Des Gens et des Faits 26e partie

“COMME UN MIROIR BRISÉ”

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Taos M’HAND Publié 14 Septembre 2021 à 08:59

Résumé : Tarek ne veut rien entendre. Il ne comprend pas pourquoi elle tenait à «faire une pause» alors que leur mariage est prévu dans peu de temps. Pour lui, rien ne peut les séparer, car ils s’aiment sincèrement et surtout parce qu’il tient à la soutenir dans la dure épreuve à venir. Plus ils en discutent, plus elle est convaincue que c’est la meilleure chose à faire. Elle lui demande de partir et de l’oublier. Da Ali appelle à ce moment, Tarek est soulagé, il espère que son beau-père pourra lui faire entendre raison.

-Da Ali, vous appelez au bon moment. Vous savez ce que veut Latéfa ? Elle veut que nous nous séparions quelques mois. Je vous en prie, faites-lui entendre raison. Je refuse de me séparer d’elle.
Tournant le dos à Latéfa, il ne la voit pas débouler sur lui et elle le surprend en lui arrachant le téléphone portable. Elle a le visage fermé, des mauvais jours. Son regard le glace. Alors qu’il la suit lorsqu’elle tente de mettre de la distance entre eux, elle a la voix enrouée. Elle pleure.
-Baba, je t’en prie, viens me chercher, je suis à Sidi Ferrudj… Je ne veux pas rentrer avec lui.
-Pourquoi ? Il t’a emmenée de force ? Qu’a-t-il fait ? 
-Non, je voulais sortir me changer les idées.
-Tu n’aurais pas dû sortir sans ton portable et sans dire où tu te rendais. Pourquoi vous êtes-vous fâchés ? 
Latéfa toussote, puis ferme les yeux un instant.
-Je t’expliquerais plus tard, promet-elle avant de le prier de venir la chercher. Ou si tu es occupé, envoie-moi le chauffeur. 
-Non, je viens, dit Da Ali. Ne bouge pas de là-bas.
-Fais vite, s’il te plaît.
Lorsqu’elle rend le portable à Tarek, elle ne le regarde pas. Il a beau être déçu et fâché, il tente encore de la convaincre, mais elle est décidée au point où elle ne le supporte plus. Il se fâche, mais maîtrise sa colère, refusant de se donner en spectacle devant les estivants. 
-Je t’en prie, pars ! Ne rends pas les choses plus difficiles.
-À ta façon de me parler, à ton détachement, je me demande si vraiment, tu m’as aimé un jour. 
-Pense ce que tu veux. Pars, ne cherche plus après moi. Oublie-moi... Oublie notre histoire. 
-Tu le regretteras un jour. 
-Peut-être ? 
«Est-ce que je vivrais assez longtemps pour le savoir ?», se demande-t-elle en le regardant régler leurs consommations et partir, non sans se tourner deux ou trois fois afin de la voir une dernière fois ou peut-être espérait-il qu’elle revienne sur sa décision et qu’elle ferait un geste, vers lui. Mais Latéfa détourne le regard à chaque fois pour qu’il ne voie pas ses larmes. 
Lorsque son père arrive quelques minutes après, il la trouve à la même place, sur la terrasse du salon familial.
-Benti ! 
Latéfa se lève et va se réfugier dans ses bras. Da Ali la réconforte. 
-Mais pourquoi pleures-tu ? Ya Allah, qu’est-ce qu’il t’a fait ce vaurien ? Qu’a-t-il dit pour te mettre dans cet état ? Où est-il ?
-Parti, répond-elle.
-Le vaurien ! Il t’a mise dans cet état et il t’a abandonnée ici. Alors qu’il te savait seule. 
Latéfa secoue la tête, puis essuie ses larmes avec le mouchoir que lui donne son père. Elle sort ses lunettes de soleil et les met, tout en avouant la vérité pour ne pas le remonter contre Tarek.
- Oui mais… C’est moi qui ai insisté pour qu’il parte. C’était si dur, j’ai tiré un trait sur notre histoire, sur nos projets. Je veux faire une pause de quelques mois. C’est mon idée et il ne l’a pas appréciée. 
-Mais qu’est-ce qui t’a pris ?
-Je ne sais pas… Enfin si, rectifie-t-elle. Je ne veux pas qu’il reste avec moi et qu’au moment où je serais mal, il m’abandonne. Ils sont nombreux à abandonner leurs femmes malades. Alors, j’ai pris les devants.
-Mais vous vous aimez. Tu n’aurais pas dû, lui reproche-t-il. Il tient à toi, il t’a toujours aimée. Aâlech ya Latéfa ?
-J’ai écouté mon cœur, même si j’en souffre, confie-t-elle. Je préfère le quitter maintenant et m’occuper de ma santé. Le plus dur m’attend et les seuls dont j’ai besoin pour me remettre, c’est Allah et ma famille.
Da Ali connaît bien sa fille et sait que lorsqu’elle prend une décision, rien ni personne, même pas lui, ne peut l’influencer. Il décide de respecter son choix, non sans espérer qu’elle revienne à de meilleurs sentiments. Il ne la contrariera pas. Ce n’est pas le moment, de lui mettre la pression. Il y a plus urgent.

 


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