Des Gens et des Faits 65e partie

“COMME UN MIROIR BRISÉ”

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Taos M’HAND Publié 29 Octobre 2021 à 19:15

Résumé : Par solidarité, Tarek s’est rasé la tête. Latéfa apprécie le geste mais elle le lui reproche. Elle est émue. Ses parents sont heureux de les voir ensemble. S’il ne tenait qu’à Houria, il ne partirait pas. Mais Latéfa veut se reposer un peu. Tout est arrivé si vite. Après son départ, elle se remémore les bons moments passés ensemble. Elle finit par s’endormir. Da Ali décide d’appeler son ami pour reporter sa visite, ne voulant pas gâcher ce bel après-midi…

-Je m’apprêtais à venir. Pourquoi pas maintenant ?

Da Ali vérifie avoir fermé la porte de son bureau avant de lui répondre.
- Elles vont avoir des doutes, dit-il. Quelles explications on leur donnera ? Je ne veux pas les inquiéter ou leur donner de faux espoirs. Tu te rends compte ! Je ne supporterai pas de voir ma fille souffrir. Elle se remet doucement. 
- Je tirerai les choses au clair au plus vite. Je regrette que mes problèmes de famille m’aient empêché de tenir mes promesses. Je voulais voir la cicatrice et constater si Dr G s’en est tenu à ce que j’avais prévu. 
- Tu la verras dans un jour ou deux. Quant à ton absence, ce sont des choses qui arrivent, dit Da Ali, pour qu’il ne culpabilise plus. Parfois, la situation nous dépasse. On attend encore un peu avant de parler. Aujourd’hui, elle a accepté de revoir son fiancé. Je ne veux pas gâcher leurs retrouvailles. Elle a besoin de tout ceux qui l’aiment dans cette épreuve. 
- En effet, tu as raison. On tempère un peu. Je te rappelle dès que j’ai du nouveau. 
Da Ali le remercie avant de raccrocher. Il espère que son ami aura des preuves de l’erreur médicale, si c’est au niveau des analyses des biopsies, de la mammographie ou, encore pire, au bloc opératoire. Il comprend son empressement à voir les cicatrices. Il ne sait plus quoi penser. Depuis que son ami lui en a parlé, il se sent mal. Il ne s’en rend pas compte mais Houria a remarqué qu’il est pensif depuis son retour.
- Hé, rani nahdar maak. Je te parle. 
Il ne l’a pas entendue entrer dans le bureau.
- Pardon ?
- Je te demandais de m’aider. Une idée, pour qu’ils se rapprochent encore plus, dit-elle. As-tu vu leur bonheur ? C’est comme s’ils n’ont jamais été séparés. C’est un bon garçon. Il fera un bon mari. Il est attentionné et il la soutient dans la maladie. Il n’a pas hésité à se raser la tête. 
- Je ne serais pas surpris qu’il se prenne en photo et l’affiche sur Facebook, avec un petit ruban rose, tente de plaisanter Da Ali, même s’il n’a pas le cœur à rire. Houria, on ne doit pas leur mettre la pression. On les laisse reprendre leur relation à leur rythme. Latéfa est adulte, et ces épreuves l’ont rendue encore plus mature. Elle fera ce qu’elle voudra de sa vie. 
- Mais c’est toi qui lui as ouvert, lui rappelle sa femme. J’avoue que j’aurais hésité à le faire sans son consentement. Je reconnais que tu l’as fait au bon moment. On tentait de la convaincre de reprendre. Le pauvre garçon n’a jamais cessé de reprendre avec elle. Il lui envoyait des messages, il l’appelait, même si elle ne lui répondait pas. 
- Pour les mettre à l’aise, j’invite toute notre famille. Dommage que Hosni et Karima soient si loin, regrette-t-il. Ils auraient été heureux de les voir ensemble. 
- Oui, dommage ! 
Da Ali appelle ses enfants et les invite, heureux de partager cette bonne nouvelle. Ils sont agréablement surpris et promettent de venir. Il y a longtemps qu’il n’avait pas vu Latéfa sourire et l’éclat de ses yeux ne laisse aucun doute. Elle tient encore à lui. Si elle n’était pas tombée malade, ils seraient mariés. Il ferme les yeux en pensant qu’elle ne l’est peut-être pas. Il espère seulement qu’elle n’a pas fait ces opérations inutilement. “Mais si elle n’a rien, alors sa vie n’est pas en danger”, se réjouit-il au fond de son cœur, priant pour que ce soit le cas.
- Tu es sûr que tu vas bien ?, lui demande Houria lorsqu’il tape du poing sur le bureau, la faisant sursauter. Qu’est-ce qui te prend ?
- Rien. J’ai mal au cœur en pensant au temps qu’ils ont perdu. Ils n’auraient jamais dû se séparer. 
- Oui, je suis d’accord avec toi. Mais maintenant, il devra patienter. Le temps qu’elle aille mieux, dit-elle. Après, ils pourront faire des projets s’ils le veulent. 
- Inchallah. 
Il attend qu’elle ait quitté le bureau pour appeler Hosni. Il a besoin de se confier, et son fils aîné est le seul à qui il peut ouvrir son cœur, lui parler de ses peurs et de ses espoirs. 

 


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