Des Gens et des Faits 72e partie

L’ éternelle blessure

  • Placeholder

Taos M’HAND Publié 08 Mars 2021 à 21:51

Résumé  Anissa a la confirmation qu’elle est enceinte. La nouvelle les réjouit un moment. Ils pleurent tous en se rappelant que Nedjmeddine ne sera pas là à sa naissance. Warda demande pardon à Anissa de les avoir privés de Nedjmeddine. Anissa lui rappelle qu’elle a tenu à élever ses enfants entourés de leur famille, car ils seront les seuls à pouvoir faire vivre son doux souvenir. Devant libérer le logement de fonction, ils partent le vider, Anissa prend toutes ses affaires.

Sa vie prend un nouveau tournant lorsqu’elle obtient un logement social quelques jours après.
-C’est à croire qu’un ange veille sur nous, dit Fathma. Louanges à Dieu, nous pourrons vivre dans un logement décent. La maison commence à fissurer.
-Ne t’inquiète pas, fissurée ou pas, vous allez vivre avec moi, la rassure Anissa. Vous allez vous reposer. Lila pourra faire une formation, le centre culturel n’est pas loin du quartier. Elle apprendra un métier. Tu seras fière d’elle, mais n’oublie pas d’insister auprès de la famille pour que leurs filles en fassent autant. Nous pouvons même les accueillir.
-Inchalla Allah ya Rabbi. Qu’Allah te garde pour tes enfants. Quand est-ce qu’on pourra y emménager ?
-Je dois récupérer les clefs cette semaine. Nous commencerons à ranger nos affaires, décide Anissa avant d’aller câliner ses bébés qui ne cessent de gazouiller dans leur berceau. 
Mes amours, vous aurez votre propre chambre et un coin plein de jouets. Je vous aime tant. 
Le cœur serré, elle regarde le portrait de Nedjmeddine. 
-C’est toi l’ange qui veille sur nous, je t’en prie, aide-moi à protéger nos bébés. Si tout se passe bien, le mois prochain, notre famille s’agrandira. Si tu ne m’avais pas soufflé le prénom, je lui aurais donné le tien, lui dit-elle, comme s’il pouvait l’entendre. Je t’aime tant. Est-ce que je te l’ai assez dit ? Pas assez, je crois… Nedjmeddine, je ne t’oublie pas, il ne se passe pas un jour sans que je pense à toi. En fait, tout me ramène à toi.
Des coups à la porte de la chambre, l’interrompt. Sa belle-mère entre, la mine triste. 
-Ma fille, je crois que ce ne sera pas possible. Ton beau-père ne veut pas quitter la terre de ses ancêtres, il tient à garder ses brebis. Il prétend qu’il ne pourra rien faire au village. 
Anissa se doutait que la nouvelle ne l’enchanterait pas. Elle se rappelle les avertissements de son oncle. Il a vu juste dès le début. Son beau-père gâche sa joie. 
Elle manque de se mettre en colère. La main sur son ventre, elle respire profondément. Elle n’allait pas céder. S’il y a bien une chose que personne ne peut faire, c’est la forcer. L’unique personne en ce bas monde qui avait ce pouvoir est son oncle, et il n’a pas tenté une seule fois d’en profiter.
-Nous, nous partirons, lui dit-elle. S’il veut rester c’est son droit, mais il ne peut pas nous imposer de vivre dans cette maison de pierre et de terre parce qu’elle a une valeur affective pour lui. J’ai besoin de me rapprocher de mon travail, de la polyclinique, de la poste... Notre vie sera plus confortable, je veux que vous en profitiez aussi. N’avez-vous pas assez souffert de la rudesse de votre vie ici ? Chaque être aspire à mieux, même vous, vous y avez droit. Je t’en prie, harcèle-le jusqu’à ce qu’il abandonne cette folie, car, il faudrait être fou pour rester ici. C’est l’occasion en or pour ta fille et toi d’avoir une vie meilleure. 
-Calme-toi, murmure Fathma. Ce n’est pas bon pour le bébé, je lui parlerais plus tard.
Mais Brahem les rejoint, poussant la porte. 
-Non, vous resterez ici, dit-il en haussant le ton, le visage fermé. Nous ne sommes pas faits pour vivre au village, et dans un appartement ! Nous sommes habitués à l’air pur, à la verdure.
-Mon oncle avait raison. Je ne vais pas me quereller avec vous. Cet appartement m’appartient.  Mes bébés et moi partirons d’ici, la semaine prochaine et vous pourrez venir quand vous voulez. Si vous ne voulez pas m’aider, j’appellerais demain mon oncle. Il est au courant et très heureux pour nous. Il viendra nous aider, je ne suis pas aussi seule que vous le croyez. J’ai  Allah et ma famille de mon côté.
 

(À SUIVRE)
T. M.

[email protected]
VOS RÉACTIONS ET VOS TÉMOIGNAGES SONT LES BIENVENUS

 

  • Editorial Un air de "LIBERTÉ" s’en va

    Aujourd’hui, vous avez entre les mains le numéro 9050 de votre quotidien Liberté. C’est, malheureusement, le dernier. Après trente ans, Liberté disparaît du paysage médiatique algérien. Des milliers de foyers en seront privés, ainsi que les institutions dont les responsables avouent commencer la lecture par notre titre pour une simple raison ; c’est qu’il est différent des autres.

    • Placeholder

    Abrous OUTOUDERT Publié 14 Avril 2022 à 12:00

  • Chroniques DROIT DE REGARD Trajectoire d’un chroniqueur en… Liberté

    Pour cette édition de clôture, il m’a été demandé de revenir sur ma carrière de chroniqueur dans ce quotidien.

    • Placeholder

    Mustapha HAMMOUCHE Publié 14 Avril 2022 à 12:00