Des Gens et des Faits 36e partie

“LE SERMENT”

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Taos M’HAND Publié 01 Mai 2021 à 17:34

Résumé :  Mounir insistait pour se marier rapidement. Il tenait aussi à ce que Djamel l’aide dans le choix de la bague de fiançailles. Ils entrèrent dans la première bijouterie. Djamel lui proposa de prendre les alliances et tint à régler la facture. Mounir remarqua qu’il avait beaucoup d’argent sur lui, il lui demanda de parler à son patron. Lui aussi voulait un travail qui paye bien. Ils se séparèrent. Mounir feint de partir, il revint sur ses pas pour le suivre.

-Je te dis qu’on ne peut pas lui faire confiance. Hier soir, il a tout fait foirer. Il devait mourir hier soir, mais par sa faute, je n’ai pas pu l’achever. Les journaux du soir parlent d’un attentat raté. 
-Je croyais qu’il était mort, se défendit Djamel. J’avais son sang sur les mains, mes vêtements en sont pleins. Je le croyais mort. Alors comme ça, il était inconscient. 
Hadj Said décida qu’il ne devait plus traîner dans la région. 
-Pour ta sécurité, tu ne retourneras plus chez toi. Fini les études. D’ailleurs, tu te rendais rarement à la fac.
-Mais je révise avec mes camarades. Je ne raterais pas les examens, dit Djamel. Si vous vous inquiétez du fait qu’il ait pu me voir, il faisait nuit, il ne me reconnaîtra pas.
-Je ne veux prendre aucun risque. Tu vas rejoindre le groupe armé, trancha Hadj Said. Ton combat se fera dans l’obscurité. Tu vas récupérer tes affaires et partir. Sauf si tu veux finir tes jours en prison ?
Djamel fronça les sourcils. Il était dépassé par la situation, il imaginait la prison et le régime carcéral. Jamais il n’en ressortira vivant. 
-Je ne veux pas aller au maquis. Ce n’est pas pour moi.
-Mais tu n’as pas le choix. Si tu restes ici, les forces de l’ordre s’en prendront à toi. Ils doivent avoir ton portrait. À leurs yeux, tu es un terroriste à abattre. Maintenant, tu es des nôtres. Accepte-le, sinon tu le regretteras.
Djamel se tint les côtes, en s’asseyant. Il vit flou, proie à un mal de tête. Son cœur palpitait d’angoisse, hadj Said remarqua sa pâleur. 
-Je crois que tu es devenu accro.
Djamel n’en avait pas vraiment conscience, mais il dépendait des psychotropes. Il n’en connaissait pas le nom, mais l’effet était rapide. Il se sentait bien quand il en prenait. Il n’avait qu’une envie ; prendre les comprimés qui le feraient oublier son mal de tête et celui des côtes. 
-Vous n’en avez pas un, ici ? J’ai si mal… Le pharmacien m’a recommandé de faire une radio.
-Mais tu ne peux pas… Tu devras patienter d’être au maquis, dit Ilyès. On ne doit pas traîner, la police doit te chercher.
Djamel comprit qu’il n’avait plus le choix. Mais il était en état de manque. Le manque et la douleur l’empêchaient de réfléchir. Il se serait peut-être rendu chez le pharmacien s’il avait tout son esprit. S’il n’était pas autant en manque, il saurait que ce n’était pas perdu et qu’il avait encore le choix. 
-Partons maintenant.
Ilyès le prit par le bras et le força à le suivre. Djamel ne résista pas. Ils passèrent devant Mounir. Ce dernier était étonné de le voir, si pâle et si inquiet. Il les regarda monter dans un véhicule qui s’arrêta à leur hauteur. 
“Qu’est-ce que je fais maintenant ?”, se demanda-t-il avant de lever la main, faisant un signe à un taxi qui arrivait et déposait ses clients. 
“Salem âalikoum. Je vous en prie, démarrez ! Suivez la voiture noire sans vous faire remarquer”.
-Comme dans les films, répliqua le taxieur.
-Je fais un cauchemar éveillé !
Mounir était gagné par l’angoisse. Il se mit à imaginer des tas de choses. Il avait peur pour lui. Il pensa à s’arrêter devant le premier poste de police et de leur faire part de ses soupçons. Djamel s’était mis dans un sale pétrin. Qui sait comment il allait finir la journée ?

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