Culture Conférence de l’anthropologue Ali Sayad à Béjaia

La maison kabyle, un lieu sanctuarisé

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Moussa OUYOUGOUTE Publié 04 Mai 2021 à 20:16

© D.R.
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Pour le docteur en anthropologie sociale, l’“axxam” participe, au même titre que le marché (souk) ou tadjemaât, aux “éléments structurants et fondateurs de la société et de la culture kabyle.”

La salle de conférences de la bibliothèque publique Tahar-Amirouchène de Béjaïa a abrité, avant-hier, une conférence-débat animée par l’anthropologue Ali Sayad. Organisée par l’association “Bruit des mots”, cette rencontre-débat a porté sur “L’habitat traditionnel en Kabylie : organisation sociale et symbolique”. Il s’agit en l’occurrence d’une étude, coréalisée en 1970 et préfacée par Mouloud Mammeri. 

Pour le docteur en anthropologie sociale et enseignant à la retraite à Paris IV et Paris VIII et à Nancy, la maison kabyle participe, au même titre que le marché (souk) ou tadjemaât aux “éléments structurants et fondateurs de la société et de la culture kabyle”. Plus encore, c’est un lieu sanctuarisé. Il explique les règles qui s’imposent dans l’orientation, la répartition des pièces, des ouvertures, du foyer et même du mobilier (le métier à tisser...). Il rappelle que la maison kabyle, “axxam”, est divisée en trois espaces intérieurs. “Chacune de ces divisions porte un nom, a des formes et des fonctions propres, trouvé un sens à l’intérieur d’un système symbolique qu’elle inspire et dont elle est influencée”. Taqaât est réservée aux humains, sorte d’espace de vie, qui occupe, approximativement, les deux tiers de la surface agencée. Elle est surélevée par rapport à l’addaynin, réservé aux animaux. Le principal, tasgaou ou “mur de la lumière”. C’est devant ce mur que l’on va retrouver le métier à tisser ou azetta dont la présence et la fonction sont fortement chargées de symboles. Il y a aussi tinebdatin ou “mur de l’obscurité” ou le “mur des ténèbres”.

Autre pièce importante, taârict ou takana. Elle est réservée aux enfants. Elle sert aussi de grenier où l’on stocke les réserves alimentaires dans les ikoufan, grandes jarres en terre cuite. En fonction des interrogations suscitées lors des débats notamment de la part des initiés,  architectes, ingénieurs en génie civil et cadres du bâtiment, Ali Sayad rappelle que son étude décrit “la maison kabyle” des origines, axxam aqqedim, celle découverte au début de la colonisation de cette région (1857). Celle qui était le principal foyer où d’autres unités plus petites se sont prolongées pour accueillir, par exemple,  les hommes mariés. Il affirme que les familles appartenant au même lignage peuvent avoir leur axxam autour d’une cour commune l’hara.
Et le propre des maisons kabyles, c’est qu’elles sont orientées vers l’Est, la porte du Levant. Il s’agit en l’occurrence des foyers principaux. “Mais les enfants ne vont pas forcément avoir une maison orientée vers l’Est. Il y a de part et d'autre des maisons. Les Kabyles de l’époque se couchaient tôt et se levaient tôt. On faisait de l’économie d’autant que le Kabyle de l’époque protégeait sa forêt. Il y a même un proverbe kabyle qui dit : coupe un arbre, c’est comme tuer un homme”, a-t-il expliqué.
Toutefois, avec les mutations de la société kabyle, l’habitat traditionnel a quasiment disparu. Il a été supplanté et envahi par le béton, déplore l’anthropologue.

M. OUYOUGOUTE

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