Des Gens et des Faits 48e partie

L’ éternelle blessure

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Taos M’HAND Publié 08 Février 2021 à 21:32

RésuméOn sent  le danger tout proche.  Personne  n’est à l’abri.  Anissa découvre qu’on a laissé une lettre de menaces adressée aux enseignantes. On leur ordonne de porter le voile. L’oncle Hamid lui conseille de le porter. Il décide de ne pas venir et leur demande d’éviter les voyages inutiles en attendant des jours meilleurs. Quand elle le peut, elle consacre du temps à son amie. Elles passent des heures au téléphone.

-C’est dur de vivre sans lui. Quand je me suis crue enceinte, j’étais à la fois heureuse et angoissée. Finalement, c’était un kyste. Je ne l’ai pas dit à ma famille, mais j’attends les résultats de la biopsie dans quelques jours. 
-Ne t’inquiète pas, ils ne trouveront aucune anomalie, la rassure Anissa. Pars seulement à ton contrôle à temps. Prends soin de toi mon amie. 
-Heureusement que tu es là pour m’écouter. J’ignore ce que je deviendrais sans toi, sans tes conseils.
Anissa en profite pour la pousser à reprendre son poste dès la fin de son arrêt de travail. 
-Cela te fera du bien de voir du monde et de changer d’ambiance. Dès que je pourrais, je viendrais. Normalement, ma belle-famille retourne au village. 
-Tu ne t’entends pas avec eux ?
-Si, on a une bonne relation, répond Anissa. Ils sont habitués au rythme du village, à se lever tôt, à travailler en extérieur leur jardin, à garder leurs brebis. Vivre en ville n’est pas fait pour eux, leur liberté leur manque. Au village, tous se connaissent et ils ne risquent rien la journée. Ici, avec l’insécurité qui règne, ils ne sortent presque pas. Et puis, leurs familles sont là-bas.
-Alors, ils seront heureux de les retrouver.
-Je ne tarde pas, ils ne sont pas encore couchés. 
Elles se souhaitent bonne nuit. Anissa va prendre les cadeaux qu’elle a préparés et les leur remet. 
-Ce sera pour vous rappeler de moi. Si vous avez besoin de quelque chose, je peux toujours demander à Nedjmeddine de l’acheter. 
Mais tous refusent, ils la remercient pour sa gentillesse et son sens de l’hospitalité. 
-Il faudra venir au village, cela vous fera du bien, même s’il y a la menace des terroristes, elle sera moindre qu’ici, même Nedjmeddine sera moins exposé. Vous feriez bien même de venir vous installer chez nous. On mangera de l’eau et du pain, l’essentiel est que vous ne risquiez plus votre vie.
Anissa n’est pas surprise qu’ils reviennent sur le sujet. Elle comprend leur peur, elle leur promet d’y réfléchir. 
-Nous viendrons pour les vacances.
-Ou pour les mariages des filles, elles seront mieux chez leurs maris.
-Si elles ne sont pas en sécurité chez leur famille, je ne crois pas qu’elles puissent l’être ailleurs. J’aurais aimé que vous acceptiez ma proposition de les mettre dans un centre de formation, dit Anissa qui regrettait de n’avoir pas pu nouer une vraie relation avec elles, parce qu’elle ne maîtrisait pas le kabyle. Vous pouvez encore y réfléchir. Elles ne manqueront de rien ici. 
Mais ses beaux-parents restent sourds à sa proposition. Anissa est bien triste à leur départ. Nedjmeddine a chargé un ami de les emmener au village. Le silence de l’appartement lui donne la chair de poule. Elle ne touche à rien. Pas même aux cahiers de ses élèves. Nedjmeddine est perdu dans ses pensées. Anissa remarque qu’il s’est mis à fumer. 
-Ah non ! Quand on s’est mariés, tu ne fumais pas, dit-elle en ouvrant les fenêtres. Mais qu’est-ce qui te prend ? Mais depuis quand tu fumes ? 
-Quelques jours, mais je ne me rappelle pas depuis quand, désolé…
Anissa se frotte les yeux. Elle se sent mal en point, elle va à la salle de bain difficilement, se rafraîchit le visage, mais l’odeur l’a indisposée. 
-Ça va ?, demande Nedjmeddine après avoir frappé à la porte. Ouvre-moi.
Anissa s’exécute, puis s’appuie au lavabo, le visage défait.
-Je ne me sens pas bien.
Nedjmeddine a juste le temps de la rattraper lorsqu’elle perd connaissance. Il la porte au salon et cherche le numéro d’un médecin de la police. Il lui demande de faire vite…
 

(À SUIVRE)
T. M.

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