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La virtuosité de la danse, une ode à la liberté

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Rubrique Culturelle Publié 17 Mars 2021 à 09:15

© D.R
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Par : Abdelaziz Boucherit 
Écrivain

 

 

 

 

Le mouvement du corps accompagné par une gestuelle symétrique bien pensée, les mains dans une position aérienne, les traits fins du visage soutenus par une chevelure en soie posée, gracieusement, sur une poitrine bonifiée par les rondeurs envoûtantes d’une jouvence insolente et nourrie par le charme angélique en fleur, qui force le regard de l’homme maghrébin à s’épanouir à la douceur de la beauté divine,  offerte par la femme moderne algérienne. L’expression artistique relate, par le symbole et le geste, la rébellion profonde d’une conviction abyssale, pour porter, très haut, la revendication, aux accents aigus, de la liberté éternelle acquise par le martyre de ses sœurs, les armes à la main.

Une figure en mouvement offrait la grâce imbibée du miel issu d’une majesté céleste qui pointait vers le ciel à la recherche d’un absolu profond et intense. Le pied gauche élancé avec un geste subtil, qui illustre le degré de la performance de l’esprit de création dans la modernité et fait partie, désormais, des armoiries déployées, pour illustrer sa liberté vitale et quotidienne. Le pied droit souffrait dans sa ballerine pour maintenir en équilibre la forme de la figure de la danse classique interprétée et imaginée pour l’occasion.

Une souffrance, signe d’endurance et d’une volonté d’aller de l’avant. La pose était réfléchie pour donner une épaisseur substantielle et visuelle à l’emblème national en arrière-plan.  L’emblème s’enrichit, subitement, par l’élan pacifique du Hirak conduit par une jeunesse pressée d’instaurer, pour toujours, la paix dans l’espace politique du pays. Un mouvement artistique légendaire perçu, aux yeux de toute l’humanité, comme une relique de paix construite en hommage à la liberté immuable de la femme moderne algérienne.

Qui était cette fée qui avait imaginé ce scénario visuel riche en symbolique, dans le théâtre de la rue ? Une symbolique délibérément choisie pour hausser vers le haut la nouvelle portée heureuse et inéluctable de la révolution du sourire qui exige une nouvelle ère  pour la construction d’une république réellement démocratique et pérenne. Elle adapta l’art de la danse classique pour évoquer l’humour et le discernement spécifiques au caractère algérien pour symboliser les vertus de la lutte pacifique.

Un vrai tableau de maître que seul  l’imaginaire aiguisé par le talent et la hauteur de l’esprit affable de modernité des jeunes filles algériennes était capable de faire découvrir au monde entier la qualité et la magnificence de la femme algérienne moderne d’aujourd’hui. La plupart des femmes présentes donnèrent une image positive du pays. Elles se distinguèrent par une disponibilité permanente pour user d’un humour subtil qui dévoila, aux yeux du monde, la finesse et la qualité de l’esprit du peuple algérien et de la femme algérienne, en particulier, comme rempart contre la pauvreté de la pensée.

Les cheveux en volume posés sur les épaules, le regard expressif, résolument tourné vers l’avenir, les yeux brillaient intensément comme pour vouloir exprimer la hâte d’en finir vite avec la médiocrité. Les visages épanouis portés par le bonheur de l’ambiance bon enfant qui régnait autour d’elles. La marche majestueuse dans un climat festif qui apportait la bonne humeur. Ces jeunes filles, empreintes d’un esprit libre, manifestaient au même titre que les hommes. Elles occupaient les rues en apportant leur enthousiasme, les bras levés dans un décor de fraternité, unies par la couleur vive et multicolore de leurs actions et par l’audace des corps alignés avec une jeunesse juvénile déterminée.

Elles menaient le combat, pied à pied, sans se départir de leur courage, avec les hommes. Les femmes avaient occupé l’espace pour mettre fin au système tant décrié par l’ensemble des Algériens. Elles scandaient en phase avec les hommes les slogans sur la liberté, l’égalité et la fraternité. Elles apportaient des innovations dans les formulations propres à leurs revendications. Comme “la femme est le berceau de l’humanité où l’Algérie ne serait réellement libre que si l’égalité entre l’homme et la femme serait effective”.

Il est, désormais, évident que la femme a gagné amplement sa place et sa liberté dans l’espace public occupé en partage avec les hommes. La société d’un avenir prometteur se dessine, donc, avec l’avènement du nouveau statut d’égalité homme-femme, pour libérer la femme algérienne des carcans qui paralysent la société d’évoluer. Il est impératif qu’elles prennent, par elles-mêmes, les choses en mains pour ne pas se faire déposséder et reléguer à la cuisine comme jadis son aînée la combattante pour l’indépendance.

D’autant plus que la société algérienne a évolué et aspire à vivre dans la sérénité et la quiétude de la modernité. Les femmes ne doivent pas être seules. Elles trouveront, sans conteste, une grande majorité d’hommes pour les accompagner dans leurs combats. La femme doit disposer pleinement de son corps sans se référer à une quelconque autorité. Elle doit gérer sa vie à sa guise selon ses propres idées et désirs, sans être confrontée, sous aucun prétexte, aux contraintes imposées par les idées d’une époque révolue.

Elles luttent pour vivre et faire vivre à leurs enfants des bienfaits de l’avènement d’un État démocratique, laïque et conduit par la seule volonté du peuple. Les islamistes, ce mal récurrent algérien, sont en embuscade. Ils sont formatés pour ne pas comprendre le monde moderne. Ils campent sur des concepts obsolètes depuis le VIIe siècle et il est inutile de les dissuader de changer. Pourtant, nous devons rester, plus que jamais, unis pour arriver à mettre à genoux le têtu et despotique système actuel, afin d’effacer de notre mémoire les pensées maléfiques, la pensée orientale qui avait gravé dans le marbre l’authenticité réelle de notre peuple.

Mettre notre société au diapason de l’histoire moderne des peuples en retirant de la Constitution les contraintes hostiles aux femmes et à la laïcité, élaborées par des esprits chagrins, inutiles et asséchés par l’aveuglement de la haine. Imposer l’égalité entre les femmes et les hommes comme valeur fondamentale est une nécessité vitale qui s’impose à nous, pour nous sortir de la médiocrité sociétale dont nous avons beaucoup souffert jusqu’ici.

La deuxième République que nous appelons de nos vœux doit veiller à l’équité, à la liberté, à l’égalité, à la prospérité et au bien-être de tous ses enfants. Elle doit, en outre, faire disparaître les inégalités ethniques, sociétales et économiques, notamment celles des femmes. Nous sommes condamnés à réussir le Hirak, sinon, nous assisterons, impassibles, à la défaite de la pensée, encore une fois, pour les siècles à venir. 

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