Culture “SUR LE CHEMIN DES SABLES EN FEU” DE BRAHIM SADOK

Parler de la guerre au féminin

  • Placeholder

Yasmine AZZOUZ Publié 15 Janvier 2022 à 14:54

© D. R.
© D. R.

Dans ce roman historique, Brahim Sadok construit son récit sur la base de la sanglante bataille de M’zi, survenue du 6 au 8 mai 1960, qui a vu les moudjahidine résister vaillamment à l’armée coloniale. En filigrane se lit aussi l’histoire de ces femmes courage, personnages principaux du roman, sans qui la guerre n’aurait pu aboutir.

Publié au mois de décembre 2021 aux éditions Anep, Sur le chemin des sables en feu de Brahim Sadok est le récit d’une guerre, celle menée par des hommes et des femmes dont le courage et la fougue méritent encore des hommages.

À la veille de la guerre de Libération nationale dans le village de Aïn Sefra, au sud-ouest de l’Algérie, Dahmane, son épouse Safia, son fils et leurs quatre filles vivent au jour le jour dans ce lieu semi-désertique où il faut compter sur sa débrouillardise afin de survivre.

Seul artificier de son village dans une compagnie de ponts et chaussées, Dahmane travaille loin de son domicile pour subvenir aux besoins de sa famille. Taciturne, parfois solitaire, mais sûr de lui, il cache jusqu’à la dernière minute son intention de rejoindre le maquis à son épouse. Mais bientôt, et par la force du destin, même elle et ses enfants, dont un nouveau-né prénommé Belkhir, doivent quitter le cocon pour rejoindre Yèche, un village au Maroc.

Le périple sera l’épreuve la plus difficile que connaîtra Safia, du haut de ses vingt-cinq ans. Elle y croise la mort, l’angoisse, la peur et le froid. Quand bien même elle serait animée par l’amour qu’elle porte à son mari et la patrie.

La rage au ventre, par monts et par vaux, elle et ses semblables, d’autres femmes auxquelles l’on a arraché époux, fils ou père, laissent derrières elles leur ancienne vie et se découvrent aussi un courage à toute épreuve, quand l’adversité et la fureur de l’occupant deviennent quotidiennes.

Dahlaba, autre personnage féminin central, est une veuve d’une quarantaine d’années, dont la mission est l’organisation des déplacements des réfugiés et la liaison entre les points d’hébergement choisis par les cadres de l’ALN.

Ayant elle-même perdu ses deux fils, elle se consacre entièrement au bien-être et à la sécurité de ces familles séparées par la guerre. Cette femme courage, qui montre trop peu d’émotions, au premier abord, est pourtant celle sur qui on compte dans ces missions périlleuses.

Brahim Sadok revient en effet sur les sacrifices consentis par la femme algérienne durant la guerre de Libération. Si beaucoup d’ouvrages traitent de ce thème, l’implication et le rôle des femmes est bien souvent peu mis en avant. 

Dans Sur le chemin des sables en feu, l’auteur, par l’entremise d’un narrateur omniscient qui relate toutes les pensées des personnages, met à la même enseigne l’homme qui se prépare au combat et la femme qui endure dans la douleur les conséquences de la guerre.

Au drame de la guerre, s’ajoute celui de l’errance. Au Maroc, les réfugiés algériens vivent d’entraide et de sacrifices. Les longues nuits d’attente et de douleur ne sont apaisées que par ces voix et ces regards compatissants de compatriotes ayant vécu pareil ou pire.

Au-delà d’un simple recours à l’histoire, et malgré les longueurs de certains chapitres, l’œuvre est au final un bel hommage à l’abnégation et au courage. 
 

Yasmine AZZOUZ

Brahim Sadok, Sur le chemin des sables en feu, roman. Éditions Anep. 
180 pages, 904.78 DA, 2021. 

  • Editorial Un air de "LIBERTÉ" s’en va

    Aujourd’hui, vous avez entre les mains le numéro 9050 de votre quotidien Liberté. C’est, malheureusement, le dernier. Après trente ans, Liberté disparaît du paysage médiatique algérien. Des milliers de foyers en seront privés, ainsi que les institutions dont les responsables avouent commencer la lecture par notre titre pour une simple raison ; c’est qu’il est différent des autres.

    • Placeholder

    Abrous OUTOUDERT Publié 14 Avril 2022 à 12:00

  • Chroniques DROIT DE REGARD Trajectoire d’un chroniqueur en… Liberté

    Pour cette édition de clôture, il m’a été demandé de revenir sur ma carrière de chroniqueur dans ce quotidien.

    • Placeholder

    Mustapha HAMMOUCHE Publié 14 Avril 2022 à 12:00