Culture Représentation de la pièce “Khatini” au 14e FNTP

Une salle archicomble pour un vaudeville politique

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Yasmine AZZOUZ Publié 21 Mars 2021 à 23:25

© D.R.
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Sortie en 2019, la pièce avait suscité en amont de sa générale en décembre 2019 et lors de ses représentations jouées à guichets fermés en février 2020, un engouement rarement vu pour une œuvre théâtrale. Avant-hier au 14e Festival national du théâtre professionnel, les spectateurs étaient au rendez-vous pour ce spectacle qui fait écho aux transformations de la société et de l’histoire en marche.

La pièce tant attendue au 14e Festival national du théâtre professionnel (FNTP) Khatini, d’Ahmed Rezzak, programmée avant-hier lors de la dernière journée de compétition, a connu une affluence record, si bien que de nombreux spectateurs n’ont pas eu la chance d’accéder à l’intérieur du TNA, faute de places.  Sortie en 2019, en plein Hirak, la pièce avait suscité en amont de sa générale en décembre 2019 et lors de ses représentations – jouées à guichets fermés – en février 2020, un engouement rarement vu pour une œuvre théâtrale. Le secret du metteur en scène Rezzak était de sortir des carcans, de politiser sa pièce et d’y inclure des éléments de langage censurés jusqu’alors, ou pire, écartés par les metteurs en scène eux-mêmes ou les commissions de lecture de peur de se voir signifier l’annulation de leurs spectacles et de s’attirer les foudres de la sphère politique.

Certes, la pièce a vu le jour dans un contexte propice à une liberté de ton et de création, les “Djazaïr horra démocratiya” (Algérie libre et démocratique), “Madaniya machi aaskaria” (État civil et non militaire) et tant d’autres slogans étaient pour la première fois portés sur les planches, car le théâtre n’est-il pas, finalement, l’écho direct et le plus fidèle des transformations de la société et de l’histoire en marche ? À ce propos, Rezzak expliquait dans nos colonnes (voir Liberté du 10 février 2020) en marge de l’une des représentations de février 2020 que “le théâtre est d’essence révolutionnaire, et Khatini n’est que l’écho des répliques de mécontentement populaire que l’on ressent dans la vie de tous les jours”. Partant d’un scénario quasi apocalyptique, où tous les jeunes Algériens ont fui le pays et tenté “la harga” dans l’espoir de vivre dignement, Khatini, le “dernier homme”, est tiraillé entre l’émigration et les choix de rester auprès des siens, par amour patriotique.

Il représente cette jeunesse tourmentée, méprisée, que le milieu politique dénigre tout au long de l’année, mais à laquelle l’on fait appel par souci électoraliste, qu’on daigne approcher par populisme et, dans le cas présent “pour repeupler” le pays. Khatini aligne comique de situation, propos politiques et un “ras-le-bol”, persistant, car la pièce, près de deux ans après sa création, est encore, et plus que jamais peut-être, d’actualité. Pour son entrée officielle en compétition, elle a drainé, à l’image de ses précédentes représentations, une foule de spectateurs dont une bonne partie est restée à l’extérieur de la bâtisse, faute de places. Nombreux étaient ceux qui, jusqu’aux toutes dernières minutes, espéraient assister à la pièce. 

La salle principale et le balcon étaient déjà archicombles à plus d’un quart d’heure du début de la représentation, et les retardataires n’avaient qu’à s’armer de patience devant l’entrée principale du Théâtre national, puisque leurs demandes d’accès à sa salle essuyaient un refus catégorique à l’accueil. Au-delà de son propos et de la liberté de ton qu’elle a apporté, Khatini est une œuvre inclassable, à cheval entre un réalisme post-dramatique et le théâtre de l’absurde, et c’est bien par ce biais que Rezzak est arrivé à rendre compte d’un contexte social des plus complexes. 

YASMINE AZZOUZ 

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