Des Gens et des Faits 49e partie

“COMME UN MIROIR BRISÉ”

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Taos M’HAND Publié 10 Octobre 2021 à 17:52

Résumé : Latéfa patiente dans le couloir de l’hôpital, près d’une vieille. Celle-ci, aussi venue pour un contrôle, s’étonne de son extrême jeunesse et du fait qu’elle se soit soignée au pays alors qu’elle est issue d’une famille aisée. Elle lui conseille d’être à jour dans ses contrôles. Lorsque Dr G. l’examine, elle est satisfaite du résultat. Elle promet de la “reconstruire” après qu’elle a fini tous ses soins. Latéfa ressort sereine et souriante. Tarek est là avec son père.

-Bonjour ! Ça va ?
-Bonjour… Je vais bien, merci ! Qu’est-ce que tu fais ici ?
-Je passais voir le frère d’un ami et je suis tombé sur ton père, dit Tarek. Je suis content de voir que tu vas bien ! Si vous n’avez rien à faire, je vous invite à déjeuner. 
Latéfa soupire, elle est tentée d’accepter, mais lorsqu’elle se rappelle les soins lourds qui l’attendent, elle refuse et trouve un prétexte.
-Mes employées m’attendent…
-Dommage, murmure-t-il. Ma famille voulait te voir… Si tu…
-Non, ce n’est pas le moment, l’interrompt-elle. Lorsque je serais prête, tu le sauras.
-Ton portable fonctionne ? Tu n’as pas changé de numéro ?
Latéfa devine où il veut en venir. 
-Non, je garde le même numéro, même si je ne réponds pas… Papa, on nous attend, lui rappelle-t-elle avant de s’adresser à Tarek. Le bonjour à ta famille, prends soin de toi. Au revoir !
-Toi aussi, prends soin de toi. Je patienterais !
Latéfa passe devant, sentant les larmes mouiller ses yeux. Elle souffre en le voyant toujours aussi beau et amoureux. Comme elle voudrait reprendre avec lui ! Si la maladie ne s’était pas invitée dans leur vie, ils auraient vécu une belle histoire d’amour. Ils seraient en train de préparer leur mariage. 
Da Ali la rattrape et la saisit par le bras.
-Doucement ! N’oublie pas que je dois remettre le résultat de l’anapath à l’oncologue. Est-ce que tu l’as ?
Latéfa le lui remet. 
-Je vais marcher et respirer un peu. 
Il lui semble que l’odeur de l’hôpital lui colle à la peau. Vivement qu’ils partent d’ici. Elle soupire en se rappelant que dans quelques jours, elle reviendra faire sa chimiothérapie. 
Elle cherche la voiture de son père et aperçoit au loin Tarek. Elle se détourne, car elle ne veut pas rencontrer son regard. Heureusement pour elle, son père revient vite. À son visage éclairé, il est porteur d’une bonne nouvelle.
-On se rend au laboratoire pour effectuer un bilan sanguin. Ton rendez-vous est dans trois jours ! 
Da Ali en parle comme s’il annonce une bonne nouvelle. Latéfa pâlit. 
-Si vite ? Tu les as menacés pour qu’il rapproche le rendez-vous, c’est ça ? 
-Plus vite, tu auras commencé, plus vite, tu finiras ta chimiothérapie ! C’est pour ton bien. Allez, on y va ! 
Latéfa ne peut pas refuser, elle effectue la prise de sang, puis ils rentrent à la maison. Ses frères et leurs petites familles ne sont pas là. Hosni et Karima sont repartis à Oran, mais ils reviendront dès qu’ils le pourront. Tout comme leur père, elle les presse de revenir s’installer à Alger même si elle comprend leur réticence. Sa mère est parfois insupportable. Les reproches qu’elle lance aux femmes de ménage lui parviennent. 
-Maman ! Laisse-les travailler ! Elles s’y connaissent bien ! Et puis, s’il reste des traces ou un peu de poussière, ça ne tuera personne ! Viens t’asseoir ! Tu ne devineras jamais qui j’ai vu à l’hôpital.
Houria s’assoit près d’elle. 
-Tarek ? Je suis sûr que le pauvre garçon fait le guet toute la journée pour ne pas te rater ! Alors, comment va-t-il ? T’a-t-il parlé de mariage ?
-Je ne lui en ai pas laissé le temps ! Je vais faire ma première chimio dans trois jours ! Tu crois que c’est le moment de parler mariage ? Je ne veux plus le revoir ! Je refuse qu’il s’approche de moi et qu’il me prenne en pitié ! 
-Mais il t’aime !
Latéfa fond en larmes. Elle ne le sait que trop. Sa mère pleure avec elle, elle a déjà vu les désastres de la chimio sur sa belle-sœur. Elle prie pour que Latéfa soit forte, car si elle la voit souffrir, elle s’effondrera avant elle et ne pourra jamais lui apporter le soutien dont elle aura besoin !
 

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