Des Gens et des Faits 76e partie

MERIEM

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Yasmina HANANE Publié 14 Septembre 2021 à 08:58

Résumé : Meriem rentre en France le cœur triste et l’âme en peine. Ses blessures sont encore trop vives, et il lui faudra encore beaucoup de courage pour reprendre le dessus et oublier ce qui lui est arrivé. Et surtout que son père ne la surprenne pas dans ses moments de faiblesse.

Quelques jours passent. Meriem a repris le lycée. Elle s’est replongée corps et âme dans ses études et fait des efforts afin de se concentrer sur ses leçons et préparer ses prochains examens. Elle fait encore des cauchemars la nuit, mais sait maîtriser ses émotions et faire face à ses moments de détresse avec beaucoup de courage et de maturité. 
Lorsqu’elle repense à ce qui lui était arrivé, elle se sent honteuse, et une révolte gronde en elle. Son père avait raison : Houria est la principale cause de tous leurs malheurs depuis qu’il l’avait épousée ! C’est à cause d’elle qu’elle est marquée à jamais dans sa chair et son âme. Comment va-t-elle donc vivre le restant de ses jours avec ce nouveau poids sur la conscience ?
Souvent, lorsque son père se retire dans sa chambre pour plonger dans un sommeil profond, elle verse de longues larmes d’amertume. Sa vie a basculé en quelques minutes. Elle se sent sale et honteuse. Elle ne vit plus. Dans la rue, elle a l’impression que les gens la déshabillent du regard. Elle est la pécheresse ! Pourra-t-elle se débarrasser de ce sentiment de culpabilité qui ne la quitte plus ? Ce sera un vrai miracle si un jour elle arrive à surmonter cette dure épreuve.
Un mois passe. Entre le lycée, les courses, le ménage et la cuisine, Meriem n’a plus un moment à elle. Et c’est tant mieux ! Avec un programme aussi chargé, elle oublie ses malheurs et reprend courage. Parfois son père la sermonne pour cet emploi de temps infernal auquel elle se soumet. Il trouve qu’elle travaille trop et ne se permet même pas une sortie entre amies. Pourquoi ne va-t-elle donc plus au cinéma ou au théâtre ? C’est curieux tout de même pour une fille de son âge qui, il n’y a pas longtemps, lui demande de l’accompagner pour une soirée à l’opéra ou une représentation théâtrale. Il tente de lui en parler, mais elle argumente ce brusque désintérêt par les examens scolaires qui approchent à grands pas. D’ailleurs, elle se sent de plus en plus lasse et fatiguée ces derniers temps et préfère rester au chaud à la maison et dormir aussi longtemps que cela lui est possible. Elle s’étonne souvent de ces somnolences qui s’emparent d’elle dès qu’elle rentre à la maison, et parfois même dans la journée ! Elle n’est pas une adepte des grasses matinées ni des longues nuits de sommeil et ne pense à se mettre au lit qu’une fois la vaisselle faite et ses devoirs scolaires terminés. Elle souffre aussi de vertiges matinaux et de nausées et met cet état sur le compte du surmenage et du stress dont elle souffre ces derniers temps. Cependant, cela dure. La jeune fille n’arrive plus à réprimer ses envies de vomir et s’esquive dans la salle de bains pour rejeter le contenu de son estomac. Amar part très tôt au travail et n’assiste pas à ses malaises. Mais il a remarqué son amaigrissement subit et lui a intimé l’ordre de se faire ausculter par un médecin. Peut-être souffre-t-elle d’autre chose de plus grave qu’un surmenage ? Meriem hésite, mais voyant que ses “crises matinales” ne s’estompaient pas, elle décide de se rendre chez un toubib.
L’infirmière l’introduit dans une salle de consultation qui semble sortir d’une revue médicale. Meriem regarde autour d’elle et remarque la belle bibliothèque où sont alignés des livres de médecine et quelques tableaux représentant le parcours de la plus vieille science du monde. La science du corps ! Comme pour le confirmer davantage, le serment d’Hippocrate, repris sur un parchemin, est accroché non loin de là. Meriem prend place sur une chaise devant le bureau et attend la venue du médecin qui ne devrait pas être très loin. Quelques minutes passent. Elle commence à s’impatienter lorsqu’un homme ouvre la porte et lui sourit :
- Excusez-moi, jeune demoiselle, mais j’étais un peu pris par une patiente difficile, qui souffre de la phobie des “piqûres” ! Vous comprenez qu’il fallait que ce soit moi qui lui administre son injection puisque l’infirmière n’arrivait pas à la maîtriser.
Il se lave les mains dans un petit lavabo derrière la porte et revient vers elle.
- Alors, que puis-je faire pour vous ? Vous souffrez de quelque chose ?

 

 


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