Des Gens et des Faits 48e partie

“LE SERMENT”

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Taos M’HAND Publié 16 Mai 2021 à 22:43

Résumé Djamel ne toucha pas au dîner. Il était encore fiévreux et en manque, mais il ne toucha pas à la drogue. Le matin, Hadj Said et Ilyès voulurent s’assurer qu’il allait mieux. Ils le laissèrent se reposer. Djamel en profita pour fouiller dans les tiroirs. Il trouva des articles de presse et des photos. Il fit le tour des autres chambres avant de tomber sur une suite parentale. Les bruits de pas dans le couloir le poussèrent à s’y cacher.

Djamel eut si peur d’être découvert qu’il ne sentait plus son cœur battre pendant un moment. Heureusement pour lui, la personne ne s’arrêta pas à cette chambre et n’y entre pas. Le jeune homme soupira de soulagement et attendit qu’il n’y ait plus aucun bruit, pour se mettre à fouiller dans la suite qui comportait un coin salon et bureau. Il y a aussi une petite bibliothèque. Était-ce celle-là dont lui parlait Louiza ? 
Djamel savait qu’il n’aura pas d’autres occasions. Même si Hadj Said lui faisait confiance, si quelqu’un le surprenait dans sa suite, il signera son arrêt de mort. Il se mit à fouiller les tiroirs du bureau. Il trouva des documents, des liasses de billets dans des enveloppes. Les tiroirs de la bibliothèque étaient fermés à clef. Il chercha dans l’armoire et finit par trouver un petit trousseau de clefs. 
-Dire que je désespérais, pensa-t-il en les prenant dans la main. 
Il colla l’oreille à la porte et écouta, se rassurant du silence qui régnait dans ce coin de la villa. Il n’allait pas rater cette occasion en or. Il put ouvrir les tiroirs et tomba sur un carnet. En le feuilletant, il tomba sur des noms, des dates et des adresses. Il y avait même leur nom et le prénom de son père et la date de son attentat raté. 
Près de certains noms, des sommes reçues. Certaines victimes étaient rackettées plusieurs fois. En autres son père…
La seule fois où il avait refusé de payer, ils lui avaient rendu visite dans l’intention de l’assassiner. Même s’ils n’y sont pas parvenus, physiquement, son père mourrait à petit feu. 
“Vous allez tous tomber, jura-t-il entre les dents. Maintenant que je peux mettre un visage sur les terroristes qui avaient détruits leur vie. À cause d’eux, je suis devenu un criminel. Vous allez le payer”.
Il continua de lire et tomba sur une ligne soulignée. “Djamel Echec total”. Elle était datée d’un jour qu’il n’était pas prêt d’oublier de sitôt. Elle lui rappelait la fois où il était avec Ilyès à surveiller deux familles. Il y avait le nom et l’adresse de la victime qu’il avait sauvée lorsqu’Ilyès avait tiré sur elle.
“Je dois retrouver cet homme ! Il est la preuve que j’ai tenté de le sauver”, se dit-il en remettant le carnet à sa place, refermant à clef avant de poser le trousseau de clefs là où il l’avait trouvé.
Il sortit de la suite après s’être assuré qu’il n’y avait personne dans le couloir. Il retourna dans la chambre d’amis et tourna en rond, tentant de réfléchir. Fiévreux, l’estomac noué, il se demandait s’il pourra le retrouver. En général, ces miraculés partaient vivre ailleurs. Djamel avait conscience que son témoignage sera crucial. Mais le reconnaîtrait-il ? Cela s’était vite passé de nuit.
“Mais même s’il ne m’a pas bien vu, il doit se rappeler que quelqu’un s’est jeté sur lui, c’était pour le sauver. Il témoignera en ma faveur”.
Djamel qui réfléchissait et se parlait, n’entendit pas tout de suite des voix dans le couloir. Il sursauta presque lorsque la porte s’ouvrit et que Krimo et Ilyès entrèrent, surpris de le trouver debout, la fenêtre ouverte sur le jardin. 
-Salem ! Je vois que tu vas mieux et que tu es déjà debout.
-Je n’en pouvais plus de rester allongé. J’étouffais…
-Tu devrais aller en cuisine et bien déjeuner, conseilla Krimo. Je te trouve bien pâle, tu es sûr que tu ne couves rien ? 
-J’avoue… Je ne sais pas si c’était le manque qui m’a mis à plat ou autre chose.
Des bruits de pas dans le couloir les firent retourner. Djamel vit des hommes porter des caisses, apparemment très lourdes. 
-El-Hadj est revenu ? 
-Il te manque ?, l’interrogea Krimo, ironique. On savait qu’il t’aimait bien, mais on ignorait que c’était réciproque.
-J’ai beaucoup d’estime et de respect pour lui. Je ne faisais que demander… Il y a quoi dans ces caisses ?, demanda Djamel pour changer de sujet. Des armes ? C’est ça ? Vous allez attaquer une caserne ?
Ilyès et Krimo lui firent signe de les suivre dans la pièce où étaient déposées les caisses. Ils les ouvrirent et confirmèrent que c’était bien des armes à feu et des armes blanches, de toutes les tailles. Djamel les imagina égorger, décapiter et démembrer leurs victimes. Ilyès avait saisi une arme et la caressait après l’avoir chargée. Lorsqu’il la pointa vers lui, Djamel recula un peu, se demandant ce qu’il avait fait pour qu’il se mette à douter de lui. Cette arme chargée dirigée vers lui ne le rassurait pas et lui laissait craindre le pire. 
 

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