Des Gens et des Faits 81e partie

“LE SERMENT”

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Taos M’HAND Publié 23 Juin 2021 à 20:45

Résumé Maître B tenta de faire entendre raison à Djamel, car il était du même avis que Meriem. Djamel devait faire profil bas et éviter tout problème. Il avait eu de la chance. Sa non-implication dans des massacres et enlèvements faisaient de lui un homme libre, mais au moindre problème, la situation pouvait se renverser. Djamel promit de se tenir tranquille. Il ne renoncera pas à Djamila. Lorsque Mounir arriva, ce fut pour lui parler de la famille du défunt. Il devait présenter des excuses, même si cela ne le ramènera pas à la vie.

-J’y avais aussi pensé, dit Meriem à Mounir et Djamel. Même sans alliance entre nous, il est de notre devoir de leur rendre visite et de leur demander pardon. 
-Et s’ils refusent ? Et s’ils me font passer un sale quart d’heure ?, dit Djamel, nerveux, à l’idée de voir la famille qu’il avait endeuillée. Et s’ils…
-Ne t’en fais pas, le rassura Mounir. J’ai déjà préparé le terrain. Ils savent par quoi tu es passé et comment se sont déroulées les choses. Ils t’ont déjà pardonné.
-Alors pourquoi y aller ? 
-Parce qu’il le faut, insista Meriem en sortant une enveloppe pleine de billets. Nous le leur devons une sorte d’aide. 
-Même avec tout l’or du monde, ils n’oublieront pas et ne pardonneront pas. Je crois que c’est une mauvaise idée, dit le jeune homme. Je ne pourrais pas les regarder en face et je ne supporterais pas leurs larmes, leurs reproches.
-Contente-toi de nous accompagner, ordonna Meriem. C’est nous qui parlerons.
Mounir sortit emprunter une voiture au voisin. Il prit ses parents et ils se rendirent chez la famille de la victime. Djamel ne souffla plus un mot. Durant le trajet, ils parlaient de devoir, de pardon et de destin comme s’il n’était pas présent. La famille habitait dans une vieille maison, en pleine campagne. Ils les accueillirent correctement. Les parents de Mounir se chargèrent des présentations. N’ayant pas de salon, quelqu’un leur apporta des petits tabourets en bois ancien, à l’ombre de la cour intérieure de la maison. Djamel choisit de s’asseoir près de la porte d’entrée qu’ils n’avaient pas fermée. Meriem prit son tabouret et s’assit près de lui, posant la main sur son bras, comme pour l’empêcher de partir. Il était mal à l’aise. Elle le savait. Il n’osait pas les regarder. On les invita à prendre du café ou du thé. 
-Ce que vous avez, dit Meriem. 
Pendant un moment qui sembla durer une éternité, des chuchotements leur parvinrent. On se demandait pourquoi cette visite en fin de journée. Enfin, la mère du défunt, qu’on nommera khalti Nouara apporta du café, sur un plateau qu’elle posa à même le sol. Elle les servit, puis leur demanda.
-Khir ma djebkoum ?
-Khir… Que du bien, répondit le père de Mounir avant de s’éclaircir la voix. Comme je te l’ai dit, c’est la belle-famille de mon fils. Nous sommes venus pour vous les présenter… Pour que vous voyiez de vos yeux que ce sont des gens bien. Le garçon a fait une grave erreur, sous l’effet de la drogue. Il ne voulait pas tuer le défunt, Allah yerehmo, qu’il repose en paix. D’ordinaire, Djamel ne ferait pas de mal à une mouche.
Khalti Nouara, les lèvres pincées, porta les mains à ses joues. Des larmes brillèrent dans son regard surpris. Djamel posa la tasse de café qu’il n’avait pas goûté. 
-Ainsi, c’est toi ? C’est toi qui as tué mon fils. Mon fils, Dieu ait son âme en son Vaste Paradis, ne t’avait rien fait. C’était quelqu’un de bien. Il était notre soutien, et toi, tu es si jeune, si beau. C’est vraiment la drogue qui a tué toute humanité en toi ? Ou es-tu un monstre à l’apparence angélique ?  
Djamel, les yeux baissés, hocha la tête. Meriem intervint, répondant à sa place.
-Khalti, mon fils n’est pas un monstre. Il s’en veut à mort, dit-elle. Il le regrette. Il est venu demander pardon, il n’en dort plus… Même nous. Vous savez, si c’était un criminel, il n’aurait pas tenté de sauver les autres. Ce soir-là, il n’avait pas conscience de ce qu’il faisait. Aujourd’hui, Nous sommes venus pour avoir votre pardon. Ayez pitié de nous.
La mère échangea un regard avec son mari, puis essuya ses larmes. 
-Tu as mon pardon si tu étais vraiment inconscient. Je sais que je ne peux pas lire et voir en toi, mais Allah, le Tout-Puissant le peut. J’accepte de te pardonner même si cela ne ramènera pas mon fils et ta tranquillité d’esprit. Je te pardonne pour que ta mère soit rassurée. Allez en paix… La vie t’offre une nouvelle chance. Ne va pas la gâcher. Si tu tiens à ta mère et à la vie, ne fais plus d’erreur. 
Djamel se leva et voulut prendre ses mains, mais elle refusa qu’il la touche. Elle se leva et quitta la cour en pleurant.
 

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