Des Gens et des Faits 83e partie

MERIEM

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Yasmina HANANE Publié 21 Septembre 2021 à 18:56

Résumé : Les résultats des analyses confirment l’état de Meriem. Elle est bel et bien enceinte. Le médecin insiste pour qu’elle avorte, mais elle refuse. Elle voudrait garder le bébé. Cependant, elle sait que les jours qui vont suivre ne seront pas de tout repos. D’ailleurs, elle dépérit à vue d’œil.

Son père lui rappelle encore une fois qu’elle travaille trop. Mais elle le rassure, en lui disant qu’une fois les examens terminés, elle prendra des vacances et partira au bled. Il ne trouve alors rien à redire, sauf que parfois il l’empêche de cuisiner ou de faire la vaisselle le soir, et lui suggère d’aller se reposer dans sa chambre.
La jeune fille se jette alors sur ses oreillers pour pleurer toutes les larmes de son corps. Elle a échafaudé un plan et compte le mener jusqu’au bout.
Deux mois passent. Son ventre commence à s’arrondir. Elle doit porter des vêtements plus amples pour cacher son état et continuer à se rendre au lycée, sans attirer les regards. Avec beaucoup de courage et de volonté, elle passe ses examens et, sans plus attendre, prend l’avion pour se rendre au bled. Maintenant, elle voyage seule et n’a plus besoin de chaperon pour l’accompagner. Elle connaît son itinéraire et n’a aucun mal à arriver au village en prenant le bus dès son arrivée à l’aéroport. Elle fait une escale en ville, puis reprend un autre bus pour monter au village. Sa belle-mère, qui ne l’attendait pas de sitôt, fronce les sourcils à sa vue. Mais Taos, qui était là, la devance pour l’embrasser et lancer d’une voix joyeuse :
- Meriem ? Tu es de retour ? Quelle bonne surprise. Rentre donc. Ne reste pas plantée sur le seuil de la maison.
Houria allait faire un commentaire, mais se retient à la vue d’Aïssa qui accourt sur ses petites jambes pour se jeter dans les bras de sa sœur. Meriem le serre contre elle et éclate en sanglots. Houria s’écrie :
- Te voilà encore ici pour attirer la poisse sur  nous. Pourquoi donc pleures-tu ? Tu crains qu’on ne te dévore ?
Taos, qui n’avait  pas cessé de dévisager la jeune fille, comprend aussitôt que Meriem a des ennuis. D’ailleurs, sa maigreur est frappante et son teint pâle n’augure rien de bon. 
Elle s’approche d’elle et lui entoure les épaules.
- Tu dois être fatiguée par le voyage, ma fille. Allez, viens. J’ai préparé un potage et des légumes en sauce. Tu feras honneur à mon dîner, puis tu iras te reposer dans ta chambre.
Elle l’entraîne dans la cuisine, Aïssa sur ses pas, et la fait asseoir devant la grande table en bois.
- Comment cela va-t-il en France ? Ton père ne compte-t-il pas venir pour les vacances ?
Meriem hoche timidement la tête.
- Si. Il viendra peut-être dans un mois. Je…Comme j’ai terminé mes examens, j’ai préféré le précéder. 
- Tu as bien fait. Tu te serais sûrement ennuyée à mourir en attendant les résultats de tes examens. Heu... J’espère que tu décrocheras ton bac. Ton père en sera très fier.
- Heu… Je l’espère, moi aussi. J’ai bien travaillé. 
- C’est évident. Tu as dû passer de longues nuits blanches penchée sur tes livres. Il n’y a qu’à voir ton air fatigué et les cernes sous tes yeux.
Meriem garde le silence. Elle passe une main caressante sur la tête de son petit frère et laisse encore couler ses larmes. Taos dépose devant elle un potage fumant et lance :
- Allons. Pourquoi pleures-tu ? Je suis certaine que tu vas récolter le fruit de ton labeur. Ne sois pas pessimiste, ma chérie. Allez, goûte un peu à ce potage, il est délicieux. Demain, lorsque tu te sentiras un peu mieux, tu me raconteras en détail ce qui te chagrine tant.
Meriem déglutit. Taos est la seule femme à qui elle pourra se confier. Elle lève ses yeux larmoyants vers elle et tente de dire quelque chose, mais les mots refusent de sortir de sa bouche. Elle prend une cuillère et tente d’avaler son potage chaud. Une nausée lui soulève le cœur. Elle repousse son assiette et court se soulager.
Taos la suit des yeux. Aïssa pleure. Il tente d’attirer l’attention de sa grande sœur sur lui, mais cette dernière l’a plutôt ignoré. Houria accourt  et le prend dans ses bras.
- Que se passe-t-il ? Pourquoi pleure-t-il ? demande-t-elle à Taos. Et… où est donc passée cette écervelée qui vient d’atterrir chez nous à la tombée du jour, sans tambour ni fanfare ?
Taos soupire.
- Houria, tu ne changeras jamais. Meriem n’a pas besoin de nous avertir pour venir chez elle. Elle est allée s’asperger le visage dans la salle de bains, et c’est pour cela qu’Aïssa pleure. Il doit penser qu’elle l’a abandonné.
- Hum… Il est trop jeune pour comprendre le comportement de cette vaurienne.
 

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