Des Gens et des Faits 65e partie

“LE SERMENT”

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Taos M’HAND Publié 05 Juin 2021 à 21:16

RésuméMounir était allé chercher Norredine que toute la famille n’attendait plus. Elles étaient partagées entre la joie et la peine. Dès qu’il rentra, ses sœurs se mirent à l’interroger sur les raisons de son silence. Il confia avoir été malade pendant tout ce temps. Il voulut savoir où étaient son père et son frère. Meriem lui raconta tous les malheurs qui avaient suivi son départ.

-Oh mon Dieu. J’ai failli vous perdre, je serais devenu fou si c’était le cas. Et Djamel ? Rassurez-moi. Ils ne lui ont rien fait, j’espère.
-Ah, Djamel, soupira Meriem. C’est une longue histoire. Je te raconterais après.
Norredine se leva. 
-Où est mon père ? Je voudrais le voir.
-Il est dans la chambre, dit Meriem. Allons-y.
Elle le précéda à sa chambre et ouvrit. Fayçal, assis dans son fauteuil, était perdu dans ses pensées. Il ne réagit pas à leur entrée. 
-Papa !
Norredine s’approcha de lui, espérant un sourire, un mot, mais Fayçal se tourna alors qu’il se penchait pour l’embrasser sur le front. 
-Papa, c’est moi, ton fils. Je suis de retour.
Il tenta de lui prendre les mains, mais il ferma les poings, refusant tout contact avec lui. 
-Papa…
Meriem posa la main sur son épaule pour attirer son attention. Norredine leva des yeux larmoyants vers elle et ses sœurs qui pleuraient aussi. 
-Je voulais te prévenir… Il est comme ça, depuis des mois. Cela a été difficile à accepter, lui confia-t-elle. Il est sous traitement, il est comme coupé de la réalité, mais la psy a dit qu’un jour, il reviendra à lui. Ce qu’il a vécu, l’a traumatisé. Il ne s’en est pas remis. 
-Il est comme ça depuis… depuis l’attentat ? 
-Son réveil a été très dur, confia Meriem. Le fait de ne plus être comme avant ; physiquement et financièrement, l’a éprouvé. Malgré les traitements et la prise en charge psychologique, son état n’a pas cessé de se dégrader. Comme tu le vois, il n’est plus qu’une ombre. 
Norredine tomba à genoux et pleura, serrant très fort les mains de son père. 
-Papa, pardonne-moi ! Je n’ai pas été là pour vous. Vous aviez besoin de moi et j’étais…J’étais malade, j’allais d’un hôpital à un autre. J’ignorais… Sinon je serais rentré.
-Il ne voulait pas. Au contraire, il remerciait Dieu que tu sois parti. Il espérait même que tu puisses emmener ton frère pour l’éloigner du danger. Tu ne répondais pas à ses courriers et il s’inquiétait pour toi. Personne ne comprenait pourquoi tu ne donnais pas de nouvelles. Nous étions loin d’imaginer que tu étais tombé malade. Dieu soit loué ! Tu vas bien, c’est ce qui compte pour nous.
-Où est Djamel ?
-Allons au salon, nous y serons plus à l’aise, proposa Baya. Nous avons beaucoup de choses à te raconter.
Elle le regarda embrasser leur père, puis lui caresser la tête avant de les suivre. Mounir était parti. 
-Est-ce que tu as mangé ? Peut-être que tu as faim ? Ou soif ?
Norredine refusa. 
-Vous aviez des choses à me raconter, leur rappela-t-il. Où est Djamel ? Que fait-il ? Il étudie, n’est-ce pas ? Est-ce qu’il est toujours tête en l’air ?
-Non, hélas, il a changé. Si seulement, nous pouvions revenir en arrière...
Meriem se mit à lui raconter tout ce qui était arrivé à Djamel. Tout en versant des larmes, elle n’omit aucun détail. Norredine se prit la tête, entre les mains quand elle parla du terroriste qu’il était devenu malgré lui. Le fait qu’il ait aussi frôlé la mort, le bouleversa. 
-Et maintenant ? Qu’est-ce que nous pouvons faire pour lui ? 
Meriem haussa les épaules. Quoi qu’ils puissent faire, rien ne changera le fait qu’il soit un terroriste, un criminel. Il faudra un miracle. 
-Il a fait des erreurs de jeunesse, nous ne pouvons pas l’abandonner à son sort. 
 

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