Des Gens et des Faits 79e partie

“COMME UN MIROIR BRISÉ”

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Taos M’HAND Publié 15 Novembre 2021 à 09:24

Résumé : Tarek tient compagnie à Latéfa qui n’est pas de bonne humeur. Elle refuse de sortir. Hosni a accompagné son père à l’hôpital. Le chef de service leur explique qu’une erreur rarissime a eu lieu. Deux dossiers ont été mélangés. Hosni perd son calme en comprenant que Latéfa a subi ce qui était prévu pour une autre malade. Il s’en prend à lui. Da Ali se sent mal.

-Comment te sens-tu ? As-tu mal quelque part ?
Da Ali secoue la tête. Il retire le masque à oxygène. On l’aide à se redresser sur le lit d’hôpital. Hosni soupire de soulagement. Il leur a donné une belle frayeur. Mais c’est compréhensible après toutes les révélations du professeur. 
-Pauvres filles, murmure-t-il, pensant plus à elles qu’à son malaise. Ce n’est pas juste ce qu’il leur est arrivé ! Comment vais-je dire à ma fille qu’elle est victime d’une faute professionnelle ? Elle se remet à peine à espérer, dit-il, en larmes. J’aurais dû écouter Houria ! Je n’aurais pas dû la ramener ici ! Wesh dani ?
-Il faut les dénoncer, dit Hosni. Nous porterons plainte ! Comment cela a-t-il pu arriver ? Les dossiers sont passés entre les mains de toute une équipe ! Je veux voir Dr G ! C’est elle qui les a massacrées !
-Non, dit Da Ali, en l’attrapant par la manche de sa chemise. C’est une erreur humaine… À la clinique privée, ils ont aussi dit que c’était un cancer invasif et qu’il n’y avait pas de temps à perdre ! Je suis aussi responsable que l’équipe qui est intervenue sur Latéfa !
-Non, non ! Tu n’étais pas au bloc opératoire ! Ils avaient les dossiers en main !  Elle devra rendre des comptes, elle et son équipe ! Il faut découvrir qui a mélangé les documents ! Ce n’est pas possible qu’à notre époque et avec tous les progrès faits, il puisse y avoir des erreurs ! Ils auraient pu les tuer ! 
-Les erreurs médicales sont fréquentes ailleurs, dit le chef de service, mais dans nos services, je peux vous jurer et vous prouver qu’elles sont rarissimes ! 
-Il fallait que ça arrive à ma sœur ! On l’a ramassée à la petite cuillère, insiste Hosni. Croyez-moi, ils vont le payer ! Je vais les envoyer derrière les barreaux ! Que vous soyez ami avec mon père ou pas ! 
Dès que Da Ali se sent mieux, ils retournent au bureau. Dr G les rejoint. Le chef de service l’invite à s’asseoir. Elle sait de quoi il retourne. 
-Je comprends votre colère, elle est légitime ! Sachez que je suis sincèrement désolée pour votre fille, commence-t-elle. C’est aussi dur pour moi et pour le reste de l’équipe, car personne ne peut expliquer ce qui s’est passé, où a été faite l’erreur et par qui, malgré le protocole sécuritaire médical… Tout comme vous, je me demande comment cela a pu nous échapper ! Je sais que mes propos ne changeront rien à la gravité des erreurs que nous avons faites, mais je tiens à vous le dire ! Je suis très sensible au cas de mes malades ! Cet échec involontaire me poursuivra toute ma vie !
-Mon père a failli mourir par votre faute !, s’écrie Hosni, en serrant les poings. Vous avez gâché la vie de deux femmes ! Je vous enverrai en prison et vous y crèverez ! 
Dr G a pâli, mais elle ne perd pas son calme, même s’il lui fait un peu peur. Elle le comprend. Et elle tente de lui expliquer. 
-Encore une fois, je regrette cette erreur ! Lorsque j’ai reçu cet appel, en pleine nuit, j’ai tout de suite accepté de le remplacer, car il y a des malades qui ont attendu des semaines, voire deux ou trois mois pour être opérées ! La déprogrammation des interventions leur aurait fait encore plus de temps. J’avais agi en mon âme et conscience et je ne pouvais pas me douter que j’aurais à le regretter aujourd’hui ! 
-Qu’est-ce qu’on dira à Latéfa en rentrant tout à l’heure ? 
-La vérité, dit le chef de service et ami. Je vous accompagnerais. Si vous voulez, je demande à la psychologue de la voir. 
-Je peux aussi lui parler, propose Dr G. Je suis sûre qu’elle m’écoutera. Donnez-lui mon numéro.
-Vous pouvez y aller, dit le chef de service. 
Dr G se lève et s’excuse une nouvelle fois, ce qui a irrité Hosni qui lui bloque le passage. 
-Ne croyez pas que vous allez vous en sortir avec vos excuses et vos regrets ! Vous payerez pour vos erreurs ! 
Da Ali lui demande de se calmer. Ils laissent partir Dr G. Un silence pesant règne dans le bureau. Hosni contient difficilement sa colère. 
-Papa, il faut qu’on rentre !
Le chef de service veut les accompagner, mais Hosni refuse, il prend le bras de son père. La confirmation de la grave erreur lui donne un coup de vieux. Hosni prend le volant. Il ne cesse de taper sur le volant de colère et d’impuissance. 

 


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