Des Gens et des Faits 51e partie

Les flammes de la passion

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Yasmina HANANE Publié 03 Mars 2021 à 19:06

Résumé :  Nazim écoute jusqu’à la fin le récit de Nedjma. Il comprend amplement maintenant ses souffrances et ses états d’âme. D’autant plus que lui-même était passé par les mêmes étapes. L’horreur de découvrir un visage mutilé dans une glace. Il en connaissait un bout. Nedjma se ressaisit. Elle veut rentrer. Nazim devrait se reposer avant sa prochaine opération.     

Deux semaines passent. Nazim subit avec succès sa deuxième opération réparatrice.  
Le Dr Lyès confirme davantage son art dans ce domaine. Cette fois-ci il a redonné au visage sa “caricature initiale”. Le pourtour des lèvres, le menton, le cou et même les bas- joues ont “repris leur place”. Les tissus prélevés sur quelques parties du corps ont adhéré sans difficulté aux poches et aux creux sur lesquels ont les avait implantés, de sorte que les risques d’éventuels rejets sont écartés.
Le Dr Lyès s’était frotté les mains à sa sortie du bloc. Cette seconde opération, assez délicate en somme, a été un succès. Maintenant il ne reste plus qu’à remplir les joues afin de leur redonner leur gonflant avant de travailler sur les peaux déjà suturées, mais dont les cicatrices sont encore très apparentes. Plusieurs autres opérations seront nécessaires pour affiner les pourtours et redessiner les traits, afin de travailler le visage et de lui enlever cet aspect cireux qui tend à caractériser chaque passage au scalpel. 
Mais dans ce cas précis, le Dr Lyès y excelle. Il a souvent vu des patients refuser d’avoir un visage de “poupée de cire” et sait qu’après les opérations de base il faut penser à rehausser l’éclat des traits et de la peau du visage. 
Pour cela, des massages au collagène naturel et à base d’huiles tirées de plusieurs plantes s’avèrent nécessaires. Après plusieurs séances, le résultat final est souvent spectaculaire. Nazim reprend connaissance et sent tout de suite une présence auprès de lui. Il n’eut aucun mal à deviner que c’était Nedjma.
Cette dernière se lève et approche son visage du sien. 
- Alors, comment se sent-on après un passage sur le billard ?
Nazim rabat ses paupières pour signifier qu’il se sent sonné mais assez bien. Les bandages autour de sa bouche l’empêchent de répondre. Comme pour sa première opération, il a cette désagréable impression que des milliers de piqûres lui percent la peau.
Nedjma passe une main sur son bras :
- Je ressens amplement ta souffrance, mon cher ami. Je suis passée par là plusieurs fois. Mais je constate que tu es plus courageux que moi. Il m’est arrivé de pleurer et de crier, et à maintes reprises j’ai voulu arracher les pansements qui enserraient mon visage. Par contre toi, tu sembles bien calme.
Il hoche la tête et tend le bras. Elle se retourne et constate que le Dr Lyès les regarde du seuil de la porte :
- Je vois que tout va bien.
Il s’approche de Nazim et lui prend le pouls :
- Parfait. L’anesthésie se dissipe. Tu sembles un peu pâle, ce qui est tout à fait normal après ton passage au bloc, mais tout rentrera dans l’ordre progressivement.
- Il ne peut pas parler. Il est gêné par ses pansements, docteur. Alors je vais faire la conversation pour nous deux.
Le docteur ébauche un sourire :
- C’est gentil, Nedjma. Je vois que tu peux facilement remplacer l’infirmière de service.
- Je ne sais rien faire d’autre que parler.
- C’est déjà beaucoup. Nazim se sentira à coup sûr moins seul.
- Heu, pourquoi doit-il garder le bandage du front et du nez ? Je crois que la première opération est assez réussie pour libérer ses deux parties du visage. Nazim ouvre grands les yeux et jette un regard suppliant au médecin. Ce dernier comprend le message et pose une main rassurante sur son bras :
- Non, Nedjma, tout comme pour toi, je préfère terminer totalement mon œuvre. En chirurgie esthétique, on ne peut pas apprécier un “résultat partiel”. Tout comme pour l’œuvre d’un artiste peintre, on ne peut apprécier le tableau que lorsqu’il est entièrement achevé.
Nedjma hoche la tête :
- Bien. Donc Nazim prendra son mal en patience et moi aussi.
Le Dr Lyès lui pince la joue :
- Je crois que tu es bien plus impatiente que lui.
Il contemple un moment la cicatrice sur sa joue gauche et passe un doigt dessus :
- Les cellules mortes ne tarderont pas à disparaître. La joue regonfle de l’intérieur. Dans quelques jours, tu n’auras plus qu’une fine trace qui finira par disparaître complètement avec le temps.
Il se tut et repasse son doigt sur la cicatrice avant de poursuivre :
- Tu redeviens la jolie femme que tu étais. Je ne me suis pas trompé. Tu es d’une beauté à couper le souffle, Nedjma.
 

(À SUIVRE)
Y. H.

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