Culture Vernissage de l’exposition “Algérie mon amour”, à l’IMA

“Un chant du renouveau de la créativité artistique”

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Ali BEDRICI Publié 20 Mars 2022 à 19:20

L’une des œuvres d’Issiakhem. © D. R.
L’une des œuvres d’Issiakhem. © D. R.

Expression  d’une  grande  richesse  de  la  peinture  algérienne, l’exposition, qui durera jusqu’au 31 juillet, ne manquera pas de fasciner les nombreux visiteurs attendus.

Comme annoncé dans nos colonnes, le vernissage de l’exposition “Algérie mon amour” a eu lieu le 18 mars à l’Institut du monde arabe de Paris. Des toiles de plusieurs peintres algériens, toutes générations confondues, font le bonheur des visiteurs des galeries de l’IMA. Issiakhem, Benanteur, Baya, Denis Martinez, Mesli… sont présents, côtoyant des talents de la nouvelle génération comme Zoulikha Bouabdallah, Kamel Yahiaoui, Halida Boughriet et bien d’autres.

Claude Lemand, donateur de la collection à l’IMA et commissaire de l’exposition, a déclaré : “‘Algérie mon amour’ est un champ de la douleur de la terre et du peuple algérien colonisés et martyrisés, le chant de la culture et de l’identité algériennes niées et déracinées. C’est aussi le chant de la liberté et de l’espoir, du renouveau de la créativité artistique et littéraire et l’annonce d’une renaissance, nécessaire et tant attendue.”

“Algérie mon amour” est l’expression de l’amour que tous les artistes vouent à l’Algérie, les artistes de l’intérieur et plus encore ceux de l’extérieur, tous ces créateurs de la diaspora qui peuvent dire, comme Abdallah Benanteur : “L’Algérie est en moi, seuls mes pieds l’ont quittée, mon esprit rôde en permanence parmi les miens.”

Les artistes de la nouvelle génération expriment le même attachement aux racines. “Je suis très contente de participer à cette exposition sur l’Algérie qui est mon pays d’origine car mes racines se trouvent à Ghazaouat, près de Tlemcen”, souligne Halida Boughriet, artiste plasticienne qui pratique la photographie, la vidéo, l’installation et la performance.

Elle ajoute : “Les toiles exposées montrent que la diaspora n’a jamais oublié ce qui s’est passé, la mémoire collective, et de cette façon-là nous existerons toujours, avec la richesse de notre double culture, celle des deux rives de la Méditerranée (...) Ces activités culturelles permettent de faire voir la 
vérité historique à la société française et à la diaspora et d’aborder le sujet avec calme et intelligence pour contrecarrer les discours haineux.”

Halida Boughriet, née en 1980, est diplômée de l’École des beaux-arts de Paris et de la School of Visual Arts de New York, section cinéma. Un tableau attire l’attention des visiteurs par la violence apparente de corps d’où suinte du sang.

“C’est une violence maîtrisée et non à la fois, il y a du paradoxe dedans parce qu’il y a une connotation qui renvoie à une superficialité de la femme, et en même temps, vue la matière qui coule, cette couleur rouge passion renvoie au sang”, explique Khalida Bouabdallah, diplômée de l’École d’art de Cergy-Pantoise, ajoutant : “C’est à la fois violent et beau. Violent parce que je reprends les deux corps du Sommeil de Courbet, je reprends les silhouettes que je dépouille de leur chair et je m’attache seulement à la ligne, sachant que la ligne justement n’existe pas dans le corps, c’est là un pouvoir de l’artiste, il invente quelque chose qui n’est pas présent dans la nature.” Et la violence ? “Elle s’explique aussi peut-être de façon inconsciente car je suis une artiste des années noires, il y a eu la déchirure de quitter l’Algérie.

Paradoxalement, j’avais une enfance heureuse en Algérie avant que mes parents, menacés par le terrorisme, ne soient obligés de s’exiler.” Elle exprime son bonheur d’être présente à cette exposition. “Je suis très heureuse d’être parmi les artistes qui composent la collection de Claude Lemand qui a montré des artistes algériens depuis longtemps et qui le fait maintenant aussi pour ceux de ma génération.

Je suis heureuse de faire partie de cette lignée et du peuple algérien”, précise l’artiste, avant d’ajouter : “Cette exposition démontre que les artistes algériens sont toujours là, ils sont dans le monde entier. J’ai aimé le titre de l’exposition ‘Algérie mon amour’, car on met enfin l’Algérie sur le registre des sentiments nobles, pour une fois on laisse un peu de côté son histoire violente qu’elle a pu avoir avec le France.” 

Une sculpture blanche se singularise dans l’ensemble pictural de l’exposition. C’est La Main du secours  de  Kamel Yahiaoui, artiste  algérien originaire d’Azeffoun, comme son oncle Issiakhem.

“Cette sculpture exprime à la fois le geste d’un sauveteur et celui d’un prédateur”, précise l’artiste, qui est heureux “d’être présent avec mes aînés, je participe avec deux installations, La Mer des tyrannies et La Main du secours”.

Kamel Yahiaoui précise : “Je pense que c’est la seule exposition qui réunit presque tous les artistes modernes qui sont nés dans les années trente et ceux de notre génération. Il est vrai qu’il manque des artistes de l’entre-deux, comme Larbi Arezki, Boucetta, Djemaï, Nedjaï, etc. Mais là, c’est la donation d’un collectionneur.”

Expression d’une grande richesse de la  peinture  algérienne, l’exposition, qui durera jusqu’au 31 juillet, ne manquera pas de fasciner les nombreux visiteurs attendus.
 

De Paris :  Ali BEDRICI

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