Des Gens et des Faits 105e partie

“LE SERMENT”

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Taos M’HAND Publié 24 Juillet 2021 à 18:24

Résumé : Djamila réussit à convaincre le taxieur de faire demi-tour. Djamel gisait sur le bitume inconscient. Après s’être assuré que la bande n’était plus là, le taxieur s’arrêta. Ils prirent Djamel et l’emmenèrent à l’hôpital le plus proche. Manque de chance, le service des urgences était saturé suite à un grave accident de la route. Djamila s’accrocha à chaque personne portant une blouse blanche pour qu’on s’occupe enfin de lui. Un médecin résident touché par sa détresse, le prit en charge. Un infirmier se mit à établir la fiche de renseignements.

-Ne vous inquiétez pas. Ils s’occupent de lui maintenant.
-J’espère que ce n’est pas trop tard. Est-il toujours inconscient ? 
-Je l’ignore, avoua l’infirmier avant de partir à d’autres tâches. 
Djamila ne bougea pas. Elle resta près de l’entrée. Elle perdit la notion du temps à force d’attendre. Elle espérait voir le médecin revenir avec de bonnes nouvelles. Mais d’autres blessés attendaient sur des brancards d’être examinés par des médecins ou de passer des radios. Des infirmières soignaient comme elles pouvaient. Leurs gémissements lui donnaient la chair de poule. 
-Mon Dieu, faites que Djamel soit revenu à lui. 
Djamila scrutait les visages des infirmiers qui entraient et sortaient du service. Elle ne reconnut pas l’infirmier qui avait pris des renseignements. 
-Il est de votre famille ? Ou est-ce un ami ?
-C’est mon mari.
-Vous êtes si jeunes, remarqua-t-il. Avez-vous été voir la police pour signaler l’agression ? 
-Le chauffeur de taxi est parti la faire. Il en a été témoin. Je vous en prie, donnez-moi des nouvelles de mon mari. Comment va-t-il ? 
-Le médecin viendra vous parler dès qu’il aura fini de l’examiner, patience.
-Je n’en ai plus. Je veux le voir, lui parler…
Mais l’infirmier était déjà reparti. Le taxieur revenait, un peu énervé. Il ne comprenait pas les questions des policiers. 
-Ils voulaient savoir s’ils voulaient le voler ? Si c’est un règlement de compte ? Est-ce que je le connais bien ? Ils ne voulaient pas me croire quand je leur ai dit que c’était juste un client. Va comprendre ce qui leur passait par la tête. 
-Vous avez répondu quoi ?
-La vérité ! Je ne vous connaissais pas avant aujourd’hui. J’ai voulu rendre service à Maître. B. Je ne pouvais pas lui refuser d’être votre chauffeur. Je devais vous amener et vous ramener, c’est tout. Mais on est mal tombés. Pourtant, le garçon avait l’air bien. 
-En effet, c’est quelqu’un de bien. Priez avec moi pour qu’il s’en sorte. Je ne supporterais pas de le perdre. Je n’ai personne d’autre dans la vie. 
-Garde la foi. Il ira mieux, inchallah salamet.
-Inchallah.
-Mais je ne comprends toujours pas pourquoi ils lui sont tombés dessus, dit le taxieur. Heureusement que j’ai démarré à temps. On aurait pu finir comme lui sur un lit d’hôpital, inconscients.
Djamila se posait d’autres questions. Et si c’était Zaher qui les avait alertés ? Après le violent accrochage verbal qu’ils avaient eu, c’était fort possible. 
-Oui, vous avez bien fait, reconnut-elle. Vous avez eu l’instinct de survie. Moi, j’avais réagi sans réfléchir. Heureusement que vous ne m’avez pas tout de suite écoutée. Ah Djamel, soupira-t-elle. J’ai peur pour toi, accroche-toi. Et ces portes qui s’ouvrent et se referment sans m’apporter du nouveau. 
Elle se rappela, le cœur serré, avoir attendu devant des portes semblables lorsque Louisa avait été emmenée en urgence pour accoucher. Son amie n’en était jamais ressortie vivante. 
-Mon Dieu, Laissez-le moi. Je n’ai que lui.
Le taxieur voulut la rassurer.
-N’aie pas peur. Il va s’en tirer.
-Inchallah.
-Il faut prévenir ses parents, suggéra-t-il. Ils peuvent avoir besoin de sang. On ne sait jamais ?
-Sa famille vit à l’étranger.
Djamila alla s’asseoir sur le banc, jamais elle ne pourra leur dire que leur fils était à l’hôpital entre la vie et la mort. Ils n’auraient jamais dû revenir au village. Il risquait sa vie pour un certificat de scolarité, pour qu’elle ait un avenir meilleur. Mais que serait sa vie, si par malheur, il mourrait ? Elle ne se le pardonnera jamais.

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