Culture Il traite du sort réservé aux pieds-noirs et leur retour à l’Hexagone

“L’histoire vraie des Français d’Algérie”, de Raphaël Delpard

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Ali BEDRICI Publié 17 Mars 2021 à 23:06

© D. R.
© D. R.

Le sujet de la colonisation française de l’Algérie n’en finit pas d’inspirer historiens, artistes, écrivains… Si l’on connaît bien les mutations et les dégâts considérables occasionnés à la société autochtone par 132 ans d’occupation, des intellectuels métropolitains cherchent à aborder la colonisation sous l’angle des Français d’Algérie.

C’est le cas de l’écrivain et cinéaste Raphaël Delpard qui, après de nombreux ouvrages sur le même thème, va bientôt publier un livre intitulé “L’histoire vraie des Français d’Algérie”, à paraître en septembre 2021 aux éditions de l’Histoire. 

“Après la conquête de cette terre d’Afrique… On a présenté le peuplement aux Français comme une chance unique de quitter la misère, qui sévissait dans l’Hexagone, et aussi comme une fabuleuse aventure humaine. Cent trente-deux ans plus tard, ils revenaient d’où ils étaient partis, par bateaux entiers, déracinés, accablés de reproches”. 

En métropole, à leur retour en 1962, “on jugeait leur accent vulgaire, on disait qu’ils avaient mal traité les Algériens, les exploitant paraît-il sans vergogne, amassant des fortunes... Rétorquer qu’ils avaient contribué à faire passer la société arabo-berbère du Moyen-Âge à la modernité ne leur servait à rien : on les rendait responsables d’une guerre, qu’ils avaient de surcroît perdue”.

En quelques mois, plus d’un million de Français d’Algérie fuient vers la métropole. “Mais en France, personne ne veut en entendre parler. L’opinion publique les abandonne, les pouvoirs politiques s’en désintéressent, pas un intellectuel ne vient à leur secours. L’Histoire elle-même voudra les oublier”... Raphaël Delpard veut “mettre un terme à ce qui est présenté comme une tragique ségrégation”. 

Il le fait dans “des pages brûlantes, étayées par des témoignages forts et des documents inédits. Une réhabilitation qui s’impose, après une aussi scandaleuse injustice”. Sur le fond, ce livre même s’il ambitionne, avec le recul, de poser un regard “objectif” sur la guerre d’Algérie, ne se distingue pas des autres récits de cette guerre.

À force de chercher un beau rôle aux “Français d’Algérie”, il se retrouve à mettre presque sur le même pied d’égalité occupants et occupés, favorisés et écrasés, heureux et malheureux. L’unique originalité du livre serait dans l’approche : “L’histoire officielle de la guerre d’Algérie s’est peu intéressée aux civils, français ou autochtones... Ils furent pourtant les premières victimes du conflit. Comment ont-ils vécu au quotidien durant les huit années d’affrontements ?”.

L’auteur décide de leur donner la parole. Il en résulte des témoignages inédits et des archives jamais révélées mettant au jour “les cicatrices toujours à vif d’une tragédie qui n’a pas encore livré tous ses secrets ni toutes ses souffrances”. L’occupation coloniale et la guerre d’Algérie demeurent ainsi une source intarissable pour l’Histoire, la culture et les arts. 

Les façons de les appréhender diffèrent selon les opinions des uns et des autres. Le sujet étant encore très “chaud”, ce n’est que plus tard que l’Histoire pourrait révéler un “roman de la guerre d’Algérie” proche de la réalité.

Pour le moment, à chacun sa vérité : œuvre “civilisationnelle” pour les uns, “crime contre l’humanité” pour les autres, Révolution libératrice pour les Algériens, tout montre qu’ “on ne guérit pas de l’Algérie” comme le disait Camus et comme le décrit un lecteur français : “Pour ceux qui comme moi sont de là-bas, ce livre éveille avec force la “nostalgérie” qui dort en chacun de nous et que le temps n’éteint pas et n’éteindra jamais”.

Le titre-L’histoire vraie- est prétentieux, car celle-ci, à moins d’être un paravent de l’évènementiel- ne s’accommode pas de “vérités” proclamées, c’est une perpétuelle recherche de documents, d’éléments, d’indices… soumis à la rigueur de la méthodologie scientifique. Né en 1942, Raphaël Delpard est un journaliste, cinéaste et romancier français. 

On lui connaît L’Enfant sans étoile (2010), Pour l’amour de ma terre (2012), L’Enfant qui parlait avec les nuages (2013)… Il a également réalisé les films Les Enfants cachés (1998) et Les convois de la honte (2010).  
 

ALI BEDRICI

L’Histoire vraie des Français d’Algérie, de Raphaël Delpard, éditions de l’Histoire, 300 pages, à paraître en septembre 2021.

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