Des Gens et des Faits 61e partie

“COMME UN MIROIR BRISÉ”

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Taos M’HAND Publié 24 Octobre 2021 à 18:27

Résumé : Latéfa partage son inquiétude sur l’inconnue, proie à la maladie et à la violence de son mari. Ils sont sans nouvelles d’elle. C’est l’occasion de parler des femmes dont la vie a été bouleversée depuis qu’elles ont cette maladie “honteuse”. Si certains maris sont de vrais soutiens, Aïcha se rappelle une malade prise de court par le rejet de sa belle-mère qui a non seulement brisé son foyer mais qui l’a privée de ses enfants. Latéfa se confie et explique pourquoi elle a tenu à faire une pause avec Tarek…

-Pourquoi ? Tu n’aurais pas dû, lui reproche Aïcha. Si vous vous aimez vraiment, la maladie ne vous séparera pas. Moi, lorsque je suis tombée malade, mon mari s’est occupé de moi, des enfants… Il y a eu des jours difficiles et, sincèrement, heureusement qu’il était là. Je découvrais qu’il était patient. Il est très pratiquant. Il sait que s’il était tombé malade, j’en aurais fait autant. 
- Tarek est quelqu’un de bon, de simple et de facile à vivre. Je ne me rappelle pas une fois où il m’a blessée par un mot ou un geste, confie Latéfa. Même si je le connais très bien, j’avais peur qu’il se détourne de moi. J’ai préféré mettre de la distance entre nous. Je veux apprendre à vivre sans lui. 
- Tu es jeune, et dans quelques mois, après la fin des traitements, tu reprendras goût à la vie et tu voudras reprendre ton travail et renouer avec tes amies. Ta vie d’avant, tu la chercheras partout. Comme il en fait partie, je te conseille dès aujourd’hui de répondre à ses appels, à ses messages. Invite-le. Ma chère, d’après ce que j’ai compris, c’est quelqu’un de bien et le plus important, il t’aime. 
Houria intervient, prenant sa fille à témoin. 
- C’est ce que je me tuais à lui dire. Elle ne voulait pas m’écouter. En fait, elle l’a exclu de sa vie alors qu’ils devaient fêter leur mariage. Je ne serais pas surprise de le savoir avec une autre. Il ne va pas attendre toute sa vie que sa chère accepte de reprendre avec lui. 
- C’est vrai. La patience n’est pas leur fort. Surtout s’il a une famille imposante, dit Aïcha avant de la conseiller une dernière fois. Donnez-vous une chance. Si tu sens que ce n’est plus comme avant, romps définitivement. Sinon le reste de ta vie, tu te tortureras le cœur avec des questions sans réponse. Genre : “Qu’en serait-il aujourd’hui si je ne l’avais pas repoussé ?”
- Ok, d’accord. Je me rends, plaisante Latéfa. Je l’appellerais un jour. 
- Non, tu as assez perdu de temps comme ça, la gronde Aïcha. Cela te fera du bien de le retrouver et d’avoir son soutien. Même ta mère est d’accord. Elle ne veut que ton bonheur. Dis-lui de prendre un congé pour s’occuper de toi. 
- C’est bon. Je lui écris plus tard.
Aïcha l’encourage à l’appeler sur-le-champ. Latéfa prend son portable et appuie sur son petit nom. Leur photo apparaît. La sonnerie retentit à peine qu’il décroche, surpris.
- Latéfa, c’est toi ?
- Qui d’autre alors ?
- Enfin, je t’entends ! Quelle belle surprise ! Comment vas-tu ?
- Je récupère doucement mais ça va… Et toi ? 
- Je ne suis plus moi, avoue-t-il. J’ai beau harceler ton amie, elle ne lâche pas le morceau. Je commençais à me faire à l’idée que tu ne voulais plus de moi. Tu ignorais mes appels, mes messages. Louanges à Dieu, tu es revenue à la raison. 
- Qui te dit que je veux reprendre ?, l’interroge Latéfa. 
- Tu appelles pour me torturer ?, réplique-t-il, amer. Dire que j’espérais que tu me dises que tu n’as pas cessé de penser à moi, que tu regrettes tout ce temps perdu bêtement. Finalement, c’est moi qui le suis. 
Aïcha lui fait des signes alors que sa mère la pince. 
- En fait, j’appelais pour que tu m’accompagnes au CPMC, dit-elle, sans y avoir réfléchi. Si tu as du temps, bien sûr. 
- Je prendrai une semaine. Je m’occuperai de toi. Tu as besoin de moi quand ?
- Je revérifie ma carte médicale et je te rappelle, lui dit-elle, coupant brusquement. Vous avez vu ? Toujours aussi disponible. 
- Pourquoi tu ne dis pas amoureux, rectifie Aïcha. Va ! Reprends avec lui puisque ce n’est pas trop tard. 
- Mais… Je suis horrible à voir…
 

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