Des Gens et des Faits 82e partie

“LE SERMENT”

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Taos M’HAND Publié 25 Juin 2021 à 18:16

Résumé :  Meriem était d’accord, ils devaient leur rendre visite. Mounir débrouilla une voiture, ses parents les accompagnèrent. La famille du défunt vivait très modestement. La visite les bouleversa. Meriem plaida pour Djamel, insistant sur le fait qu’il était drogué. Khalti Nouara accepta de lui pardonner, même si elle savait que cela ne ramènerait pas son fils. Elle refusa que Djamel l’embrasse.

Ils repartirent la tête baissée. Mounir déposa ses parents, puis raccompagna Meriem et Djamel chez eux. Il ne monta pas. Si durant tout le trajet, Djamel n’avait pas dit un mot, une fois seuls, il laissa éclater sa peine et sa colère.  
-Tu vois, je te l’avais dit, notre visite les a davantage blessés qu’autre chose. Nous n’aurions pas dû y aller, je te l’avais dit. J’aurais mieux fait de ne pas vous accompagner, s’écria le jeune homme. Tu as vu l’état dans lequel nous les avons mis. Ils le pleuraient comme s’il était mort aujourd’hui. Vous croyez que c’est facile pour moi de savoir que j’ai brisé cette famille ? De les avoir privés de leur fils, de leur père ? Même si je suis libre, mon cœur est en prison. Jamais je n’aurais la conscience tranquille. 
-Calme-toi Djamel ! C’était indispensable. Nous devions y aller. Ils devaient voir le bon garçon que tu es… Sa mère, celle qui l’avait mise au monde, t’a pardonné. Elle a compris…
-Conscient ou drogué, les choses ne changent pas. J’ai ôté la vie à leur fils, lui rappela-t-il. Est-ce que toi, tu pourrais pardonner à ceux qui ont attenté à la vie de papa ? À ceux qui nous ont pris notre vie tranquille et heureuse ? Est-ce que tu pourrais leur pardonner ? Moi, je ne le pourrais pas, j’ai tout fait pour me venger d’eux. 
-Je sais… Mais maintenant que nous avons fait le nécessaire, nous pourrons aller de l’avant. Surtout toi…
Djamel soupira.
-Comment aller de l’avant ? Après les avoir vus pleurer ? Mes regrets, mes remords, ma peine me clouent sur place. Plus rien ne sera comme avant. 
-Ne dis pas ça. Un bel avenir t’attend. Quant à eux, qu’Allah leur donne la patience et le courage. Inchallah qu’avec le temps, leur blessure guérira, souhaita Meriem avant de changer de sujet. Il faut que nous appellions ton père. Même s’il ne peut pas parler, il sera heureux d’apprendre que tu es avec moi maintenant. En fait, toute la famille sera heureuse. 
-Plus tard, je ne sais pas ce que je vais leur dire. En fait, j’ai envie de rester seul.
-Non, reste avec moi, le pria-t-elle. Il s’est passé tellement de choses en ton absence. Tu m’as tellement manqué.
Elle le suivit au salon et prit place près de lui. Elle se mit à lui raconter la venue de Norredine et combien il avait souffert de ne pas le voir. Elle lui confia qu’il avait lu ses poèmes et qu’il les avait vite remis à Maître B parce qu’ils prouvaient son innocence. Il voulait le voir, mais les autorisations de visite étaient à chaque fois refusées. Plusieurs semaines avaient passé, Norredine était reparti pour préparer l’arrivée de leur famille. Entre temps, lui se remettait de ses blessures et suivait une cure de désintoxication qui avait donné de bons résultats. 
-Lorsque le juge a rendu son verdict, je croyais rêver, confia Djamel. Je m’étais condamné d’avance. Je croyais que j’allais finir ma vie en prison. 
-Norredine nous demande de ne pas tarder ici. Il craint pour ta sécurité. Ton passeport et ton visa sont encore valides, ton frère s’est marié, il a pris en charge ton père et tes sœurs. Je crois qu’il a raison… Nous n’avons plus rien à faire ici.
-C’est toujours ton avis qui compte, rétorqua Djamel. Contrairement à vous, moi, j’ai des choses à faire. Je vais retrouver Djamila, je sais qu’elle est dans un foyer et qu’elle ne va pas bien.
-Ya wlidi, ce n’est plus une fille pour toi. Partons d’ici. Recommençons notre vie ailleurs.
Djamel secoua la tête. 
-Tu peux partir, je ne te retiens pas… Mais tu ne peux pas me forcer à te suivre. 
-C’est de la folie. Cet appartement appartient à la famille de Mounir. Un jour, ils voudront le récupérer, où iras-tu après ?
Djamel haussa les épaules.
-Je n’en sais rien, mais ma décision est prise. Je ne partirais pas. Pas sans Djamila…
Meriem avait envie de le secouer, de le ramener à la raison. En plus de craindre pour sa vie, elle pensait déjà au “qu’en dira-t-on.”

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