Culture FADELA SALMI, PLASTICIENNE ALGÉRIENNE

Un univers artistique entre l’universalisme et les traditions

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Ali BEDRICI Publié 17 Septembre 2021 à 19:48

© D. R.
© D. R.

Les thématiques de cette artiste peintre autodidacte se veulent l’expression de son vécu et de la réalité d’un monde soumis à des questionnements existentiels. Universaliste, elle utilise des techniques, des couleurs et des symboles que lui inspirent également ses racines algériennes.

C’est à l’occasion d’une exposition au CCA de Paris, intitulée “Créativité féminine” et réunissant quatre plasticienne algériennes, que nous avons découvert l’artiste peintre autodidacte Fadela Salmi. Une impression se dégage de ses toiles : mouvement et explosion de couleurs. “Mes peintures expriment mon ressenti profond”, explique celle qui est venue “fortuitement” à la peinture : “Un jour, j’ai ressenti l’envie de m’exprimer à travers des couleurs. Avant je le faisais par la poésie et des écrits.”

Il se trouve que Fadela Salmi n’a jamais étudié la peinture, ni aux Beaux-Arts ni ailleurs. Celle dont l’envie de s’exprimer bouillonnait au plus profond de son être se fie à une amie qui lui fait découvrir les différents courants de la peinture.

“En parcourant le centre Beaubourg, le musée d’Orsay et le musée de l’Orangeraie qui abrite, entre autres, huit compositions monumentales de Nymphéas de Claude Monet, j’ai eu un coup de cœur pour ce maître, ainsi que pour Picasso”, avoue-t-elle, ajoutant : “J’ai également visité les artistes de l’Yonne, George Hosotte et son fils Tristan, éminents peintres français, de manière à élargir mon horizon dans les domaines de la peinture.”

Auparavant, elle pratiquait le dessin, révélant qu’un don artistique sommeillait en elle. “Ma première exposition eut lieu à Dijon en 2018, comme j’ai exposé 42 toiles au centre hospitalier de lutte contre le cancer Jean-François-Leclerc de cette ville.”

Un journal de Dijon écrivait à cette occasion : “Les peintures de Fadela sont empreintes de sa générosité. Elle n’hésite pas à utiliser de nombreux matériaux différents – dont son favori est le bois – pour donner du relief à ses œuvres faites pour être regardées, mais aussi touchées.”

En mettant ses peintures à la disposition des soignants et des patients du centre, elle souhaite les “faire voyager, leur mettre un peu de baume au cœur, tout en partageant le plaisir que je trouve dans la peinture”. 

Mais, observerait-on, comment une autodidacte pouvait-elle aller aussi loin, aussi vite ? “La peinture est venue me chercher, et j’ai laissé parler l’artiste qui est en moi. Chacun de nous possède une âme d’artiste et doit laisser ses émotions s’exprimer.” Celle qui croit que “les rêves parfois deviennent réalité” a osé viser plus haut et devait exposer au Grand Palais à Paris, mais son élan fut brutalement interrompu par la pandémie de Covid-19.

Comme tout le monde, Fadela Salmi prend son mal en patience. Elle profite aujourd’hui de la reprise et des opportunités offertes par l’amélioration de la situation sanitaire et commence par décrocher une participation à une exposition au CCA le 10 septembre dernier.

Le public a pu découvrir Brumes, un tableau qui représente “les larmes” d’un monde en crise auquel Océan, tumultueux, donne écho. Tout près, Flamenco symbolise le mouvement et l’explosion de couleurs. Redon-dance, jeu de mots significatif, ressemble à une galaxie en rotation et en perpétuel recommencement.

Ce tableau est un exemple de l’originalité de l’œuvre de Fadela Salmi, qui ose associer la peinture à des matériaux comme le bois et parfois le métal. “Je donne ainsi aux visiteurs l’envie de voir et de toucher mes toiles.” 

Sa peinture, abstraite, rassemble les éléments de la nature, tels l’air, l’eau, le feu et la terre, représentés souvent en mouvement. Les thématiques de cette artiste peintre se veulent l’expression de son vécu et de la réalité d’un monde soumis à des questionnements existentiels.

Universaliste, elle utilise des techniques, des couleurs et des symboles que lui inspirent également ses racines algériennes. Fadela Salmi, née à Alger, a fréquenté un lycée de Chéraga avant de s’inscrire à l’ITE de Bouzaréha après le bac. Pendant treize ans, elle enseignera à Alger et Oran, avant de se rendre en 1993 en France, où elle s’occupe des enfants, jusqu’à sa récente retraite.

C’est un cas représentatif de ces nombreux artistes d’origine algérienne qui peuplent le monde des arts et des lettres un peu partout dans le monde et souhaitent établir des passerelles avec les institutions culturelles et le public de leur pays d’origine.
 

ALI BEDRICI

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