Des Gens et des Faits 52e partie

Les flammes de la passion

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Yasmina HANANE Publié 05 Mars 2021 à 19:11

Résumé : Nazim subit une seconde et délicate opération. Cette fois-ci aussi, le Dr Lyès s’est avéré être un as dans son domaine. Des parties de peau ont été prélevées sur le corps du jeune homme et adhèrent sans difficulté aux endroits où il les a implantées. À son réveil, Nazim est un peu sonné, mais Nedjma est à ses côtés. Le Dr Lyès les rejoint et trouve que la jeune femme avait embelli.    

La jeune femme sourit :
- Tu ne disais pas cela lors de mon admission dans cette clinique.
- Je ne pouvais pas mentir. D’ailleurs, même si j’avais osé, tu ne m’aurais pas cru, puisque je ne connaissais même pas ton visage. Il y avait tellement de sutures dessus qu’on aurait pu facilement lire une carte géographique.
Elle éclate de rire :
- C’est donc cela ! Moi qui croyais qu’un chirurgien tel que vous ne prenait pas en considération tous ces aspects physiques.
- Et comment ! Je suis justement là pour réparer le physique et remonter le moral.
Il rit :
- Tout comme Nazim, tu as bien répondu à mon scalpel. Je n’en suis que plus heureux.
Il sort, non sans avoir fait un signe à Nazim qui avait suivi silencieusement toute la conversation. 
Une infirmière vient changer le flacon de sérum. Nedjma se tient un moment à l’écart, mais remarque une agitation inaccoutumée chez le jeune homme.
Elle revient à son chevet et tente de le rassurer :
- Je sais que la douleur se réveille. Un mauvais moment à passer encore et dans quelques heures tu pourras respirer.
Nazim referme les yeux. Il ne savait pas s’il pouvait ressentir encore de l’amour pour une femme, mais son cœur s’était serré lorsque le Dr Lyès faisait des éloges sur la beauté de Nedjma. Il lui semble même qu’il courtisait la jeune femme. Cette dernière aurait pourtant pu être sa fille !
Il se rappelle que le médecin était veuf depuis plusieurs années et que lui-même lui avait reproché sa solitude trop lassante et même trop palpable.
Il se surprend à le haïr. Oh ! Pas ce terme ! Non. Pas ce terme. Ce médecin lui a redonné l’espoir de reprendre un jour sa vie normale. 
Il se traite d’ingrat et d’imbécile. Nedjma ne ressent rien pour lui. Alors pourquoi se torture-t-il ainsi ?
- Hé ! Tu es là ?
Il revient sur terre et constate que Nedjma plaçait des fleurs dans un vase à son chevet :
- Je les ai cueillies pour toi. Elles sentent très bon. Elles vont embaumer ta chambre.  
Il fait rouler ses yeux pour approuver et se surprend encore une fois à regarder Nedjma.
Pourquoi lui paraît-elle encore plus belle que lors de leur première 
rencontre ?
Nedjma a pris un peu de poids et des fossettes s’étaient creusées sur ses deux joues. Son visage rayonne et son teint rose renseigne sur sa plénitude intérieure. Enfin, cette femme fait le deuil de la souffrance. Elle semble avoir enterré les mauvais jours à jamais.
Qui était donc à l’origine de sa métamorphose ?
Ses idées s’assombrissent. Elle a sûrement un penchant pour le Dr Lyès. À l’instar de toutes ses patientes, Nedjma doit nourrir secrètement  un profond sentiment pour lui. Voilà ce qui explique son bonheur !
- Tu veux que je te laisse te reposer, Nazim ?
Sa voix cristalline vient caresser ses oreilles. Il tend la main et serre la 
sienne.
- Je sais. Tu veux me garder auprès de toi. Ne t’inquiète pas. Je serai là à ton réveil. Je veux que tu sois plus en forme. Nous pourrions alors discuter sans interruption (elle rit). Ma parole, je deviens un véritable moulin ces derniers temps. Je ne cesse pas de parler.
Elle se lève et, dans un geste compatissant,  dépose une bise sur son front :
- Repose-toi. Je repasserai dans une petite heure.  
Deux jours passent. Nazim a repris assez de force pour pouvoir s’asseoir, se lever et discuter. Certes, les sutures autour de ses lèvres l’empêchent de parler correctement, mais il préfère sentir la douleur physique que garder plus longtemps cette douleur morale qu’il découvre brusquement et qui l’encombre.  
Il avait oublié tout ce qu’il avait enduré et tout ce qui l’attend encore avant de retrouver un vrai visage.
Il ne pense plus à son physique amoindri ni aux multiples cicatrices qui tracent encore son corps. Tout cela lui paraît insignifiant devant la nouvelle souffrance qu’il commence à ressentir.

(À SUIVRE)
 Y. H.
[email protected]
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