Culture “Les témoins du temps et Autres traces”, de Salah Oudahar

Un plaidoyer contre l’oubli

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Ali BEDRICI Publié 31 Juillet 2021 à 17:58

© D.R
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Les mots et les illustrations photographiques transcendent l’inertie des pierres pour faire parler des vestiges et des sites qui racontent à ceux qui savent écouter, méditer et sentir l’histoire, les racines, l’identité.

La rentrée littéraire de septembre 2021 sera l’occasion de la mise sur le marché de ce cahier de poésie Les Témoins du temps de Salah Oudahar (éditions À plus d’un titre). Le recueil est un hymne à la mémoire, un plaidoyer contre l’oubli. Les mots et les illustrations photographiques transcendent l’inertie des pierres pour faire parler des vestiges et des sites qui racontent à ceux qui savent écouter, méditer et sentir l’histoire, les racines, l’identité… “Le mot a circonscrit les séismes/Les soulèvements/Les révoltes/Les révolutions/Il a remonté le temps/Il s’est marié /À la terre/ À la pierre/Au feu.” (Poème Le Mot.)

L’amour, la nature, l’exil, la vie, la mort, la liberté… Le recueil est un tourbillon d’émotions qui mettent à nu la condition humaine dans toutes ses dimensions, un torrent qui charrie tant de sentiments que l’homme doit s’accrocher aux souvenirs pour garder sa lucidité et sa trajectoire dans la vie. La pierre, omniprésente, se fait témoin de l’histoire : “Les pierres ne sont pas muettes/pour qui parle la langue du silence.” (Poème Mémoire.). Même le grain de sable est porteur de souvenirs : “Comme un grain de sable/Un minuscule grain de sable/qui revient de loin/Qui a survécu au temps/Qui a traversé les époques/Les sombres époques/Qui a résisté aux vents/Aux tempêtes/Témoin blessé de la trace/De l’imperceptible trace/De notre présence en ces lieux.” (Poème Le Rêve grandiose.) Les poèmes se suivent, chantant tantôt la beauté de la nature, tantôt l’exil, les départs, l’errance : “Nous avons entamé/Tôt le matin/Les cycles irréversibles/de notre errance/L’errance/Notre nom/Notre nouvelle étoile.” (L’Errance notre nom.) Pour Salah Oudahar, si la poésie est souvent souffrance, elle est aussi espoir : “Mais il faut continuer à vivre/Continuer malgré tout à vivre/À vouloir vivre/À célébrer la vie/Le jour/À faire l’éloge du jour/De la venue du jour/L’éloge du multiple/De la multiplicité complexe et lumineuse du vivant/Le vivant.” (Poème Visages Lieux.) De l’errance, le poète revient toujours à son port d’attache et à ses racines à travers les souvenirs que ressuscitent en lui les paysages de son enfance, les pierres des maisons, le clapotis des vagues sur les plages, le mystère des montagnes, la beauté des rivages de la Méditerranée, bastion de la civilisation, de la culture et de l’identité dont il tire sa substance. “Des clameurs du matin/Ardent espoir d’une terre autre/D’un pays habitable/Rendu à ses hommes et à ses femmes/À ses paysages, ses mémoires, ses langues/Son histoire.” (L’Errance notre nom.) À noter la qualité des textes, des photographies et la conception graphique recherchée de ce livre. Le lira-t-on en Algérie ? C’est le grand vœu de l’auteur : “Je me suis réservé tous les droits pour que mon livre soit publié en Algérie, et mon éditeur français est disposé à céder les éléments matériels susceptibles de faciliter une nouvelle édition.”  

Né en 1951 à Iflissen, près de Tigzirt, Salah Oudahar est un poète, metteur en scène et comédien. Diplômé de sciences politiques, il a enseigné à l’université de Tizi Ouzou jusqu’en 1992, date à laquelle il a quitté l’Algérie pour s’établir à Strasbourg, dans l’est de la France.

Salah Oudahar a fondé, notamment avec Mokhtar Benaouda, le collectif de théâtre “Vibrations algériennes” (1995-2000), laboratoire de création, de diffusion, de rencontres, de débat et d’échange sur les écritures algériennes. L’artiste a également créé le théâtre “Mémoire et citoyenneté” (1997-2003) sur les thématiques des mémoires coloniales, postcoloniales et de l’immigration. Salah Oudahar a organisé de nombreux événements culturels, créé des spectacles dont Dialogues d’Alsace et d’Algérie de Joseph Schmitbiel, Marianne et le Marabout de Slimane Benaïssa, Vibrations algériennes, qui est un montage de textes d’auteurs algériens (Kateb Yacine, Matoub Lounès). Il a dirigé l’ouvrage collectif Tomber la frontière (L’Harmattan 2007) pour le Festival Strasbourg-Méditerranée de la même année, dont il est membre fondateur et directeur artistique. Salah Oudahar est président de la “Cie Mémoires vives” (théâtre). 

ALI BEDRICI
Les Témoins du temps et Autres traces, de Salah Oudahar, édition A plus d’un titre, 107 pages, à paraître en septembre 2021.

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