Des Gens et des Faits 44e partie

Les flammes de la passion

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Yasmina HANANE Publié 23 Février 2021 à 20:18

Résumé :  La jeune femme apprend à Nedjma qu’elle est mariée à Mustapha et qu’ils attendent leur troisième enfant. Elle aussi est la victime d’un scénario machiavélique. Cet homme perfide, sournois et égoïste n’était pas au Sud, où il n’avait fait qu’assurer le remplacement d’un enseignant il y a plus de deux années.

Elle s’interrompt et me regarde, puis désigne mon ventre :
- À nos enfants…
Je n’entendais plus rien. J’avais l’impression de vivre en dehors du temps, d’être propulsée sur une autre planète où aucun sens ne pouvait servir.
Je sentais mon sang se glacer dans mes veines. Ma langue était devenue lourde et pâteuse. Je n’arrivais plus ni à parler ni à assimiler ce qu’on me disait.
Ma mère s’inquiète soudain :
- Nedjma… Nedjma, ma fille. Qu’as-tu ?
Elle m’entraîna vers ma chambre et la jeune femme nous suit :
- Désolée de te causer autant d’ennuis, mais je ne pouvais me résigner au silence, en sachant que nous n’avions été toutes les deux que le dindon de la farce. Cette homme sans scrupules a peut-être une troisième femme ailleurs. Qu’en sait-on ?
Je laisse ma mère m’allonger sur mon lit et me couvrir, avant de répondre :
- J’aimerais connaître toute la réalité. Je ne peux pas prendre au sérieux ce que vous me racontez sans preuves formelles.
La jeune femme ouvre son sac et en sort un livret de famille :
- Tiens. Tu peux juger par toi-même de son nom, de son prénom et de sa date de naissance. Tu as aussi notre date de mariage et les dates de naissance respectives de nos deux premiers enfants.
À l’instar du mien, le livret de famille de la jeune femme comportait des renseignements identiques. Mustapha T. Un nom qui dansa devant mes yeux un moment, avant que je ne perdis connaissance.
À mon réveil, je constatais que ma chambre était plongée dans le noir. Les rideaux étaient tirés, et aucun bruit n’émanait de la maison.
Je tente de me lever, mais un vertige m’en dissuade. J’entendais un bruit de pas qui approchaient, puis la porte de ma chambre s’ouvrit :
- Ah enfin, tu te réveilles. Comment te sens-tu, ma fille ?
Ma mère s’approche de moi et me touche le front :
- Tu m’as fait une de ces peurs. Ton père a dû appeler le médecin. Ce dernier nous a rassurés sur ton état, avant de t’injecter un sédatif. Il nous a conseillé de te laisser te reposer. Il repassera demain matin.
Je tendis ma main vers la porte et ma mère comprit :
- La cause de tes soucis est partie. Mais je pense qu’elle reviendra. Pourquoi ne s’est-elle donc pas manifestée plus tôt ?
Je lève ma main pour interrompre ma mère :
- Non. Elle ne le savait pas. Ce salopard s’est joué de nous deux. Il pensait avoir gagné les deux parties.
- Mais pourquoi ? Pourquoi un homme marié et père de famille s’amuse-t-il à un tel jeu ?
Je haussais les épaules :
- Je n’en sais rien. Par amour peut-être ?
Cette idée agissait comme un baume sur moi. Mustapha m’avait épousée parce qu’il m’aimait. Mais c’était comme donner un jouet à un enfant pour le consoler
Cet homme était un beau parleur. Un fanfaron. Il s’était joué de mes sentiments et de ma naïveté. Cette homme ne m’a jamais aimée. Il voulait peut-être autre chose. Un intérêt quelconque l’avait conduit vers moi.
Je repensais aux projets qu’on faisait. Nous habitions chez mes parents depuis notre mariage et je remettais l’intégralité de mon salaire à ce mari indigne. L’argent !
Le mot traverse mon cerveau comme un éclair et se dresse devant mes yeux.
Il voulait mon salaire.
Quelle idiote j’étais ! Je n’avais vu que du feu. Je comprenais maintenant sa réaction alors que je lui annonçais ma grossesse. Il ne voulait pas avoir des enfants avec moi. Cela allait compromettre ses projets. Il voulait juste de l’argent. Mon salaire. Et puis, en sus, il vivait aux crochets de mes parents. 
Les absences fréquentes s’expliquent maintenant. Mustapha passait du bon temps au sein de sa famille. Comment sa femme avait-elle fini par découvrir le pot-aux-roses ?
Le lendemain, Nassima, sa première femme, revint pour prendre de mes nouvelles. Je la contemplais un moment : mignonne à souhait, douce, agréable à la discussion et surtout 
dotée d’un grand cœur.

 


(À SUIVRE)
 Y. H.

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