Des Gens et des Faits 10e partie

Les flammes de la passion

  • Placeholder

Yasmina HANANE Publié 15 Janvier 2021 à 19:24

Résumé : Nazim se rappelle tout à coup de son accident et de Feriel. Il sursaute à cette évocation. Sa fiancée était-elle en vie ? Il tente de se relever, mais ne le peut pas. Un infirmier vient l’aider à se rallonger et lui apprend que la jeune fille est indemne et a quitté l’hôpital le jour même. Au fait, quel jour est-on ?

Il a perdu la notion du temps. Il ne sait pas depuis combien de temps il est dans cet hôpital et sur ce lit.
Tant pis ! Demain il demandera tous les détails au docteur Nabil. Ce dernier lui plaît bien. Il parle avec sagesse et semble connaître son métier.
Nazim reste ainsi un long moment à méditer sur son sort, avant de sombrer dans un sommeil profond et bienfaisant et, cette fois-ci, sans sédatif aucun.
Il lui semble avoir vécu une éternité, alors qu’il se réveille des heures plus tard. En fait, c’est la voix d’une femme qui l’a tiré de son sommeil. La  voix d’une jeune femme en pleurs. Il n’a aucun mal d’ailleurs à reconnaître la voix de sa sœur Nadia. 
Une autre voix lui demande de se calmer ou de sortir de la chambre. Mais sa sœur continue sur sa lancée, et cette fois-ci il entend des sanglots et des paroles qui lui glacent les os :
“Mon Dieu ! Ce n’est pas vrai ! Nazim, mon frère, était si beau, si charmant. Ne me dites pas docteur qu’il ne va plus avoir un visage ? Même pas quelques traits qui nous rappelleront le bel homme qu’il a toujours été jusque-là ?”
Le médecin garde le silence. Une manière de marquer son impuissance devant un tel cas.  Nadia reprend sa litanie. Une autre s’ajoutera à la sienne. La voix de Meriem, la benjamine. Meriem paraît plus calme, et tout comme sa mère, elle s’en remet à Dieu : “Nous devrions accepter ce coup du sort, Nadia. Nous n’avons pas le choix. Remercions le Très-Haut que notre frère soit encore en vie.”
“Mais dans quel état… ! s’écrie Nadia d’une voix rageuse. Je… je ne sais pas comment il va réagir quand il saura qu’il n’a plus de visage, mais moi, je lui souhaiterais de mourir au plus tôt, car tel que je connais Nazim, il n’est pas évident qu’il accepte ce coup du sort dont tu parles.”
La voix du Dr Nabil s’élève enfin telle une pluie sur un incendie :
- Détrompez-vous. Nazim est bien plus fort que vous ne le croyez. Il est intelligent et saura surmonter l’épreuve sans trop de mal. En fait, la véritable beauté ne réside pas dans le physique, mais plutôt dans l’âme. Et à ce que je comprends, Nazim n’en est pas dépourvu. Il saura vite accepter son sort et je l’aiderai de mon mieux à reprendre goût à la vie. Il ne faut surtout pas lui faire sentir l’intensité de votre détresse. Votre maman me semble bien plus courageuse.
Nadia se calme, et Meriem demande :
- Que pourrions-nous faire, docteur, pour atténuer ses souffrances morales ?
- Ne jamais lui faire sentir qu’il n’est plus comme avant. Nazim restera à vos yeux tel que vous l’avez toujours connu. Heu ! Je n’aimerais pas être indiscret, mais ne croyez-vous pas que la présence de sa fiancée serait d’une aide précieuse ?
Nadia, qui avait cessé de pleurer, s’empresse de répondre :
- Feriel a quitté l’hôpital depuis plus de vingt-quatre heures sans même passer le voir.
- Elle est passée la veille, et nous avions discuté longuement ensemble. Elle semblait très affectée. Mais ce que je n’arrive pas à saisir, c’est ce départ précipité, sans un petit regard vers Nazim. D’après ses dires, ils étaient sur le point de se marier.
- Oui, docteur, mais après ce qui vient d’arriver, ce mariage est sûrement relégué aux calendes grecques.
- Hum… Pourquoi dites-vous cela ? Peut-être que Feriel est encore sous le choc et finira par se montrer. 
- Feriel est une fille pourrie gâtée, elle ne reviendra jamais vers quelqu’un qui n’a plus les traits du beau gosse qu’elle avait connu. Elle  était si fière de l’exhiber tel un trophée devant ses amis.
Elle pousse un soupir :
- Nazim l’a aveuglement aimée. Il était prêt à se sacrifier pour elle.
Le docteur Nabil ne répond pas. Il a rencontré tout au long de sa carrière plus d’une situation similaire et sait que dans de tels cas il y a toujours un perdant.
Les deux sœurs demeurent encore un moment au chevet de leur frère, avant de se décider à rentrer.

(À SUIVRE)
 Y. H.
[email protected]
Vos réactions et vos témoignages sont les bienvenus.

  • Editorial Un air de "LIBERTÉ" s’en va

    Aujourd’hui, vous avez entre les mains le numéro 9050 de votre quotidien Liberté. C’est, malheureusement, le dernier. Après trente ans, Liberté disparaît du paysage médiatique algérien. Des milliers de foyers en seront privés, ainsi que les institutions dont les responsables avouent commencer la lecture par notre titre pour une simple raison ; c’est qu’il est différent des autres.

    • Placeholder

    Abrous OUTOUDERT Publié 14 Avril 2022 à 12:00

  • Chroniques DROIT DE REGARD Trajectoire d’un chroniqueur en… Liberté

    Pour cette édition de clôture, il m’a été demandé de revenir sur ma carrière de chroniqueur dans ce quotidien.

    • Placeholder

    Mustapha HAMMOUCHE Publié 14 Avril 2022 à 12:00