Culture La rencontre a été organisée par la Fondation Malek-Chebel

“L’ISLAM DES LUMIÈRES” OU LA PRIMAUTÉ DE L’ESPRIT CRITIQUE

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Yasmine AZZOUZ Publié 15 Mai 2021 à 19:05

L’islamologue Ghaleb Bencheikh a pris part à la rencontre. © D.R.
L’islamologue Ghaleb Bencheikh a pris part à la rencontre. © D.R.

Au cours de cette rencontre organisée par la Fondation Malek-Chebel, l’islamologue Ghaleb Bencheikh a expliqué que la notion d’“Islam des Lumières” a surgi parce que la tradition religieuse islamique est perçue, de manière erronée, comme la négation même de l’intelligence et de la raison. Or, l’Islam a une “longue tradition de débats, de raison, de réflexions et d’échanges”.

La Fondation Malek-Chebel a organisé à la fin du mois de Ramadhan une table ronde virtuelle avec des chercheurs et islamologues intitulée “Islam des Lumières : un islam de notre temps ?” à laquelle ont pris part Ghaleb Bencheikh, Olivier Roy, Sami Aoun et Omero Marongiu. Modérée par Mikaïl Chebel, la rencontre a été l’occasion de revenir sur les fondements de la pensée du philosophe algérien et les rapports de l’islam actuel à la réalité contemporaine.

Sur les origines du concept “Islam des Lumières”, le fils de Malek Chebel précise que bien que la parenté de la formule ne revienne pas à son père, puisqu’elle paraît sous la plume d’un auteur égyptien une année avant la publication du “Manifeste pour un Islam des Lumières”, revêtir cette formule d’un concept philosophique et d’une réelle profondeur intellectuelle, est tout l’enjeu de la réflexion de Chebel.  

Ghaleb Bencheikh a fait savoir que cette notion a surgi parce que la tradition religieuse islamique qui a sous-tendu une civilisation impériale, est perçue comme la négation même de l’intelligence et de la raison d’où l’image négative que l’Occident a de la religion musulmane. “Mais ceci est totalement faux”, martèle-t-il. “Il y a une longue tradition de débats, de raison, de réflexions et d’échanges.” “À un moment, il fallait trouver cet islam adjectivé, Islam modéré, apaisé, moderne, libéral…”, a-t-il ajouté. Même la notion d’Islam des Lumières connaît des critiques de part et d’autre selon lui. Pour les non-musulmans, “L’islam des Lumières est une fiction”, pour certains musulmans elle représente “un islam vidé de son sens”.

Dans son intervention, Omero Marongiu a souligné que dès lors qu’on parle d’un “Islam des Lumières”, c’est qu’il existe, antinomiquement, “Un islam des Ténèbres”. Un constat qui amène à “poser de nouveaux jalons théologiques”. “Bien sûr l’exercice théologique est difficile et un peu casse-pied pour des croyants lambda qui ont besoin d’avoir des réponses pratiques pour entretenir leur relation à Dieu, comprendre le sens du cadre structurant qu’on leur propose (…) la théologie répond à des questions fondamentales et essaye de faire interagir les références scripturaires avec le monde dans lequel on s’inscrit.”  Mais à force de marteler ce discours, le risque serait, selon Marongiu, “d’apporter des réponses à des questions contemporaines en puisant constamment dans des catégories de sens du passé, et sans comprendre non plus le mode de pensée des théologiens qui ont apporté ces réponses”.

Dans son essence, “l’Islam des Lumières donne la primauté à l’esprit critique et l’approfondissement du savoir en s’affranchissant des dogmes”. Il est, selon les propos de Mikaïl Chebel, “une hybridité entre ce qu’il y a de meilleur de la tradition des lumières dans la tradition islamique et dans les acquis de la modernité notamment occidentale”. 

Pour rappel, la fondation Malek-Chebel est “née de la volonté de s’inscrire dans l’héritage de Malek Chebel et de poursuivre les ambitions de ce penseur éclairé en participant à l’élaboration du savoir comme rempart aux poussées extrémistes et islamophobes. Elle souhaite devenir un pôle majeur d’émulation intellectuelle, où le savoir se crée et se transmet dans les domaines des sciences, de la culture et de la spiritualité”.

La Fondation poursuit deux objectifs :  faire vivre l’œuvre de Malek Chebel autour de l’islam et la culture musulmane, ainsi que le partage de “sa vision d’un monde éclairé par les lumières de la raison en participant à l’élaboration du savoir dans des champs disciplinaires variés”. 

Yasmine AZZOUZ

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