Culture Figure tutélaire de la musique algérienne

Kamel Hamadi, le témoin d’une époque en chansons

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Ali BEDRICI Publié 12 Avril 2021 à 08:55

© D.R.
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Avec près de 2 000 titres à son actif (textes et musiques), Kamel Hamadi est un grand auteur-compositeur-interprète. Il a collaboré avec de grands artistes, comme El-Anka, Djamel Allam, Aït Menguellet, Khaled et tant d’autres.

“Dans notre village, il n’y avait pas d’école. Mes parents m’ont envoyé chez mon oncle à Alger pour continuer mes études”, raconte Kamel Hamadi, Zeggane Larbi de son vrai nom. “Comme ils n’avaient pas de quoi payer le lycée, j’ai appris la couture, tout en fréquentant les milieux artistiques.” Larbi découvre la ville, ses commodités et sa vie culturelle.

Dans les cafés, il écoute les musiques de Farid El-Atrech, de Slimane Azem, d’El-Djamoussi. Il voyait les films chantés au cinéma et imaginait des films de Farid El-Atrech avec des musiques de Slimane Azem. Il écrit une opérette qui passe à la radio, avec ses propres paroles, tout en s’inspirant de Slimane Azem. Ainsi, A Mouh a Mouh devient A Si Meziane. Le directeur de la radio demande le nom de l’auteur. Larbi Zeggane est réticent en raison des traditions de son village. “De plus, mon père m’a envoyé à Alger pour étudier.” On lui suggère de prendre un pseudonyme. 

Il choisit Kamel Hamdi, composé des noms des artistes orientaux Kamel Chenaoui et Imad Hamdi. La secrétaire tape “Hamadi” au lieu de “Hamdi” ; il décide de garder ce pseudonyme. “La maison Tepaz est venue en Algérie à la recherche de nouvelles têtes : Nora, Guerrouabi, Rabah Driassa, Lamari et moi-même fumes enregistrés.” Kamel devait se rendre en France pour enregistrer des chansons au studio Tepaz, en compagnie de Mohamed Hilmi, d’Arab Ouzelag, de Farid Oujdi... 

Le directeur de la radio (à Paris) lui demande d’écrire des pièces théâtrales de 20/30 minutes et d’animer une émission poétique. Tout cela demandait du temps et de l’argent pour les frais de séjour. “Le directeur m’a proposé d’enregistrer des concerts de chant pour percevoir des cachets. Après les enregistrements, je suis retourné à Alger. Quinze jours plus tard, on m’appelle pour revenir travailler à Paris.” 

C’est ainsi que Kamel Hamadi débute sa carrière artistique en France. Ses idoles l’y avaient précédé : Mohamed El-Djamoussi, Slimane Azem, Allaoua Zerrouki, Cheikh El-Hasnaoui, H’cene Mezzani, Bahia Farah, Abdelhamid Ababsa, Missoum… “J’ai découvert que la musique et le théâtre allaient très bien grâce à des artistes comme Mohamed El-Kamel, Mahieddine Bachtarzi…” Kamel fréquentait les cabarets maghrébins de Paris, notamment au quartier latin, qui étaient des lieux de rencontre des artistes. 

C’est également dans la capitale française qu’il fait la connaissance d’une jeune chanteuse, Nora, qui enregistrait des disques, des émissions radio et qui animait des galas de bienfaisance pour les malades. Elle deviendra sa femme à laquelle il composera des chansons, dont des duos mémorables avec lui-même (Ruh Rebbi ad issahel, D kem ihemlagh…). “Le sujet d’‘el ghorba’ prédominait, comme dans Atas ay sevragh de Bahia Farah, D aghriv d avarrani de Slimane Azem…

Des chansons sur les conditions de vie de l’immigré et de la famille restée au pays. Après Novembre 1954 sont nés des thèmes patriotiques écrits en métaphores, comme Ffegh a yajrad tamurtiw (hors de mon pays, les criquets) de Slimane Azem, qui a été vite interdite. Missoum chantait Ya Fellah…” À la radio, Kamel Hamadi animait l’émission poétique “Lesrar n ddunit” (les secrets de la vie) et écrivait des sketches humoristiques. 

C’était “Ath Ouaxam” (la famille) où il  décrivait les problèmes quotidiens des Algériens. “Comme beaucoup d’artistes, nous avons gardé le contact avec le Fédération de France du FLN et avons cotisé jusqu’à l’indépendance.” La douleur de l’exil et le poids de la guerre inspiraient les chants emprunts de tristesse. 

La fin de la guerre a libéré la parole. “On communiait avec les prisonniers et prisonnières libérés, comme Zahia Khelfallah, comédienne condamnée à mort.” Auteur-compositeur hors pair, Kamel Hamadi a collaboré avec de grands artistes, comme Djamel Allam, Aït Menguellet, Khaled, Cheb Mami, El-Anka et bien d’autres.                   

 

                                                           

ALI BEDRICI

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