Des Gens et des Faits 3e partie

MERIEM

  • Placeholder

Yasmina HANANE Publié 18 Juin 2021 à 20:07

Résumé : Amar impose l’autorité sur ses terres et les biens de ses ancêtres. Ses oncles sont déroutés. Va-t-il les déposséder de tout ce qu’ils avaient ? Il demande pour cela l’appui de la djemâa. Aïssa le sage s’en veut à mort de n’avoir rien pu faire pour lui à la mort de ses parents.

Amar met une main apaisante sur l’épaule du vieil homme :
- Je ne t’en veux nullement, Ammi Aïssa. Que pouvais-tu faire contre cette bande de rapaces qui sont mes propres oncles ? Ils pensaient que je n’allais plus revenir au village. Ils savaient aussi que je travaillais dans une ferme voisine. Mais personne ne s’est inquiété pour moi. On espérait plutôt me voir mourir de faim ou de froid afin de se débarrasser de mon fardeau une fois pour toutes. Mais Dieu en avait décidé autrement. Il est vrai que je n’ai dû mon salut qu’à mon courage et à mon abnégation. J’ai souffert du froid et de la faim, mais j’ai résisté. Cela fait des années que je n’ai pas remis les pieds dans ce village. Aujourd’hui, je veux récupérer mon dû. 
Mes oncles ne vont pas lâcher prise aussi facilement qu’ils le prétendent, mais je suis prêt à affronter tous les défis.
Aïssa sourit et lui tapote le bras.
- Tu es bien le fils de ton père. Je vais voir ce que je pourrai faire pour toi, mon fils. Il est peut-être urgent de réunir les membres de la djemâa  pour trancher dans cette affaire. Je te promets une chose, Amar : tes biens te reviendront.
Amar embrasse le front du vieil homme.
- Avec l’aide de Dieu et de ton poids au sein de la djemâa, je sens que je vais gagner la partie.
Il allait prendre congé, lorsque Aïssa le retint.
- Où vas-tu passer la nuit, mon fils ?
Amar hausse les épaules.
- Quelque part dans la nature. Les nuits sont douces, je pourrai dormir sous un olivier.
- Tu n’y penses pas, jeune homme. Nous sommes peut-être pauvres, mais nous autres paysans savons être généreux lorsque cela s’avère nécessaire. Allez, suis-moi, je t’offre le gîte et le couvert pour ce soir.
Amar hésite, mais le vieil homme insiste.
- Tu ne vas tout de même pas refuser mon hospitalité ? Cela m’offenserait au plus haut point.
Ne pouvant se dérober, Amar suit le vieux Aïssa, qui se dirigeait tout bonnement vers sa maison. Tassadit, l’épouse de ce dernier, ouvrit de grands yeux en reconnaissant le jeune homme.
- Amar ? C’est bien toi, Amar ?
- Oui, Na Tassadit.
Il s’approche d’elle et lui embrasse les mains et le front, selon la coutume ancestrale. Elle passe une main caressante sur son visage et ses cheveux.
- Oh ! Mon fils. Qui aurait cru que tu allais revenir un jour ? Lorsque nous avons appris que tu avais quitté le village, nous nous en sommes voulus à mort, moi et Aïssa. Tu aurais pu venir chez nous.
Elle se mordit les lèvres, avant de poursuivre :
- Il est vrai que nous ne t’avons pas fait la proposition, car nous appréhendions la réaction de tes oncles.
Amar ébauche un sourire.
- Le passé est mort, Na Tassadit. Maintenant je suis là, et je compte remettre de l’ordre dans les affaires de la famille. 
- Que Dieu te bénisse, mon fils. Approche donc et installe-toi près du feu, je vais servir le café.
Amar se laisse tomber sur une natte auprès de Aïssa, qui sortit une boîte à chique pour en extraire une pincée.
- Tu chiques ? demande-t-il à Amar en lui tendant la boîte.
Le jeune homme repousse sa main.
- Non, Ammi Aïssa. Je n’aime pas le tabac, encore moins le tabac à chiquer.
Aïssa essuit ses mains à son burnous.
- C’est bien, mon fils. On dit que le tabac est néfaste pour la santé. Hélas ! Je ne peux pas me passer de ma pincée de chique.
Tassadit vint servir le café et découpe de grandes tranches de galettes, puis dépose une motte de beurre frais et pousse la sucrière vers Amar.
- Tu dois avoir faim, mon fils. Mets donc du sucre dans ton café et fais honneur à ma galette.

 


 À SUIVRE


 [email protected]
Vos réactions et vos témoignages sont les bienvenus.

  • Editorial Un air de "LIBERTÉ" s’en va

    Aujourd’hui, vous avez entre les mains le numéro 9050 de votre quotidien Liberté. C’est, malheureusement, le dernier. Après trente ans, Liberté disparaît du paysage médiatique algérien. Des milliers de foyers en seront privés, ainsi que les institutions dont les responsables avouent commencer la lecture par notre titre pour une simple raison ; c’est qu’il est différent des autres.

    • Placeholder

    Abrous OUTOUDERT Publié 14 Avril 2022 à 12:00

  • Chroniques DROIT DE REGARD Trajectoire d’un chroniqueur en… Liberté

    Pour cette édition de clôture, il m’a été demandé de revenir sur ma carrière de chroniqueur dans ce quotidien.

    • Placeholder

    Mustapha HAMMOUCHE Publié 14 Avril 2022 à 12:00