Culture Amin Zaoui, invité du café littéraire de Tichy

"La politique a carnavalisé la culture"

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Moussa OUYOUGOUTE Publié 04 Avril 2021 à 22:48

Amin Zaoui, lors de sa rencontre au café littéraire de Tichy. © Liberté
Amin Zaoui, lors de sa rencontre au café littéraire de Tichy. © Liberté

Lors de sa rencontre qui s’est tenue avant-hier au café littéraire de Tichy, l’écrivain est revenu sur la situation de la culture en Algérie et de son multilinguisme qui fait sa richesse, tout en regrettant que “l’État fête la culture, mais ne la fait pas”.

L’écrivain et universitaire Amin Zaoui a animé, samedi dernier, au café littéraire de Tichy, une conférence sous le thème “Quelle culture pour quel changement ?”. C’est en littérateur qu’il est venu faire part des “quelques idées qui l’habitent”. Et c’est tout un programme qu’il a eu à décliner après un exposé d’une heure avant d’échanger avec le public. Pour aborder son sujet, il a développé quatre grands axes : “La culture et les langues”, “La culture et la politique ou les politiques”, “La culture et la religion” et, enfin, "La culture et l’État’’. En guise d’introduction, il dira que “la culture pour moi est ma mère ; elle la symbolise. Ma mère est une Kabyle arabisée”.

Sur la culture et les langues, Amin Zaoui a indiqué que “l’Algérie est au carrefour des langues” et au lieu d’aider à la cohabitation de ces langues, parlées en Algérie, on a assisté, déplore l’auteur de Canicule glaciale, “à la marginalisation de la première langue d’Afrique du Nord, le tamazight, mais aussi de l’arabe dialectal”. Et d’insister que ce “bain linguistique est une force”. Car, derrière ces quatre langues, tamazight, l’arabe dialectal, l’arabe et le français en l’occurrence, “il y a une grande richesse dans la culture”. 

Pour l’auteur du Festin de mensonges, “la langue française est une grande richesse pour l’Algérie. Ce n’est pas seulement un butin de guerre, c’est devenu un patrimoine”. Car, estime Amin Zaoui, avec les écrivains algériens francophones, d’ancienne ou de jeune génération, “on a algérianisé la langue française en lui donnant une âme, une sensibilité et une imagination algérienne”. Avant de lâcher à propos de tamazight : celle-ci a fait l’objet d’une tentative d’assassinat. “Heureusement que les langues sont fortes” et les grands textes des auteurs algériens d’expression amazighe ont pu trouver refuge dans la langue française.

Le deuxième axe développé par le conférencier a trait à la culture et à la politique. Il a regretté que la culture n’ait pas de place ou très peu dans les programmes des partis politiques. Ce qui explique, selon lui, le non-engagement des intellectuels dans ces formations politiques. Il a même un point de vue radical sur la question : “La politique a carnavalisé la culture.” Il en parle en connaissance de cause, puisqu’il a soutenu une thèse de doctorat sur cette problématique. Il a affirmé par ailleurs qu’il n’y a pas de démocratie sans culture.

S’agissant de la culture et de la religion, son troisième axe, il a indiqué que “le politique a pris en otage la religion en éliminant ce qui est spirituel”. Il en déduit que “la culture est cadenassée” au point où “tout le monde peut émettre aujourd’hui des fatwas”. La raison ? “Parce que l’on a orientalisé l’islam du Maghreb.” Pis, “on a même orientalisé l’histoire. Tout cela a été rendu possible en détournant l’Algérien de la Méditerranée, de l’Afrique et de l’Occident. On y a juste laissé une petite lucarne, qui donne sur l’Orient”.

Dernier axe développé, la culture et l’État. Il a rappelé que puisque le FLN est “appareil de l’État”, on assiste à une “culture de l’occasion”. Et d’ajouter que, dans leur esprit, “il faut fêter la culture, non pas faire de la culture. L’État veut une culture qui lui ressemble, pas celle qui le critique”. 

M. OUYOUGOUTE

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