Des Gens et des Faits 117e partie

“LE SERMENT”

  • Placeholder

Taos M’HAND Publié 07 Août 2021 à 18:18

Résumé : Djamila fait connaissance avec son neveu qu’elle adore déjà. Le cœur serré, elle découvre qu’ils vivent dans un bidonville, construit lors de l’exode rural durant la décennie noire. Ils ont une grande pièce où ils mangent et dorment, en attendant d’être relogés un jour. Djamila propose à sa sœur de venir à l’hôtel mais celle-ci refuse, ne pouvant pas laisser sa belle-sœur seule. Elles prévoient de se revoir le lendemain. 

Djamila passa la soirée chez Amel. Elles parlèrent de son défunt père, de ses parents morts, il y avait si longtemps mais toujours aussi présents dans son cœur. Et puis il y avait sa sœur qui vivait dans ce bidonville et qui était loin d’avoir une belle vie. 
- Je ne connais pas encore son mari, mais d’après ses dires c’est quelqu’un de bien. Je voudrais faire quelque chose. Je ne peux pas les laisser là-bas. Entre le recensement et l’obtention du logement, même si les demandeurs vivent dans la précarité, des années peuvent passer. Ils auront le logement quand leur fils sera adulte. 
- À quoi penses-tu ?
- Comme tu le sais, je travaille, j’ai des économies. Je compte leur louer un appartement, près du lieu de travail de son mari. Dans un quartier sécurisé, précisa-t-elle. Sinon, je ne serai jamais tranquille. Un jour, je les aiderai à en acquérir un. 
- Si tu en as les moyens, pourquoi pas. Tu la mettras à l’abri, et un conseil, ma chère, mets-le au nom de ta sœur. Ce sera son bien personnel. On ne sait jamais.
- Lynda doit être en train de lui parler de moi. Je vais en faire autant avec mon mari. Amel, merci pour tout. 
- Je n’ai rien fait. C’est moi qui te remercie. Grâce à vous, j’ai oublié ma peine. On se voit demain inchallah.
Djamila le lui promit. Lorsqu’elle retrouva sa chambre d’hôtel, elle appela à la maison. Elle trouva Djamel en train d’endormir leur fille. 
- Cela fait des heures que j’attends. Où étais tu passée ? Même chez Amel, cela ne répondait pas.
Djamila lui raconta tout et n’omit aucun détail sur ses retrouvailles avec sa sœur et son adorable neveu. Elle pleura en racontant comment ses parents avaient trouvé la mort. Elle avait gardé espoir tout ce temps. 
- Peut-être que Maître B le savait mais qu’il n’avait pas le courage de te l’apprendre. Sois forte et courageuse. Et puis, ces retrouvailles avec ta sœur sont un cadeau du ciel. 
- Oui. Elle est adorable. Tu vas bien t’entendre avec elle. 
Djamila lui parla de leur problème de logement. 
- Doucement. Vous venez à peine de vous retrouver. Tu es sûre que c’est elle ? 
- Comment en douter ? Ma sœur me cherche depuis des années. Elle a gardé espoir tout ce temps et participait aux rassemblements. Il n’y a qu’un membre de ta famille, de ton sang qui peut le faire. Djamel, je ne vais pas abandonner ma petite sœur à son triste sort. Tu ne vas pas m’en empêcher, j’espère ? C’est tout ce qui me reste. Et pour elle, je suis prête à déplacer des montagnes.
- Non. Personne ne t’en empêchera. Moi aussi, je les aiderai. 
- Tu pourrais me rejoindre ?
- Ne m’en demande pas tant. Mais s’ils peuvent avoir des visas, ils seront les bienvenus chez nous. 
Djamila soupira.
- Inchallah, un jour, tu changeras d’avis. C’est notre pays et on y reviendra pour des vacances, pour toujours, qui sait ? 
- Peut-être un jour. Que feras-tu demain ?
- Connaissance avec mon beau-frère. Après, on verra. 
- Je sais que tu voudras te recueillir sur les tombes de tes parents. Promets-moi d’être prudente. Après tout, ce sont des inconnus. Même ta sœur, tu ne la connais pas, dit Djamel. C’est vrai, tu vis un moment magique, l’instant rêvé depuis des années. Je sais que tu feras tout pour te rapprocher d’eux et gagner leur cœur. Je ne te demande qu’une chose : sois prudente. N’oublie pas que tu as ta famille ici. Tu es à peine partie que tu nous manques. Alors, ne tarde pas, la pria-t-il. On ne peut pas vivre sans toi.
- Moi aussi. C’est si dur. 
Elle ne dormit pas de toute la nuit. Toutes les émotions vécues en à peine vingt-quatre heures la laissaient fébrile et soucieuse. Elle se demandait si elle pourrait vivre sans sa sœur maintenant qu’elle l’avait trouvée. Elle avait envie de rattraper le temps perdu même si elle savait que c’était impossible. 
 

À SUIVRE

[email protected]
VOS RÉACTIONS ET VOS TÉMOIGNAGES SONT LES BIENVENUS

 


 

  • Editorial Un air de "LIBERTÉ" s’en va

    Aujourd’hui, vous avez entre les mains le numéro 9050 de votre quotidien Liberté. C’est, malheureusement, le dernier. Après trente ans, Liberté disparaît du paysage médiatique algérien. Des milliers de foyers en seront privés, ainsi que les institutions dont les responsables avouent commencer la lecture par notre titre pour une simple raison ; c’est qu’il est différent des autres.

    • Placeholder

    Abrous OUTOUDERT Publié 14 Avril 2022 à 12:00

  • Chroniques DROIT DE REGARD Trajectoire d’un chroniqueur en… Liberté

    Pour cette édition de clôture, il m’a été demandé de revenir sur ma carrière de chroniqueur dans ce quotidien.

    • Placeholder

    Mustapha HAMMOUCHE Publié 14 Avril 2022 à 12:00