Des Gens et des Faits 13e partie

“Le poids des tabous...”

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Adila KATIA Publié 01 Décembre 2021 à 08:51

Résumé : Lyès et Lynda ne se voient pas durant les vacances, son amour la ronge. Elle maigrit, sa grand-mère l’attribue aux misères que lui font ses frères. Ourida ne lui cache pas son inquiétude. Loin d’eux, sans surveillance, Lynda et Lyès peuvent tout faire, Hadja Taos lui recommande la prudence.

-Tu m’as manqué mon amour.

Lynda est heureuse de découvrir Lyès à la gare routière. Il est venu l’y attendre. De joie, elle ne se retient pas d’aller se blottir dans ses bras qu’il lui tend. Il lui a manqué plus qu’elle n’aurait cru cela possible. Jamais elle n’a pensé qu’on peut aimer aussi fort et que cela puisse lui arriver. 
-Comment vas-tu, lui demande-t-elle.
-Le temps m’a semblé si long sans toi. À chaque coin de rue, au restaurant où nous avons l’habitude de nous retrouver, j’espérais te voir surgir, lui dit-il, seule la nuit apaisait ma douleur. J’ai rêvé de toi chaque nuit !
-Moi, j’avais perdu l’appétit et le sommeil, au point que cela a inquiété ma famille ! Maintenant c’est du passé ! 
-J’ai une surprise pour toi ! Ferme les yeux, lui dit-il en la guidant vers la sortie de la gare.
-Une surprise ? Djamila t’a accompagné ? 
-C’est mieux qu’une belle-sœur !, réplique Lyès. Elle est plus serviable ! 
-Ne me demande pas de deviner. Je peux ouvrir les yeux ? 
-Attends que je te le dise !
Lynda entend un bruit de clefs qu’on brandit. Lyès joue avec.
-Tu peux !
Lorsqu’elle ouvre les yeux, elle ne comprend pas.
-Où est la surprise ? 
-Devant toi !, répond Lyès en s’appuyant à une voiture noire. Elle ne te plaît pas ? 
-Tu as acheté une voiture ? Mais pourquoi ? Tu travailles juste à côté de chez toi.
-Oui, mais pour te voir, il faut que je quitte le bureau plus d’une heure avant et pour y retourner, c’est un autre calvaire. Maintenant que je suis véhiculé, ce sera un autre moment de plaisir ! Allez ! monte.
Lyès a ouvert la portière et la pousse à l’intérieur. 
Lynda le regarde mettre son cabas à l’arrière avant de prendre place, près d’elle. Il ne démarre pas tout de suite, il en profite pour la regarder. 
Il l’aime, il l’adore. Pour elle, il est prêt à tout faire pour son bonheur. Il la regarde comme s’il n’aurait plus jamais l’occasion de la revoir. 
-Pourquoi me regardes-tu comme ça ? Tu me mets mal à l’aise, lui dit-elle. Je veux aller à la cité, pour y déposer les affaires et après, si tu veux, on se verra ! 
-D’accord ! mets-nous un peu de musique lui demande-t-il. Ce qui te plaît.
Lynda choisit une mélodie douce. 
Elle se calme un peu, elle respire un peu mieux. 
Le temps de quelques secondes, elle a eu la sensation d’étouffer, effrayée dans le fond par ce qu’elle a vu.
Son regard brillant fixé sur elle l’a transformée. Il lui a semblé comme fou.
Mais ça a été si rapide qu’elle pense maintenant l’avoir imaginé.
-Et si on allait déjeuner avant ?, lui propose-t-il. Je n’en ai pas eu le temps, ce matin ! J’étais dès 8h à la gare routière. Il est déjà 11h et demie, qu’en dis-tu ? 
-Puisque tu as faim, allons-y maintenant !
Lyès décide qu’ils déjeuneront à Sidi-Fredj. Lynda y vient pour la première fois. L’endroit lui plaît beaucoup. 
Au restaurant où ils s’attablent, les couples à y déjeuner sont nombreux. Tous ont le regard amoureux, certains ne se lâchent pas des yeux et des mains. 
Lyès qui est assis en face d’elle change de place et va s’asseoir près d’elle. Il passe un bras sur les épaules de Lynda qui a un geste de recul. Elle n’est pas habituée à ce qu’il se tienne si près d’elle.
-Lyès ! Voyons, arrête !
Son visage est tout près du sien. Quand il se penche, elle peut sentir son souffle sur sa joue. 
Elle comprend qu’il veut l’embrasser, elle détourne la tête, croyant qu’il comprendrait, mais il ne s’arrête pas. Il l’embrasse dans le cou. Lynda le repousse violemment et quitte le restaurant. 
Elle est effrayée, elle marche vers la mer, tenant à mettre de la distance entre eux.
Mais Lyès la rejoint tout de suite, nullement calmé. 
Il a dans les yeux cette lueur qu’elle a aperçue à son arrivée. Cette lueur ne la rassure pas quant à ses intentions.

 


À suivre


 
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