Des Gens et des Faits 50e partie

L’ éternelle blessure

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Taos M’HAND Publié 10 Février 2021 à 19:17

Résumé :  Nedjmeddine a cru devenir fou avant qu’elle ne revienne à elle. Le médecin arrive et l’examine rapidement. Il recommande à son ami de l’emmener chez une gynécologue. Il pense qu’elle est enceinte. La gynécologue confirme avec une échographie qu’Anissa attend de faux jumeaux. 

-Je n’arrive pas à y croire. On va avoir un garçon et une fille, s’écrie Nedjmeddine. Omri, tu te rends compte ?
- Mais on ignore encore si ce sont deux garçons ou deux filles, lui rappelle-t-elle. Tu ne peux pas parler de garçon et de fille. Même si j’aimerais bien. 
- Peu importe. Garçon et fille, deux garçons ou deux filles. Mon rêve va se réaliser. Dommage que ma famille soit partie. Ils auraient été heureux pour nous. 
- Ils l’apprendront bien un jour. Je préfère qu’on le garde pour nous, le temps de voir s’ils vont bien se tenir, dit-elle. On ne sait jamais. Je ne voudrais pas leur donner une fausse joie. 
- Mais tu es enceinte et tu attends deux bébés. Tu es déjà à deux mois. Demain, tu feras ton bilan sanguin. Après, il faudra te ménager, conseille-t-il. Je tiens à ce que tout se passe bien. Que tu n’en souffres pas. 
- Mon cher, tu devras renoncer à la cigarette. C’est à cause d’elle que je me suis sentie mal, lui rappelle Anissa. Tu ne fumeras plus. 
- J’arrêterai volontiers. Mais si j’en ai envie, je fumerai dehors, promet-il. On verra bien si tu auras d’autres signes. Ou si c’est juste certaines odeurs. 
Le reste de la journée se passe comme dans un rêve. Sarah, avec qui elle a l’habitude de parler chaque jour, l’appelle à un moment où elle a des nausées. 
- Ce n’est pas mon jour, lui confie-t-elle. Je ne supporte pas l’odeur des cigarettes et même celle du café. Depuis qu’elle m’a confirmé que je suis enceinte, je n’arrête pas d’avoir envie de vomir. 
- Enceinte ? C’est magnifique ! Depuis quand ?
- J’en suis à deux mois. J’espère que ça va vite passer sinon je ne tiendrai pas jusqu’au dernier mois. 
- Repose-toi et mange tout ce dont tu as envie. On dit qu’une femme enceinte ne doit jamais se priver. 
- Oh non !, réplique Anissa. Je suis enceinte de jumeaux. Si je n’arrête pas de manger, je serai énorme. 
- Des jumeaux ? Félicitations mon amie ! Je suis vraiment contente pour toi. Inchallah tout se passera bien, souhaite Sarah, en pleurant. Si Djalil n’était pas mort, on se serait mariés et on aurait eu des enfants. Maudits soient les terroristes qui me l’ont pris. 
- Sarah, prie pour son repos. Ma chérie, ce n’est pas bon que tu ressasses ça tout le temps. Tu as besoin d’avancer dans la vie. Reprends ta vie en main. J’ai besoin que tu sois forte. Je vais avoir besoin de toi. 
- Ne m’en veux pas. 
Sarah n’aurait jamais tenu le coup sans la présence morale d’Anissa. Elle se ressaisit. Elle le lui doit bien. Les jours et les semaines passent vite sans qu’Anissa ne voie les signes s’atténuer. Parfois, elle est si mal que la gynécologue décide de l’arrêter. À deux reprises, elle a été hospitalisée. À force de vomir, elle a des carences qui lui sont supplémentées à l’hôpital. Elle est si faible que son oncle vient la chercher. 
- Nedjmeddine, mon grand, ne le prends pas mal. Elle a besoin qu’on prenne soin d’elle. Toi, tu es sur le terrain et ta famille est loin. Je préfère l’avoir à la maison jusqu’à ce qu’elle aille mieux. 
- Dès qu’elle sera sur pied, je tiens à ce qu’elle revienne. 
- Concentre-toi sur ton boulot et reste prudent. Dans quelques semaines, tu seras papa. 
- Inchallah. 
Nedjmeddine ne le leur a pas dit, mais il a déposé une demande de mutation. Il ne sait pas dans quelle région il sera affecté. Les trois villes qui lui ont été proposées ne connaissent pas plus de tranquillité qu’à Chlef, mais il tient à partir vers une ville où ils seront incognito et où il fera bon d’y vivre eux et leurs enfants. Le temps passe vite. Anissa a du mal à se déplacer. Elle a mal au dos en plus de vomir à chaque fin de repas. Elle est pâle et affaiblie. Nedjmeddine a de la peine à la voir dans cet état. 

(À SUIVRE)
 T. M.
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