Culture “Hier, aujourd’hui, demain, l’Algérie”, de Jugurtha Abbou

Portrait d’une génération désenchantée

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Kouceila TIGHILT Publié 23 Février 2021 à 20:26

© D.R
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Dans ce livre paru ce mois-ci aux éditions El-Amel à l’occasion du l’an II du Hirak, l’auteur revient sur la situation actuelle du pays, qui est, écrit-il, “jusqu’à aujourd’hui régi par un système qui ne répond pas aux aspirations du peuple”. Les jeunes appartenant à cette “génération désenchantée” sont pourtant le moteur de la révolution. Et c’est dans les tribunes des stades que leur “ras-le-bol” trouve écho.

“Les Algériens et les Algériennes comme un seul homme, comme un sursaut de dignité, dans un volcan dormant, se sont levés pour crier leur ras-le-bol du pouvoir en place”, écrit Jugurtha Abbou dans cet essai publié à l’occasion du 2e anniversaire du Hirak, aux éditions El-Amel. 

L’auteur du livre affirme d’emblée que la révolution populaire du 22 Février a effacé des mentalités la notion de “petit peuple”, de même qu’elle a consacré la distinction entre “l’élite” qui est au service du peuple et celle tentée par les appétits du pouvoir.

Jugurtha Abbou évoque également cet espoir d’une nouvelle Algérie, rêvée par une nouvelle génération éprise de liberté et de justice. “Qui sont ces jeunes qui ont défié la terreur et brisé le mur de la peur ?”, s’est demandé l’auteur et pour qui “ces jeunes n’ont pas d’appartenance politique et ils ne veulent pas en avoir, même s’ils se rangent affectueusement du côté islamiste ou démocrate, sans toutefois s’identifier à l’une de ces idéologies”.

Dans cet essai, Jugurtha Abbou a estimé que cette nouvelle génération est toutefois différente de la génération des années 80 et 90. “Ils n’assistent pas aux meetings et conférences et ne reçoivent pas les orientations politiques des mosquées. Leur refuge, c’est le stade. C’est dans les tribunes qu’ils ont appris à dénoncer le régime”, a-t-il affirmé, en donnant comme exemple le chant La Casa del Mouradia, chanté dans les stades et devenu même un chant qui a longtemps rythmé le Hirak. 

Cependant, a ajouté l’auteur, ils ont pour références historiques les Amirouche, Ali La Pointe, Abane, Bouhired et autres. À travers ces figures symboliques, écrit Jugurtha, “ils se plaignent de l’injustice qui s’érige en maître, et de la corruption qui s’étend jusqu’au cafetier du quartier”. Abordant le volet politique, Jugurtha Abbou estime que l’Algérie est régie par un système qui ne répond pas aux aspirations de Novembre. “A contrario, il a été assis depuis 1962 à nos jours sur l’autoritarisme et l’impunité comme seuls et uniques modes de gouvernance”, a-t-il considéré.

“À chaque revendication de changement, le peuple s’est heurté à une fin de non-recevoir brutale de la part des décideurs, au point de susciter un désespoir et une désillusion durables”, a-t-il poursuivi. Dans le même sillage, l’auteur explique qu’il est évident que le système aujourd’hui ne peut être ni démocratique ni social, du moment où les libertés individuelles et collectives sont plus que jamais menacées.

“Le peuple en a ras-le-bol des humiliations, ras-le-bol de la dictature, ras-le-bol des passe-droits et des injustices subies au nom d’une justice au téléphone, ras-le-bol qu’on lui nomme des responsables illégitimes et irresponsables, ras-le-bol qu’on conçoive à son insu des politiques servant à l’empêcher de faire de la politique”, a réagi Jugurtha Abbou dans cet essai qui résonne, en fait, comme un cri porteur de la voix d’une jeunesse en quête de changement. Pour rappel, Jugurtha Abbou est psychologue de formation.

Il intervient depuis dans différents médias, notamment Libre Algérie, pour traiter des questions d’ordre politique, social, économique et culturel. Hier, aujourd’hui, demain, l’Algérie est son deuxième ouvrage. 

 


K. Tighilt 

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