Des Gens et des Faits 53e partie

Les flammes de la passion

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Yasmina HANANE Publié 06 Mars 2021 à 21:31

RésuméNazim est malheureux. Il a renoué avec la souffrance morale et oublié ses souffrances physiques et tout ce qu’il avait enduré. La vue de Nedjma discutant gaiement avec le Dr Lyès lui a fait ressentir que ce dernier courtisait la jeune femme. S’est-elle entichée de lui comme toutes les patientes qui viennent le consulter ? L’idée de la perdre le rend encore plus malade. 

Nedjma est revenue le voir à maintes reprises et ils ont discuté de choses et d’autres. Elle est une agréable compagne et il a découvert que derrière son visage ferme se cache un  grand cœur. Un cœur qui ne demande qu’à étaler ses sentiments.
L’aime-t-elle ?
Il n’en sait rien. Il a compris qu’il ne lui était pas indifférent, mais ce n’était pas assez. Pas assez en tout cas pour lui pour comprendre la profondeur de son attachement.
On était encore au début de la matinée. Nazim se sent assez en forme pour se lever et arpenter la chambre. Les roses déposées à son chevet dégagent un agréable parfum. Il en prend une et l’approche de son nez. 
Le contact avec ses bandages lui rappelle la triste réalité. Mais il ne se laisse pas aller. 
Il s’approche du lavabo et tente de découvrir ce qui se cache derrière le masque blanc qui encadre son visage.
“C’est comme une chrysalide, lui avait dit malicieusement Nedjma, il ne te sera possible de voir ton visage que lorsque ce dernier aura pris une forme finale.”
Elle s’était mise à rire de son rire contagieux qui, tel un baume, avait atteint les tréfonds de l’âme.
Nazim passe une main sur ses pansements. Il aurait donné cher pour découvrir ne serait-ce qu’un dixième de ce que le Dr Lyès avait réparé. Ce dernier s’était frotté les mains lorsqu’on lui avait changé les bandages au lendemain de son opération. 
Nedjma avait applaudi. Aucun des deux n’avait voulu lui en dire davantage.
Il revient vers son lit et s’y laisse tomber. 
Un splendide soleil brille à l’extérieur. Nazim a envie de sortir pour accueillir la nature naissante. Il se sent encore faible pour se hasarder tout seul dans le jardin et espère que Nedjma ne tardera pas à se pointer.
La veille, elle a passé de longues heures à lui faire la lecture. Elle l’a aidé à avaler quelques cuillerées de soupe, avant de le forcer à prendre une compote de pomme qu’elle avait préparée elle-même à son intention. 
Il avait apprécié son geste, et sa sollicitude lui était allée droit au cœur. 
Pourtant, une ombre passe devant ses yeux, et il sent une tristesse l’envahir. À la fin de sa visite, Nedjma lui avait parlé du Dr Lyès et avait fait ses éloges. Ce dernier était venu la chercher pour la raccompagner.
Bien sûr, ils avaient échangé des amabilités et le médecin l’avait rassuré. Son état n’était plus aussi désespéré qu’il ne le pensait et les prochaines opérations qu’il devrait subir détermineront définitivement les traits du visage. Le Docteur lui avait tapoté l’épaule, en lui demandant de ne plus s’inquiéter.
Pour détendre l’atmosphère, il raconte l’anecdote de la journée et Nedjma s’amuse en l’écoutant narrer les séquences d’une scène entre une femme et son mari. Cette Dernière voulait changer son nez et remodeler les pommettes de ses joues. Mais vu le coût excessivement élevé de l’opération, le mari s’y était opposé, arguant du fait qu’elle était belle ainsi avec son nez en bec d’aigle, ses bas-joues et ses rides. La femme était alors entrée dans une  colère noire et lui avait jeté tout de go que maintenant elle était certaine qu’il entretenait une relation hors mariage avec une jeunette et que l’argent qui devait servir pour les opérations de lifting irait tout bonnement dans la tirelire de la donzelle, ou sera utilisé dans le seul but de satisfaire ses désirs.
Sur ce, elle avait jeté son sac au visage de son mari avant de piquer une crise d’hystérie. Le médecin avait dû user de toute sa patience pour apaiser les esprits. La femme n’avait fini par se calmer que lorsque l’homme a sorti son carnet de chèques.
- Va-t-elle retrouver un semblant de jeunesse ?  avait demandé Nedjma en riant à la fin du récit.
Le Dr Lyès sourit :
- La jeunesse n’est pas toujours dans le physique. Le tout est dans l’esprit. Et d’après la scène de toute à l’heure, notre bonne dame n’est plus de la prime  jeunesse. Elle pourra se “rafistoler” le visage autant de fois qu’elle le voudra, mais ne retrouvera jamais la fraîcheur de ses vingt ans.
- Alors cela ne servira à rien de se faire faire un lifting et de se torturer dans un bloc opératoire.
- Absolument. Chaque âge a son charme. Et à chaque âge on a une nouvelle conception de la vie. Les idées de vingt ans n’ont plus lieu d’être à quarante ou cinquante ans. Tout comme une jeune femme de vingt ans ne pourrait avoir les idées d’une femme d’âge mûr. Tu dois en connaître un bout là-dessus, jeune demoiselle. 
- On me rabâche assez les oreilles avec la formule : si jeunesse savait et si vieillesse pouvait.
- Tout à fait. Cela résume donc en une phrase les aléas de l’âge et de la vie.
Nazim avait suivi en silence cette conversation. Il ne pouvait pas parler et n’en avait pas envie. Il regarde Nedjma qui riait en discutant avec le Dr Lyès. Ce dernier semblait heureux lorsqu’elle lui annonça que son orthopédiste lui avait confirmé que dans quelques mois on va lui retirera la broche de son tibia et qu’après quelques séances de rééducation elle finira par retrouver sa vitalité et remarcher comme avant, c’est-à-dire sans boiter.
Nazim avait hoché la tête pour marquer sa satisfaction. Le Dr Lyès par contre avait entouré les épaules de la jeune femme en l’entraînant à l’extérieur de la chambre.
 

(À SUIVRE)
Y. H.

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