les neuf chapitres consacrés à l’une des régions les plus prisées par les Algériens et les touristes étrangers. De Béjaïa dans l’histoire, à Sidi Boumediene et Ibn Badis, de l’identité et de la religion, en passant par l’insurrection de 1871 et les massacres de Kherrata et la Révolution armée de 1954, jusqu’à l’indépendance en 1962, les grandes figures politiques, citoyennes artistiques et sportives de Béjaïa, Karim Younès a ratissé large pour nous faire découvrir des secrets que seule la ville des Hammadites pourrait receler et conserver jalousement à travers les siècles.
“Dans cette optique, la ville de Béjaïa apparaît comme un véritable berceau civilisationnel parce qu’elle a permis à des femmes et des hommes de se poser en génies de par ce qu’ils ont eu à produire, s’investissant pleinement dans les domaines politique, militaire, musical, théâtral, littéraire, sportif, etc.”, estime l’auteur, soulignant que “ces personnalités méritent, chacune, une reconnaissance et des éloges qui soient à la hauteur de leurs précieuses contributions à l’enrichissement de la vie et de la culture nationales”.
En somme, Béjaïa, passé, présent se veut un legs pour les générations futures, car, estime l’auteur, “l’Histoire de Béjaïa est constellée d’étoiles lumineuses qui scintillent même lors des nuits sans lune. C’est dire qu’elles sont nombreuses et qu’elles savent éclairer nos âmes et éclaircir nos nuits noires”.
Et si le défunt maestro Chérif Kheddam a dédié le meilleur de ses tubes à Béjaïa, à savoir Bgayeth Thelha, c’est parce qu’il savait de quoi il parlait. Comme d’ailleurs l’auteur de cette profonde incursion.
FARID BELGACEM