Des Gens et des Faits 67e partie

L’ éternelle blessure

  • Placeholder

Taos M’HAND Publié 03 Mars 2021 à 08:46

Résumé :  L’oncle Hamid n’abandonne pas. Il s’explique, tente de la convaincre de prendre son temps. Elle regrettera d’avancer tête baissée, mais elle est décidée. Elle sait combien il l’aime, et n’hésite pas à lui demander de l’aide avant de raccrocher. Elle prend des affaires, les objets précieux et les albums à photos. Le survêtement de Nedjmeddine porte encore son odeur. Anissa le pleure, elle maudit ceux qui le lui ont pris.

“Allez ! Retrousse tes manches, tu ne peux pas laisser l’appartement dans cet état, se dit-elle. Personne ne le fera à ta place”. Anissa, même si elle n’est pas en forme, se met à faire du rangement et nettoie ce qui tombe sous sa main. Elle ne ferme pas l’œil de toute la nuit. Le matin, elle appelle au commissariat. L’ancien secrétaire de Nedjmeddine lui a parlé d’un taxieur de confiance qui pourrait l’emmener au village. 
-Il attend juste mon coup de fil. Il sera là, dans un quart d’heure. Soyez prête.
-Merci.
-Bon voyage.
Anissa raccroche et va mettre ses affaires devant l’entrée. Elle ferme les volets, les portes des chambres, et quand elle tire la porte d’entrée, derrière elle, elle a mal au cœur. Elle ferme à clef sur son ancienne vie, sur les doux souvenirs qu’ils avaient avant qu’il ne soit assassiné. Les beaux jours sont derrière elle. Nedjmeddine a emporté avec lui les rires, les émerveillements et tout ce qui peut l’éblouir et lui arracher un soupir de bonheur. 
“Si seulement je pouvais te ressusciter et te garder près de nous. Je ne sentirais pas le temps passer qu’il soit bon ou mauvais. Je doute d’avoir la force de continuer à aimer la vie, même si nos enfants restent ma seule raison d’être.”
Des coups de klaxon la tire de ses sombres pensées. Elle entend quelqu’un l’appeler dans la cage d’escalier. 
-J’arrive ! 
Le taxieur est monté l’aider à descendre ses affaires. 
-Salem âalikoum. Elbaraka fikoum inchallah. Qu’Allah vous donne la patience et vous garde vos enfants. 
Anissa le remercie. Elle essuie ses larmes et le suit, s’accrochant à la rampe d’escalier. 
-Regardez où vous mettez les pieds. Je ne voudrais pas que vous ayez un accident. La vie vous a assez éprouvée comme ça. Vos enfants vous attendent. 
-C’est vrai, reconnaît-elle en descendant prudemment. 
“Arrête de penser à tout ce qu’on t’a enlevé et au passé. Concentre-toi sur le présent et sur ce qu’il t’a laissé”.
Ils ne tardent pas à prendre la route. Le taxieur a mis la radio et la voix douce de l’animatrice berce Anissa qui finit par s’assoupir pendant un long moment. Arrivés au village, il la réveille. 
-Dites-moi par où passer. 
Anissa le guide. Quand ils se garent devant la vieille maison, son beau-père sort de la cour. Anissa a le tournis dès qu’elle descend. Elle s’accroche à la portière. 
-Salam âalikoum, dit le taxieur en sortant les valises de la malle. Elle n’a pas supporté le voyage, lui fait-il remarquer. Je crois qu’elle a besoin d’aide.
Brahem aide Anissa à entrer à l’intérieur. Elle veut demander des nouvelles de Mahmoud et Zoubida, mais le malaise persiste. Il l’aide à s’asseoir dans la cour. Anissa se sent étouffée. Elle enlève son foulard et ouvre sa veste. 
-Comment vont mes bébés ? Est-ce qu’ils ont bien pris leurs biberons ? Est-ce qu’ils ont bien dormi ?
-Oui, oui, ne pense pas à eux, ils vont bien. Pense à toi. Depuis quand es-tu comme ça ?
-Depuis hier, je n’ai pas dormi de toute la nuit, confie-t-elle. J’ai encore mal au cœur.
-Je vais te préparer un jus de citron, cela te passera vite.
Anissa se traîne jusqu’à sa chambre. Elle est heureuse de voir ses bébés dormir paisiblement sur son lit. Elle s’étend près d’eux, elle ne peut s’empêcher de leur caresser les joues.
-Mes petits amours, maman est revenue. Sa belle-mère la rejoint avec un verre de jus. Anissa la remercie, elle le boit d’un trait, impatiente d’être sur pied.
-Alors ? Qu’as-tu fait ? Tu as pu régler tes problèmes ?
Anissa lui fait signe de patienter un peu, elle a envie de tout sauf de parler.

 


(À SUIVRE)
 T. M. 

[email protected]
Vos réactions et vos témoignages sont les bienvenus.

  • Editorial Un air de "LIBERTÉ" s’en va

    Aujourd’hui, vous avez entre les mains le numéro 9050 de votre quotidien Liberté. C’est, malheureusement, le dernier. Après trente ans, Liberté disparaît du paysage médiatique algérien. Des milliers de foyers en seront privés, ainsi que les institutions dont les responsables avouent commencer la lecture par notre titre pour une simple raison ; c’est qu’il est différent des autres.

    • Placeholder

    Abrous OUTOUDERT Publié 14 Avril 2022 à 12:00

  • Chroniques DROIT DE REGARD Trajectoire d’un chroniqueur en… Liberté

    Pour cette édition de clôture, il m’a été demandé de revenir sur ma carrière de chroniqueur dans ce quotidien.

    • Placeholder

    Mustapha HAMMOUCHE Publié 14 Avril 2022 à 12:00