Des Gens et des Faits 29e partie

“LE SERMENT”

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Taos M’HAND Publié 21 Avril 2021 à 21:39

Résumé : Djamel garda espoir jusqu’au bout. En regardant les photos, il ne reconnut personne. Le chef de la gendarmerie lui parla des rares objets trouvés sur eux, en particulier, une boucle d’oreille en or. Lorsque Djamel vit la photo, il la reconnut. Il en avait fait cadeau à Djamila, les prenant de la boîte à bijoux de sa mère. La réalité est dure à accepter. Il traîna dehors, but jusqu’à l’ivresse. Les agents chargés de le suivre, l’emmenèrent chez lui. Meriem devina qu’il était arrivé malheur.

-Sbar ya wlidi… Du calme ! Patience.
Elle pleurait avec lui. Même ivre, à moitié endormi, il ne cessait de verser des larmes. Il s’accrochait à sa main qu’il gardait sous sa joue. Elle était bouleversée, ramenée malgré elle au jour où on s’en était pris à son mari et à son chauffeur. Leur vie et leurs rêves avaient été détruits ce jour-là. Et ce soir, elle sentit que la vie de son cadet en avait pris un coup. Elle avait toujours su qu’il gardait espoir de retrouver sa bien-aimée. Lorsqu’elle avait appris la découverte des cadavres, elle avait tout de suite pensé à Djamila. 
-Allah, donne nous la patience. Guéris-nous de nos plaies.
Dans le silence de la nuit, on pouvait entendre leurs sanglots. 
-Yemma ? Qu’est-ce qui se passe ?
Baya et Feriel étaient venues dans la journée lorsqu’elles avaient su que Djamel rentrait à la maison. Mounir les avait prévenues. Elles avaient veillé tard pour le voir avant d’aller dormir. 
-Djamila…
Meriem n’avait pas besoin d’en dire plus. Elle laissa Djamel et sortit de la chambre, fermant la porte derrière elle. 
-Le pauvre, dit Feriel. Il l’aimait vraiment.
-Nous savons tous que ceux qui sont enlevés, s’ils ne reviennent pas au bout de quelques mois, c’est qu’ils sont morts. S’ils n’abandonnent pas les cadavres sur les routes, ils les enterrent à moitié. Qu’Allah nous vienne en aide. J’ai peur pour lui. 
Elles eurent la chair de poule lorsque l’écho de versets coraniques s’échappa de la chambre de Djamel. Elles le rejoignirent et elles veillèrent avec lui le reste de la nuit. Fayçal sous l’effet des somnifères, ignorait que Djamel avait perdu sa petite amie. Mais comme ses filles, il avait douté de cette fin tragique.
Il tenta de lui parler, mais Djamel gardait le silence. Il avait dessoulé. 
-Prie pour son salut. Je sais que ce n’est pas facile, mais tu dois être fort, tu es le seul fils qui nous reste. Nous ne voulons pas te perdre.
-Tu me parles comme si toi, tu étais fort ! 
-Je m’accroche à la vie parce que vous êtes là, dit Fayçal. Je sais combien c’est dur. Je n’arrive pas à m’en remettre mais toi, tu es jeune. Tu as la vie devant toi.
-De quelle vie tu parles ? Considère-moi comme mort.
-Non, ne dis pas ça.
Djamel prit sa veste et partit sans même dire un mot à sa mère et à ses sœurs. Même s’il n’avait pas pris ses affaires, Meriem savait qu’il ne reviendra pas. Elle pria Baya d’appeler son petit ami.
-Dis-lui qu’il vient de partir. Peut-être qu’il pourra le rattraper ? Faire du chemin avec lui ? Ils pourraient être amis. Mounir pourrait le raisonner, espérait la mère tout en ouvrant le sac de Djamel. Mais qu’est-ce que c’est que ça? 
Elle venait de tomber sur des pilules et un flacon à moitié vide de petits comprimés. 
-Alors comme ça, il se drogue.
Elle paniqua. S’il en était dépendant, comment réagira-t-il s’il était en état de manque ? Le terrible choc de la veille et le chagrin qu’il éprouvait allaient l’achever. Elle se mit à prier pour lui. Elle se sentait si impuissante.
 

(À SUIVRE)
T. M.

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