Des Gens et des Faits 57e partie

L’ éternelle blessure

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Taos M’HAND Publié 19 Février 2021 à 20:16

Résumé : Anissa est bouleversée par la nouvelle. Nedjmeddine ne lui a rien dit pour ne pas l’inquiéter. Elle s’occupe de ses bébés, mais elle ne cesse de penser à ce qui pourrait arriver. Son oncle la prie de positiver, mais comment ? Nedjmeddine ne donne pas signe de vie.

Anissa pense que son mari a fait le mauvais choix en demandant sa mutation. Ils auraient mieux fait de rester à Chlef, là-bas, elle avait ses connaissances et Oran n’était pas aussi loin. Ici, ce n’est pas le Paradis. Depuis qu’ils sont installés ici, elle n’est plus jamais sortie. Nedjmeddine s’était chargé de faire le ravitaillement pour plusieurs semaines. Il craignait tellement pour sa vie qu’il lui avait demandé de ne jamais fréquenter les voisines. 
Elle est plus seule que jamais. Chaque quart d’heure, elle appelle au commissariat. Nedjmeddine demeure injoignable. Elle ignore à qui s’adresser pour avoir des nouvelles, sa patience est mise à l’épreuve. 
Lorsque le téléphone sonne, elle décroche à la première sonnerie. Elle est déçue, ce n’est pas son mari, Sarah voudrait avoir de leurs nouvelles. 
-Je suis à la maison à attendre qu’il rentre. Cela fait deux jours qu’il est parti. Je suis en train de devenir folle. 
-Calme-toi, il t’avait prévenue qu’il serait retenu ?
-Oui, mais jamais il n’est resté aussi longtemps absent et surtout, il n’a pas appelé une seule fois, dit Anissa. Je ne sais plus quoi faire. Quand j’appelle au commissariat, personne ne peut me renseigner.
-Ils ne te diront rien au téléphone, tu ne connais pas le secret professionnel ? 
-Si, si… Mais avec le contexte actuel, j’ai peur qu’il lui soit arrivé malheur, murmure Anissa. Je regrette de ne pas l’avoir forcé à abandonner. J’aurais dû le harceler, lui faire du chantage affectif pour qu’il change de métier.
-Dès le début, on savait dans quoi on s’engageait avec eux, lui rappelle Sarah. J’espère que tu ne le perdras pas. Je ne supporterais pas de te voir souffrir, qu’Allah les protège.
-Incha Allah. Sarah, les bébés pleurent, je dois raccrocher. 
-On se rappelle plus tard. 
Anissa le lui promet. Alors qu’elle est en train de changer les bébés, on frappe à la porte avec insistance. Elle est surprise de trouver ses beaux-parents et un cousin germain. 
-Bonjour, soyez les bienvenues. 
Ils l’en remercient et entrent. 
-J’ignorais que vous aviez notre nouvelle adresse, dit-elle. Je n’attendais personne, excusez le désordre. 
Elle n’ose pas le leur dire, mais depuis que Nedjmeddine n’a plus donné signe de vie, elle s’est juste contentée de s’occuper de ses bébés. 
-Donnez-moi quelques minutes, j’étais en train de changer les bébés. 
Fathma la suit dans la chambre et lui donne un coup de main.
-Ça va ? 
-Je suis fatiguée. Ce n’est pas pour t’inquiéter, mais Nedjmeddine n’est pas rentré depuis deux jours. J’ai l’impression que cela fait une éternité depuis qu’il est parti.
-Oui, on le sait, il a appelé son cousin au village pour nous demander de venir vous chercher. On marie officiellement la grande avec mon neveu.
-Ah ! Et pourquoi il n’a pas appelé ici ? Qu’est- ce qui le retient ?
-Il a dit qu’il est avec le chef de sûreté et qu’il ne rentrera pas avant une semaine. La fête aura lieu le jour de son retour. S’il te plaît, il faudrait que tu prépares vos affaires pour qu’on reprenne la route avant le couvre-feu.
Anissa voudrait attendre le retour de son mari. 
-Je voudrais voir Nedjmeddine avant de partir. 
Lorsque le téléphone sonne, elle va répondre, c’est Nedjmeddine. Elle est heureuse de l’entendre, mais elle a aussi envie de l’étrangler pour toutes ses angoisses. 
-Je suis en mission, je ne peux pas tarder, mes parents vont venir te chercher, pars avec eux, je vous rejoindrai.
Elle n’a pas le temps de protester qu’il a déjà raccroché. Elle soupire et se résigne à partir sans l’avoir revu.

 


(À SUIVRE)
 T. M. 

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