Des Gens et des Faits 71e partie

“COMME UN MIROIR BRISÉ”

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Taos M’HAND Publié 05 Novembre 2021 à 17:44

Résumé : Tarek a remarqué qu’elle a changé et en bien. Elle est attentive et sensible aux malheurs des autres. Avant, tout tournait autour d’elle. Elle est plus disposée à aider. D’ailleurs, une surprise de taille l’attend au CPMC, s’y rendant pour obtenir un rendez-vous, pour Saada. Une malade arrive habillée de blanc et des tatouages de henné aux mains. Elle s’est mariée récemment… 

-Vous vous êtes mariés alors que vous êtes en pleine chimiothérapie ? Est-ce que vous pouvez me raconter votre histoire ? 
- Oui, aucun souci, dit la mariée qu’on nommera Fatima. Je suis originaire d’un petit hameau, dans la wilaya de Boumerdès…
 L’année passée, elle ne pensait plus au mariage. Agée de trente-cinq, elle n’avait pas fait sa vie, au grand désespoir de sa famille et de ses amies. Ses jeunes sœurs étaient mariées et mères plusieurs fois. Ses amies aussi. Toutes avaient de la peine pour elle alors qu’elle acceptait l’idée de finir sa vie, célibataire. Ses sœurs lui avaient offert une machine à coudre et l’avaient encouragée à confectionner des petites robes d’été, pour fillettes. Sa clientèle s’était élargie. Ses sœurs et ses cousines en faisaient partie, pour l’occuper. 
- Elles craignaient que je ne déprime, confie-t-elle, un doux sourire au visage. Tous me considéraient comme une vieille fille ! Je n’étais pas surprise quand mes frères prévoyaient de me marier aux veufs, vieux retraités de France. Ils voulaient me mettre à l’abri du besoin et moi, je refusais car je pensais qu’ils voulaient aussi en profiter. Je trouvais le moindre prétexte, pour refuser surtout s’ils avaient des enfants de mon âge ! J’exigeais un veuf, encore jeune et sans enfant ! Mes frères, mes sœurs et même mes amies désespéraient de me caser ! Ils finirent même par abandonner l’idée car à chaque demande, on s’accrochait et on ne se parlait plus pendant des jours, parfois, des semaines. J’attendais la moindre excuse, pour me réconcilier avec eux ! Je comprenais leurs inquiétudes même si je refusais de les écouter ! 
- Mais vous êtes mariée maintenant ! Que s’est-il passé pour que vous changiez d’avis ? l’interroge Latéfa. Est-ce que le jeune veuf, sans famille, est finalement venu ? 
- Oui…
Fatima raconte qu’elle s’était rendue à une fête, une amie célébrait la réussite, au bac de son fils et elle lui avait demandé de l’aide en cuisine. Elles avaient préparé un dîner, pour la famille et les amis proches. Le mari de son amie avait invité des collègues. L’un d’eux était venu avec ses enfants car il n’avait personne à qui les confier. Sa petite fille âgée de cinq s’était prise d’affection, pour elle et ne voulait pas quitter la cuisine et la suivait partout. 
- J’avais cherché à qui elle appartenait et on m’a dit qu’elle avait perdu sa mère, dans un accident de la circulation ! J’avais de la peine, pour elle ! J’ignore comment ou par qui, Hocine avait appris que sa fille s’accrochait à moi et refusait de me quitter ! Il voulait prendre sa fille et s’excusait pour le désagrément mais elle ne me lâchait pas ! Elle pleurait, pleurait à me fendre le cœur ! 
- La pauvre petite…Peut être que vous ressembliez à sa mère ? suppose Latéfa. 
- Je l’ignore…J’étais bouleversée ! J’ai pleuré à son départ, confie Fatima. Il me l’avait arrachée des bras et était parti car il ne savait plus quoi faire pour la calmer ! Il croyait que j’étais mariée et même maman…Sauf que la vie ne m’avait pas faite cette fleur ! 
- Ok, dit Latéfa, le cœur serré. Mais vous êtes mariés maintenant ! Que s’est-il passé pour qu’il revienne vers vous ? Est-ce que quelqu’un a joué les entremetteurs ?
- Le pauvre…Sa fille Aya ne cessait de pleurer et de me réclamer ! Ses tantes n’arrivaient pas à la calmer ! Il racontait les nuits blanches qu’il passait au mari de mon amie…Lorsqu’il apprit que j’étais encore célibataire, il s’est empressé de contacter mes frères, pour me demander en mariage. Là, mes frères, mes sœurs s’étaient ligués contre moi ! Parce qu’il était l’homme idéal ! Jeune, juste la quarantaine ! Ses enfants étaient petits et avaient besoin d’une mère ! Il résidait à Alger et cerise, sur le gâteau, il occupait un poste important, dans un ministère ! Il était venu avec ses enfants, pour notre première rencontre! Dès qu’elle m’a vue, elle s’était jetée sur moi, s’accrochant à ma robe. Elle ne m’avait pas laissée faire connaissance avec son père ! Elle voulait que je sois sa maman…J’hésitais à répondre sur le champ. J’avais promis de donner des nouvelles…Seulement…j’ai eu ce souci de santé et j’ai refusé sa demande, sans lui expliquer pourquoi…
 

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