Des Gens et des Faits 78e partie

“COMME UN MIROIR BRISÉ”

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Taos M’HAND Publié 14 Novembre 2021 à 09:14

Résumé : Tarek rejoint Da Ali. Ce dernier, qui en a gros sur le cœur, se confie à lui et lui raconte que Latéfa a été victime d’une erreur médicale qui a bouleversé toute leur vie. La sénologue devra s’expliquer. Le chef de service ne comprend pas comment cela a pu arriver. Cela arrive au moment où Latéfa reprend goût à la vie. Tarek souhaite que son état n’est pas aussi grave qu’ils l’avaient affirmé au début.

Trois jours après, l’ami et chef de service appelle Da Ali et lui demande de passer quand il veut. 
-Je ramène Latéfa ? 
-Non, non, pas aujourd’hui, dit l’ami. Je dois te parler en premier et seul !
Mais Da Ali ne se rend pas seul à l’hôpital. Hosni, venu d’Oran, décide de l’accompagner. Tarek le voudrait aussi, mais Houria lui a demandé de sortir avec Latéfa pour qu’elle change d’air. Cette dernière est d’humeur changeante. Toute la famille comprend que la maladie en est responsable et s’y adapte, en espérant que cela finisse par passer. Tous savent qu’ils sont nombreux à déprimer lors des traitements. 
Alors, on lui rappelle sa chance. Elle a une maladie qui “se soigne bien”. Elle est entourée de tous ceux qui l’aiment, en plus de ne manquer de rien. 
-Oui, aândek z’har ! Hamdi rebi ! Dans quelques mois, cet épisode de ta vie ne sera qu’un mauvais souvenir… On n’en reparlera que pour donner espoir aux autres ! Cette maladie est le fléau du siècle ! Win t’rouhi, tessemii bel mardh hadek. Allah yechfi koul mridh !
Houria ne dit jamais son nom, comme pour l’éloigner d’elle et de sa famille. 
-Inchallah, dit Latéfa. 
-Aya, dépêche-toi un peu !
-Tu veux à tout prix te débarrasser de moi !, s’écrie Latéfa. Depuis que j’ai repris avec lui, c’est à peine s’il rentre chez lui !
-À la bonheur ! Vivement que vous vous mariez ! Nethena menkoum !
-Merci maman chérie… Ça fait plaisir de le savoir ! Tarek ! Tu as entendu maman ? 
-Oui, vivement qu’on se marie et qu’on parte d’ici ! Sinon, on finira par me mettre à la porte ! Je te confie que si ta mère se plaint du fait que je traîne trop ici, ma famille se plaint de ne plus me voir ! 
-Les pauvres… Je les comprends ! Mais je ne veux pas sortir aujourd’hui ! Je suis fatiguée ! Je ne veux pas sortir, puisque je n’ai pas à faire l’échographie et le bilan pour la prochaine cure ! Je ne comprends pas pourquoi ils les ont reportés !
-Ils ont parlé de pénurie, d’un produit manquant à l’échelle nationale, dit Houria. J’ai dit à ton père de voir comment l’importer. Ils ne peuvent pas laisser les malades sans soins ! 
Elle l’ignore, mais cette pénurie tombe à point nommé pour eux et les arrange. Latéfa n’a pas à retourner au service oncologie. La pénurie leur permet de s’assurer qu’il y a bien eu une erreur.
À quelques kilomètres de là, dès qu’ils arrivent au bureau du chef de service, la secrétaire les introduit. Ils sont bien accueillis, mais ils remarquent tout de suite son visage fermé. 
-Alors ? demande Da Ali. Tu as du nouveau ? Ce sont de mauvaises nouvelles, c’est ça ? Qu’est-ce que tu ne pouvais pas me dire au téléphone ? 
-Mon ami, mon frère, je suis désolé, mais j’ai tout revu avec Dr G et toute l’équipe, on a constaté qu’il y a eu des dossiers mal rangés ! Comment est-ce arrivé ? Personne n’a la réponse ! 
-Donc, tu confirmes la faute professionnelle ?
-Oui, il y a eu deux graves fautes, deux dossiers ont été mélangés… Celui de Latéfa et un autre d’une autre personne… Dr G, qui n’avait jamais vu les malades, a appliqué le schéma…C’était l’autre qui devait avoir une ablation prophylactique sans reconstruction immédiate, car elle devait faire de la radiothérapie ! Je sais que c’est dur à entendre tout cela, mais ta fille a subi ce qui était prévu sur une autre ! 
Hosni bondit de son siège et contourne le bureau du professeur. Il le saisit par sa blouse et le relève d’un coup, et le secoue.
-Qu’est-ce que vous avez dit ? Elle a subi tout ça pour rien ? 
-Mon garçon… Écoute…
Da Ali, choqué, n’intervient pas. C’est le professeur qui est empoigné et secoué, mais c’est lui qui ne peut pas respirer. Il arrache plus qu’il n’ouvre les premiers boutons de sa chemise avant de s’affaler et de glisser de son siège. Hosni abandonne le professeur en le voyant. Il retourne près de lui, le redresse, lui tapote les joues.
-Papa ! Papa ! Le professeur et ami, remis de sa frayeur, bouge enfin et va s’occuper de lui, demandant à sa secrétaire d’appeler les urgences.

 

 

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