Résumé : Nedjma est déconcertée, mais Nazim continue sur sa lancée et lui avoue qu’il est tombé amoureux d’elle au premier regard. La jeune femme ne semble pas indifférente à ses sentiments, mais préfère attendre encore. Nazim craint un refus de sa part à cause de son physique. Elle le rassure. Elle-même ne doit son physique actuel qu’au Dr Lyès.
Elle rit. - Alors, il fera sûrement la même chose sur toi. Tu seras non seulement beau, mais tu auras le moyen le plus sûr de rendre une femme malheureuse.
- À ce que j’ai compris, tu ne pourras m’aimer que lorsque j’aurai atteint la perfection physique.
Elle se tut et le fixe dans les yeux, avant de lancer :
- Nazim, tu sais très bien que les sentiments ne se commandent pas. Tu n’es pas né de la dernière pluie pour savoir aussi que ce n’est pas uniquement le physique qui peut plaire chez un humain.
Elle le tire par le bras et le fait asseoir sur son lit avant de prendre place à ses côtés.
- Je t’apprécie beaucoup, Nazim. Certes, je n’ai pas connu le bel homme que tu étais, mais j’ai eu plutôt à découvrir le véritable Nazim, celui qui se cache en toi. Et c’est celui-là qui m’intéresse. Un homme trop beau devient orgueilleux, égoïste et arrogant. Ne dit-on pas que la beauté ne se mange pas en salade ?
Nazim lui prend la main.
- Si je comprends bien, tu n’es pas indifférente à ma proposition.
- À tes sentiments, tu veux dire.
- Oui, à mes sentiments. J’aimerais que tu partages mes sentiments, Nedjma. Oublions le passé et reprenons nos vies à zéro.
Elle sourit.
- J’aimerais bien, figure-toi, mais il n’est point facile de tirer un simple trait sur une situation aussi désastreuse que la mienne ou la tienne. Nos blessures saignent encore. Je crois que nous devrions nous donner un peu de temps avant de penser à nous lancer dans une autre aventure. Cette fois-ci aucun échec ne sera permis et la moindre petite erreur nous sera fatale.
Nazim garde le silence un moment avant de répondre.
- Je vais plutôt vite en besogne, je le reconnais, mais je pensais que…
Elle lève la main d’un air suppliant :
- J’ai compris. Tu voulais prendre le taureau par les cornes depuis que tu as soupçonné une éventuelle relation avec le Dr Lyès.
- Tu as tout compris.
- Je comprends fort bien ta réaction, mais je préfère te dire tout de suite que rien ne pourra se décider avant que nous soyons tous les deux sortis des sentiers battus.
- Tu as raison, Nedjma. Tu es bien plus sensée que moi.
- Mais non, petit nigaud, je suis juste plus pragmatique peut-être. Je vais me faire opérer pour récupérer ma jambe et ne plus boiter, et toi tu vas poursuivre ton séjour dans cette clinique pour retrouver ton visage. Après seulement nous pourrions reparler de toute cette histoire.
- Mais tu continueras à venir me rendre visite, Nedjma, n’est-ce pas ?
Sa voix est nouée tant il a peur que la jeune femme ne lui tourne le dos.
Elle tente de lui pincer la joue, mais ne peut que toucher les bandages.
- Bien entendu. Essaye donc de m’en empêcher.
- Et le Dr Lyès dans tout ça ?
- Quoi le Dr Lyès ?
- Ne va-t-il pas te courtiser davantage et te gagner avant moi ?
Elle fronce les sourcils.
- Mais qu’est-ce qui t’amène à penser à de telles choses ? Ne suis-je donc qu’un objet à gagner dans une loterie ?
- Je… Je suis désolé. Je voulais juste m’assurer…
- T’assurer de quoi ? Qu’il ne va pas me proposer le mariage ? Que je ne vais pas sauter à son cou ?
Elle soupire.
- Tu me prends donc pour une petite effrontée, Nazim. Je pensais que tu avais une meilleure opinion de moi.
Confus, Nazim balbutie.
- Pardon, ma chère amie. Pardon. Je ne suis qu’un imbécile qui ne comprend rien aux sentiments des autres. Je t’ai touchée dans ton amour-propre, Nedjma. Je m’en veux à mort.
(À SUIVRE)
Y. H.
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