Culture Malik Kazeoui, chanteur

“L’art est une lumière, c’est ma source de vie et ma thérapie”

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Ali BEDRICI Publié 16 Juillet 2021 à 20:03

© D.R
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Être artiste, c’est créer des œuvres en s’inspirant de ses émotions, de son environnement et de son expérience de vie. L’artiste non voyant compense l’absence d’un sens par une grande capacité à voir et à ressentir le monde à travers les yeux de l’âme. C’est le cas du chanteur Malik Kazeoui. Vivant en région parisienne, celui qui énonce philosophiquement “Je chante, donc je vis” a bien voulu accorder un entretien à “Liberté”.

Liberté : Vous avez enregistré un bon nombre d’albums. Pouvez-vous revenir sur votre carrière dans la chanson ?

Malik Kazeoui : J’ai suivi mes premières études à l’École des non-voyants de Tizi Ouzou. J’ai commencé à chanter devant les étudiants de cette ville, puis j’ai enchaîné par des galas avec Hacène Ahrès qui m’a aidé, ainsi que Si Mouh. En 2010, j’enregistre mon premier CD intitulé Tiktabine (romans) où j’évoque le pays, la femme, l’amour. En 2012 paraît Africa où j’ai chanté la jeunesse et l’appartenance à l’Afrique dans l’esprit de “l’Afrique aux Africains”. L’album suivant, Tamurt iw (mon pays), parle du pays et de ses enfants qui se cherchent. En 2016 est sorti l’album Tujmiwine (nostalgies) qui est un hommage au grand Taleb Rabah que j’ai bien connu. J’ai chanté avec plusieurs artistes comme Djaffar Aït Menguellat, Karim Abranis, Rabah Ouferhat, Kenza, Noria et d’autres, comme j’ai participé à plusieurs festivals culturels en Algérie, à Annaba, à Béjaïa, à Constantine, à Oran et d’autres villes. Je participe chaque année au festival Raconte-Arts qui se tient dans les villages de Kabylie et qui me tient à cœur car les artistes improvisent et s’expriment librement.  

Dès votre premier CD, avec la chanson Azref iw (mon droit), vous abordez la complexité de la vie pour un non-voyant…

Un non-voyant aspire à vivre normalement dans la société, même si parfois cela est très difficile. Pour moi, l’art est une lumière, c’est ma source de vie et ma thérapie. “Je chante, donc je vis”, voilà ma philosophie de tous les jours. Beaucoup de travail reste à faire en Algérie pour aider les non-voyants. En France, la vie est plus facile pour eux avec toutes les accessibilités. Ils sont plus indépendants parce qu’ils ont beaucoup de moyens, et la technologie les aide davantage à être autonomes, à étudier et à travailler. D’ailleurs, parallèlement à mon parcours d’artiste, j’ai poursuivi des études et je prépare actuellement un diplôme de philosophie à l’université Paris VIII. J’ai également travaillé comme correcteur du livre en braille en langue française et en langue berbère. Ce dernier est un travail qui a été élaboré par moi-même et un groupe d’amis ; j’ai établi un code d’écriture en braille pour l’écriture amazighe. Je travaillais chez les éditions La Moulaty, une édition de braille initiée par Sadek el-Kébir, metteur en scène et immense conteur.

Comment êtes-vous arrivé en France ?

C’était en 2016, dans le cadre d’un festival dédié au cinéma algérien. C’était un hommage à Cheikh El Hasnaoui et à Mahmoud Zemouri où j’avais chanté avec Kamel Si Ammour et d’autres artistes. Le festival était organisé par Sud Nord Évolution, une association établie à Lille, qui m’invitait souvent à venir en France pour animer des concerts, y compris dans des salles à Paris, avec l’aide de Belaïd Branis et d’autres artistes à qui je rends hommage. Puis je me suis inscrit à l’université Paris VIII et me suis installé en France.

Après cette expérience dans la traduction, pensez-vous à l’écriture ?

Je pense écrire un récit autobiographique où je vais essayer d’illustrer le parcours et le rôle d’un non-voyant dans la société. Quant à la musique, le nouvel album de onze titres qui sortira bientôt, intitulé Tagrawla (révolution), abordera l’enfance pendant les guerres qui les empêchent d’évoluer. Victimes innocentes, ces enfants transcendent la violence pour exprimer l’amour et aspirer à la révolution du renouveau. Je prévois enfin des concerts en France qui seront également visibles sur ma page Facebook et sur ma chaîne YouTube. 

 

 

Entretien réalisé à Paris par : ALI BEDRICI

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