Tant attendu par ses nombreux fans, le chanteur Kaci Issaoun, un virtuose de la musique chaâbi, natif du village El-Vir, dans la région de Mâatkas à Tizi Ouzou, vient de mettre dans les bacs son premier album en kabyle, Agharval (le tamis), sorti aux éditions Sirocco.
Le public féru de cette musique du terroir aura à découvrir pas moins de neuf titres qui nous entraînent admirablement dans de différents variants du chaâbi.
L’album s’ouvre sur la chanson Agharval, chantée au rythme dit “elmezmoum”. Après une introduction, un istikhbar, Kaci appelle, à travers cette chanson, au discernement et d’éviter la précipitation dans la vie, comme les préjugés. Il enchaîne avec un hommage au rossignol de la chanson kabyle, Zerrouki Allaoua, avec la reprise de la chanson Arayiw, qui a bercé tant de générations.
Vient ensuite Amedjedh bouliw (les complaintes de mon cœur), dont le texte est écrit par le talentueux poète Amirouche Amwanes, où il met en relief les déboires, les échecs de la vie. Thouzema (les regrets), Yir thadhoukli (infidèle compagnie), Yir thirga (mauvais rêves), Layas sont autant de chansons d’amour contenues dans cet album que l’artiste dit avoir composé dans ses premiers balbutiements dans le monde artistique. Des thèmes chantés avec une poésie et des paroles captivantes déclinées sur plusieurs variantes du chaâbi, dont Rmel maya, Sihli, Zidane, etc.
Kaci Issaoun ne pouvait pas clôturer cet opus sans un hommage à celui qu’il considère comme l’un des piliers de la chanson algérienne, le regretté, Taleb Rabah, en reprenant la chanson Adhyili rebi dhemi. “C’est ma chanson fétiche”, nous précisera Kaci Issaoun, qui a commencé à côtoyer l’instrument musical dès son très jeune âge, et ce, grâce à une guitare que son père possédait à la maison.
“Pourtant, et paradoxalement, il ne savait pas jouer, mais il était très porté sur la musique et fréquentait les artistes de sa génération de notre région”, nous a-t-il raconté.
“À ma rentrée à l’université, j’ai eu à assurer d’innombrables galas et soirées dans plusieurs campus et perfectionné mon talent en intégrant le conservatoire de la Maison de la culture de Tizi Ouzou, sous la conduite d’un des meilleurs élèves d’el-hadj M’hamed El-Anka, en l’occurrence, Abdelkader Cherchame”, a-t-il poursuivi. Depuis, il a participé à de nombreux évènements en Algérie et à l’étranger.
En outre, Kaci Issaoun a été choisi récemment pour représenter la wilaya de Tizi Ouzou à Médéa et à son actif deux tournées en France, la première en 2019 et l’autre en 2021. “À l’occasion, j’ai eu à animer des galas à Paris, Lille et en Normandie”, a-t-il souligné.
Kaci Issaoun a eu encore l’insigne honneur d’avoir été l’accompagnateur du grand et regretté maître du malouf algérien, Hamdi Benani, lors de sa seule visite en 2014 à Tizi Ouzou, et avec lequel il a partagé la scène lors d’un gala animé à la maison de la culture Mouloud-Mammeri.
Pour revenir à son travail artistique, Kaci Issaoun promet d’autres surprises à l’avenir. Nourri à la sève des belles et légendaires chansons du chaâbi, il compte continuer à irriguer ce magnifique “jardin” légué par ses pionniers afin de le transmettre aux générations futures.
K. TIGHILT