Culture Rapport de Benjamin Stora sur l’apaisement des mémoires

Quid de la coopération technique ?

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Ali BEDRICI Publié 07 Mai 2021 à 19:03

© D.R
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Pour l’écrivain français Jean-Luc Palicot, au-delà de l’apport des coopérants techniques dans les domaines éducatif et culturel, leur rôle a été “objectivement positif dans le processus de relations apaisées entre l’Algérie et la France”.

Réagissant aux débats sur “l’apaisement des mémoires”, l’écrivain français Jean-Luc Palicot souligne l’apport de la coopération technique algéro-française des années 1970. 

Ancien professeur de français en Algérie de 1974 à 1977, période à laquelle il a d’ailleurs consacré un livre intitulé Je veux croire qu’elles n’ont pas changé, Un jeune Français en Algérie, publié chez L’Harmattan en 2020, Jean-Luc Palicot a réagi au rapport de Benjamin Stora sur la mémoire. “Selon ce que j’en ai lu dans la presse, il semble que le rapport Stora (qui n’est apparemment pas bien accueilli en Algérie) occulte la période de l’après-guerre et donc de l’indépendance et des premiers pas de l’État algérien, période où sont intervenus – modestement – ceux qui sont connus sous l’appellation de coopérants français dont je faisais partie.” De prime abord, on sent que le séjour de Jean-Luc Palicot en Algérie – “C’est là-bas que j’ai connu l’amour”, précise-t-il – l’a profondément marqué. C’est donc tout naturellement qu’il voit de l’intérêt à intervenir, quand il l’estime nécessaire, dans des questions qui intéressent ce pays où il s’était senti serein et heureux.

Les débats politico-médiatiques autour du rapport de Benjamin Stora lui en offrent l’occasion pour faire part de son propre témoignage, tout en suggérant d’insérer dans la démarche “d’apaisement des mémoires” le rôle de la coopération technique des années 1970. Pour lui, au-delà de leur apport dans les domaines éducatif et culturel, les coopérants français en Algérie “ont joué un rôle objectivement positif dans le processus de relations apaisées entre l’Algérie et la France”. Or, pense-t-il, la séquence de cette coopération technique a été peu médiatisée, alors qu’elle reflétait la densité des relations entre les deux pays. Aussi souhaite-t-il que soit mise en évidence cette phase de l’histoire durant laquelle des milliers de jeunes enseignants français ont contribué à l’éducation et à la formation de toute une génération d’Algériens. Jean-Luc Palicot en a gardé des souvenirs positifs : “J’atteste que, pendant les trois années vécues en Algérie – Kabylie, Rouiba, In Salah – je n’ai jamais entendu de paroles blessantes, ni subi, ni rencontré d’attitudes hostiles à mon égard”, témoigne-t-il, fidèle à l’ambiance de travail et de respect mutuel qui prévalait, alors que les Algériens venaient de sortir d’une terrible guerre. Il ajoute : “Il faut comprendre que les jeunes coopérants français étaient au service de l’Algérie indépendante (dans un cadre défini par les accords entre l’Algérie et la France) et n’avaient aucun intérêt colonial, commercial ou financier.” Selon l’ancien coopérant technique, “les Algériens, dans leur grande majorité, l’ont très bien compris, d’où le bon accueil qui leur a été fait”.

C’est en quelque sorte à la réhabilitation de cette période que Jean-Luc Palicot s’attelle afin qu’il en soit tenu compte comme élément incontournable dans le travail d’apaisement des mémoires entre les deux rives de la Méditerranée. Dans son livre cité ci-dessus, l’auteur, qui vit à Besançon, dans l’est de la France, abordait ses souvenirs de professeur en évoquant de jeunes lycéennes algéroises émancipées et épanouies. La superposition de ces images à la réalité actuelle des femmes maghrébines des banlieues françaises lui donne l’occasion d’aborder la problématique du port du voile et des interrogations qu’elle suscite au sein de la société française. “Le livre ne décolle pas en France…Peut-être parce qu’il dérange”, avoue-t-il, tout en regrettant qu’il ne puisse pas être lu en Algérie ; “les libraires algériens ne commandent pas de livres aux éditions françaises”. La réaction de Jean-Luc Palicot au rapport Stora veut rappeler qu’au-delà de ses aspects historiques et politiques, le concept “d’apaisement des mémoires” convoque aussi la dimension humaine des relations entre l’Algérie et la France, comme l’illustrent la coopération technique des années 1970, mais aussi la présence d’une forte communauté algérienne qui vit et travaille depuis longtemps dans ce pays, contribuant à sa prospérité.         

ALI BEDRICI

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