Des Gens et des Faits 10e partie

MERIEM

  • Placeholder

Yasmina HANANE Publié 26 Juin 2021 à 21:04

Résumé : Aïssa divorce de sa seconde femme et part à la recherche de Tassadit. Il sillonne plusieurs villages avant de la retrouver et lui demander de l’épouser. Trop émue pour lui répondre, Tassadit garde le silence, mais son regard renseigne sur ses émotions. Aïssa poursuit. 

Je me rendis compte soudain que je ne savais rien sur elle ni sur sa vie. D’emblée, je lui avais proposé le mariage, sans pour autant lui demander si elle ne s’était pas déjà unie sa vie à quelqu’un d’autre. Tassadit s’essuya les yeux et se moucha avant de reprendre sa cruche d’eau. Elle s’apprêtait à me quitter. Je la retins par le bras. 
- Ne pars pas encore. Je dois tout savoir sur toi. Mes intentions sont des plus nobles. Es-tu mariée ?
Elle releva sa tête et me toisa. 
- Non, Aïssa. Je ne suis pas mariée, mais c’est tout comme. 
- Tout comme ? Que veux-tu dire Tassadit ?
Elle lança un regard alentour pour s’assurer que personne ne nous avait vus et reprit. 
- Je ne suis pas mariée mais je m’occupe d’une femme malade dont le mari travaille en France. Elle vient d’avoir une petite fille et attend un autre enfant. Je ne peux pas la quitter. Même pour t’épouser, poursuivit-elle après une seconde d’hésitation.
- Mais c’est insensé. Tu ne vas pas travailler ta vie durant chez des gens et brader ton avenir.
Elle haussa les épaules. 
- Je n’ai pas choisi mon destin. 
Je demeurai interdit un moment. J’avais passé des jours et des semaines à sillonner les villages pour la retrouver. Elle était enfin là devant moi. Pourtant elle demeurait hors de ma portée. - Tu ne vas pas demeurer éternellement dans cette famille. 
Elle soupira. 
- Cette famille m’a hébergée et m’a offert la sécurité, alors que j’avais tapé à toutes les portes dans tous les villages que j’ai traversés, sans trouver d’écho. C’est chez ces gens que j’ai retrouvé ma sérénité. Même si je travaille comme un forçat de l’aube au crépuscule, je ne le regrette pas, car je sais que le soir, un dîner compensera mes peines, et un lit me permettra de me reposer. Les temps sont rudes, personne d’autre ne m’offrira une telle hospitalité.
- Pourtant, nous te l’avons offerte chez nous. 
Elle me lança un regard plein de regrets. 
- Je le reconnais. Mais on a fini par me mettre à la porte sans que j’en connaisse les véritables raisons. Ou bien si. Ta mère m’avait accusée d’avoir détruit la vie d’un couple innocent. Il s’agissait sûrement de toi et de ta première femme. Je n’ai pourtant rien fait pour provoquer votre séparation. 
- Non. Tu n’as rien fait, Tassadit. Ma mère est folle. L’âge et la rudesse de l’existence ont fait d’elle un être acariâtre. Et puis il y avait ce divorce. Elle craignait tant que je ne meure sans avoir de descendance. 
Je repensai à Ounissa qui avait tant souffert elle aussi. 
- Pourtant, même après de longues années passées auprès de ma deuxième femme Ounissa, je n’ai pu avoir des enfants. 
Ce qui suppose que je suis le seul coupable. C’est moi le stérile dans cette affaire. 
- Chut ! Ne dis pas cela, Aïssa. N’attire pas les mauvais génies. Tu ne peux pas être stérile. Personne ne l’est dans ta famille.
- Hélas ! C’est pourtant le cas. Soyons logiques. J’ai épousé deux femmes. Aucune d’elles n’a pu me donner un héritier. 
- Peut-être que c’est juste une question de temps.
- Espérons-le. Et maintenant, veux-tu m’épouser ou pas ?
Comprenant enfin que je ne plaisantais pas, elle me lança d’une voix entrecoupée. 
- Je ne sais pas encore. Pourquoi veux-tu m’épouser, moi une orpheline, qui n’a plus aucune racine ?
- D’abord pour laver l’affront que ma mère t’a fait. Et puis... 
Je pousse un long soupir. 
- Et puis, Tassadit, tu es très belle. Bien plus belle que toutes les femmes du village. Tu veux que je te dise ? J’ai toujours eu un faible pour toi. Peut-être que ma mère n’avait pas tout à fait tort de penser que j’étais amoureux de toi. Moi-même d’ailleurs, je ne voulais pas me l’avouer. Mais c’est bien plus fort que je ne le pense. Je n’arrive plus à dominer mes sentiments pour toi. J’ai juré alors de te retrouver et de faire de toi ma femme légitime. 

À SUIVRE

[email protected]
VOS RÉACTIONS ET VOS TÉMOIGNAGES SONT LES BIENVENUS

 

  • Editorial Un air de "LIBERTÉ" s’en va

    Aujourd’hui, vous avez entre les mains le numéro 9050 de votre quotidien Liberté. C’est, malheureusement, le dernier. Après trente ans, Liberté disparaît du paysage médiatique algérien. Des milliers de foyers en seront privés, ainsi que les institutions dont les responsables avouent commencer la lecture par notre titre pour une simple raison ; c’est qu’il est différent des autres.

    • Placeholder

    Abrous OUTOUDERT Publié 14 Avril 2022 à 12:00

  • Chroniques DROIT DE REGARD Trajectoire d’un chroniqueur en… Liberté

    Pour cette édition de clôture, il m’a été demandé de revenir sur ma carrière de chroniqueur dans ce quotidien.

    • Placeholder

    Mustapha HAMMOUCHE Publié 14 Avril 2022 à 12:00