Culture ABDENACER KHELLAF, DIRECTEUR DU THÉÂTRE RÉGIONAL DE DJELFA

“Le théâtre doit rendre visibles certaines catégories sociales”

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Yasmine AZZOUZ Publié 03 Janvier 2022 à 14:52

© D. R.
© D. R.

Nommé début 2021 à la tête du Théâtre régional de Djelfa, qui a abrité du 15 au 19 décembre dernier les 10es Journées du théâtre du Sud, Abdenacer Khellaf revient dans cet entretien sur cette édition, les pièces sélectionnées et les ateliers animés par des professionnels, notamment celui destiné aux personnes aux besoins spécifiques.

Liberté : Les 10es Journées du théâtre du Sud se sont tenues du 15 au 19 décembre dernier dans la wilaya de Djelfa. Quel bilan faites-vous de cette édition ?
Abdenacer Khellaf : Ce qui a caractérisé cette dixième édition est le fait de quitter le Théâtre national Mahieddine-Bachtarzi après neuf éditions successives à Alger, et le choix de Djelfa pour l'abriter. C'est un choix stratégique, car cette ville est considérée comme la porte d'entrée du désert, et le théâtre régional de Djelfa Ahmed-Ben-Bouzid est la seule institution théâtrale qui existe à proximité de cette zone géographique, en attendant l'ouverture des théâtres régionaux de Laghouat, d'Adrar et de Nâama.

Le bilan de la 10e édition est positif avec la participation de troupes qui ont présenté des spectacles pour enfants et pour adultes. Les pièces étaient suivies de débats critiques animés par des universitaires de Djelfa et d'ailleurs, et des ateliers ouverts aux amateurs et aux professionnels du théâtre du sud du pays.

Le public de Djelfa est venu nombreux, surtout en famille, pour assister aux spectacles. Il a découvert une salle réhabilitée en un temps court grâce au soutien actif du wali de Djelfa. Cette salle était restée fermée pendant neuf mois. 
Nous avons noté un intérêt du public aussi pour les ateliers de formation, les débats et les séances de vente-dédicace de livres. Les 10es Journées théâtrales du Sud sont le premier grand événement culturel depuis l'ouverture du Théâtre régional de Djelfa en 2017. 

C'était une excellente occasion pour le public de revenir dans la salle de théâtre et une belle opportunité pour les professionnels de se rencontrer et d'échanger des connaissances sur l'art théâtral.

Sept pièces étaient au programme. De quelle manière s’est faite la sélection des œuvres participantes, et y a-t-il eu des jeunes talents qui se sont démarqués ?
Lors de la conférence de presse que nous avons organisée à Djelfa avant la fin de la manifestation, le directeur du TNA, M. Yahiaoui, a indiqué que le TNA a lancé, à partir de juillet 2021, un appel à participation à travers les médias audiovisuels destiné aux associations et aux coopératives du sud du pays. Sept œuvres ont été sélectionnées. 

La pièce Hikayat fi zamen el guira (mise en scène par Haroun Kilani) a été programmée sur proposition du Théâtre régional de Djelfa en sa qualité de partie abritant l'événement. 

De jeunes noms ont marqué leur présence, tant au niveau de la performance et de la mise en scène que de la scénographie et de l'écriture dramatique. 
Ils ont été cités lors des débats critiques qui ont été une véritable plate-forme de discussion et de reconnaissance aussi.

Les coopératives et associations culturelles participent de manière exclusive à cette manifestation. Est-ce l’unique manière pour elles de faire connaître leur travail ?
Peut-être parce que l'appel lancé par le TNA s'adressait aux coopératives et associations. La raison est liée aussi au fait qu'il n'existe pas encore de théâtres régionaux dans le sud du pays, mis à part le théâtre de Biskra. 
Ces associations culturelles et ces coopératives ouvrent, à mon avis, des fenêtres sur la pratique théâtrale dans le Sud avec des formes allant dans le sens du théâtre du rituel.

Outre les représentations, vous avez organisé des ateliers, comme celui du théâtre radiophonique et pour personnes aux besoins spécifiques. Pouvez-vous nous en dire plus ? 
Lorsque la proposition a été faite pour organiser un atelier sur le théâtre radiophonique encadré par le grand artiste Abdenour Chelouche, j'avais eu quelques appréhensions quant au peu d'intérêt accordé ici à cette forme d'expression théâtrale. 

J'ai été étonné de constater une forte participation à cet atelier exceptionnel organisé en collaboration avec Radio Djelfa de la part de personnes intéressées par le théâtre. Cela m'amène à réfléchir à organiser un autre atelier du genre dans le futur.

Encadré par l'artiste Djamel Guermi, l'atelier sur le théâtre destiné aux personnes aux besoins spécifiques a donné une dimension humaine à la pratique théâtrale pour cette catégorie. Certains d'entre eux ont pleuré par moments durant l'atelier. 

Je pense qu'il est nécessaire que le théâtre se tourne vers d'autres catégories pour leur permettre de s'exprimer, de devenir plus visibles.

Enfin, qu'en est-il des recommandations faites au terme des éditions précédentes et qui suggéraient entre autres d'attribuer le statut de festival à cette manifestation qui met le focus sur des œuvres des quatre coins du pays ? 
La recommandation la plus importante est d'organiser les Journées théâtrales du Sud chaque année dans une ville différente pour découvrir d'autres expériences et d'autres voix. Et elles sont nombreuses et diverses. 

On parle beaucoup de théâtre post-dramatique ou de formes para-théâtrales. Ce qui est sûr est que le théâtre du Sud est un vrai théâtre, un théâtre pur.

J'en profite pour remercier la ministre de la Culture et des Arts d'avoir parrainé cette édition avec le soutien du wali de Djelfa, des cadres du ministère et de tous les organisateurs de la manifestation du TNA au Théâtre régional de Djelfa. J'espère que 2022 sera l'année du théâtre par excellence.
 

Entretien réalisé par : YASMINE AZZOUZ

 

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