Des Gens et des Faits 11e partie

MERIEM

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Yasmina HANANE Publié 27 Juin 2021 à 22:47

Résumé : Aïssa apprend que Tassadit travaille chez une famille qu’elle ne pouvait quitter, même pour l’épouser. Elle se rappellera toujours de la manière dont elle avait été chassée de leur maison. Aïssa tente de se justifier. Après tout, c’était lui le stérile et le coupable.

La nuit était tombée depuis un temps déjà. Au loin, on entendait les aboiements des chiens, et un hibou poussa un cri lugubre. Tassadit sursauta. 
- Il faut que je rentre, sinon on va penser que je me suis perdue ou que quelqu’un s’est attaqué à moi.
- Et ta réponse ?
- Tu l’auras demain. Je vais devoir poser quelques conditions. 
- Demain ? Où pourra-t-on se rencontrer ?
Elle réfléchit rapidement. 
- Vers la mi-journée, je sortirai pour chercher du bois. Nous pourrions nous rencontrer sur le chemin de la rivière. À cette heure-là, il est rare de rencontrer quelqu’un dans cet endroit.
Elle me planta là et contourna la maison pour rentrer en refermant la porte avec grand fracas derrière elle.
Je passai la nuit dans une grange. Ma patience venait d’être mise à rude épreuve. J’attendais le matin sans pouvoir fermer les yeux une seule seconde. Tassadit ne refusait pas ma demande, mais elle avait dit qu’elle allait poser des conditions. De quoi voulait-elle donc parler ?
Au fur et à mesure que les heures s’égrenaient, je devenais fébrile. Cette jeune femme m’intriguait. Elle était simple, mais possédait un caractère de fer.
Je quittai la grange au petit matin. Ne tenant plus en place, je fis un tour au marché du village et achetai un coupon de tissus et quelques bricoles que je voulais offrir à ma dulcinée.
Elle arriva à l’heure à l’endroit indiqué. Tout comme la veille, elle portait une cruche. Mais cette fois-ci, je pouvais la contempler à ma guise à la lumière du jour. Tassadit me parut encore plus belle. Elle avait pris quelques kilos, et les rondeurs de son corps ne passaient pas inaperçues. À n’en pas douter, elle devait avoir un tas de soupirants. En me voyant, elle rougit et s’approcha de moi. Je tentai alors d’engager rapidement une conversation. 
- Bonjour Tassadit. Tu vois comme je suis à l’heure pour notre rendez-vous ?
Elle hocha la tête. 
- Oui. Et tu avais intérêt, car c’est la seule fois où tu pourras me voir seule. Je n’aimerais pas susciter des racontars malveillants à mon égard, surtout que tu es étranger au village.
- Alors faisons vite. As-tu réfléchi à ma proposition ? 
- Oui. Je ne pourrais refuser l’opportunité de fonder un foyer avec un homme tel que toi. Seulement... 
- Seulement ?
- Voilà. Il faut que tu saches que je suis énormément redevable à mes bienfaiteurs, et je ne peux pas les quitter du jour au lendemain, en laissant une femme enceinte et malade, avec un bébé de moins d’une année sur les bras. 
- Tu veux parler de la famille qui te prend en charge en ce moment ? Ou plutôt que tu prends en charge. 
Elle agita la main. 
- Non. Je ne prends personne en charge, Aïssa. En ai-je d’ailleurs les moyens ? Je dois beaucoup à ces gens au grand cœur qui m’ont évité de mendier mon pain chez autrui. Chez eux, je ne suis pas considérée comme une étrangère. Je mange à ma faim et je suis en sécurité.
- Qui sont-ils ?
- Des gens venus d’un autre village. Hemama et Kaci se sont mariés il y a cinq années. L’homme est issu d’une grande famille, mais la femme n’a pas eu ce privilège. Elle était la fille d’un simple paysan qui gagnait durement sa vie. Lorsque Kaci avait voulu épouser sa fille, il y eut un véritable raz-de-marée au village. Toute sa famille s’y était opposée. 

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